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30 décembre 2015 3 30 /12 /décembre /2015 18:59

CR de la sortie à BSA, Goul de la Tannerie, vendredi 13 novembre 2015

Participants : Stéphane Simonet, Philippe Moya

La vasque de la Tannerie, débordant vers le lavoir. c'est un décor de film d'aventure, on pourrait entendre claquer le fouet d'Indiana Jones.    Photo Jérôme Meynié.

La vasque de la Tannerie, débordant vers le lavoir. c'est un décor de film d'aventure, on pourrait entendre claquer le fouet d'Indiana Jones. Photo Jérôme Meynié.

Pour ceux qui frémissent à l’idée de croiser un félin couleur d’ébène, ou de passer sous une échelle, aller plonger sous la terre un vendredi 13 peut sembler hasardeux…. Mais pour Philippe et moi, peu perméables au folklore des superstitions, bien que fans des aventures cinglantes de Jason et Jamie Lee Curtis, s’aventurer sous le plafond minéral reste un grand moment d’évasion…. Malgré tout, c’était quand même bien un vendredi 13……

Toutes les images proviennent du site "plongeesout"

Tout avait pourtant bien commencé : le bi 20 était monté par Philippe, mon recycleur posé à côté, les relais et les propulseurs nous attendaient dans la vasque, longés sur la main courante, pour contrer le fort courant de la rivière souterraine. Ce 13 novembre, il fait doux et sous la polaire et le vêtement étanche, il fait même carrément chaud…. Bi 20 sur le dos, Philippe part déjà vers la vasque, tandis que je termine de clamper ma 3 litres de diluant pour le Triton. Je sue, et j’ai hâte de retrouver l’eau du Goul.

Ambiance magique dans la galerie, par Richard Hutler

Ambiance magique dans la galerie, par Richard Hutler

Je m’empare du recycleur quand un juron retentissant, homonymes bien connus associant femme de petite vertu et matière organique malodorante, claque à mes oreilles pourtant cagoulées…. L’ami Philippe, alors qu’il enjambait la vasque a vu la sangle de son baudrier de lest casser net, usée par tant d’explorations sous la terre…. Les plombs, bien entendu, s’en sont allés, de ci de là…… Impossible de plonger comme ça, il faut tout décapeler, récupérer un morceau de sangle dans la remorque et les plombs baladeurs pour reconstituer un semblant de ceinture…. Et il fait chaud…..

Vendredi 13.

à 120 m de l'entrée une étroiture se présente, dernier verou avant la grande galerie. Photo Yves Billaud

à 120 m de l'entrée une étroiture se présente, dernier verou avant la grande galerie. Photo Yves Billaud

Très vite le bricolage est réalisé et nous nous retrouvons dans l’eau, Bi 20 sur le dos et Apollo sur le ventre pour Philippe, recycleur en abdominal, relais latéraux et Bonex clampé pour ma part. Je m’agace à finaliser le bon placement d’un flexible là et la bonne position du dévidoir ici, et Phil passe devant, tracté par l’Apollo…..qui renoncera au bout de quelques mètres : le pas de l’hélice, en petite vitesse, ne peut gagner face au courant. L’écrou permettant de faire varier le pas, bloqué, finit de convaincre mon binôme d’abandonner sa mobylette subaquatique….

Vendredi 13.

la voici franchie, ça racle et ça cogne mais ça passe...toujours.... Photo Arne Haudalic

la voici franchie, ça racle et ça cogne mais ça passe...toujours.... Photo Arne Haudalic

De mon côté, le Bonex avance comme un avion et je progresse plutôt bien, malgré les étroitures des premiers 120 m. Et je réalise assez vite que j’ai oublié le phare Bersub et sa Gopro dans la remorque, et que la mienne, sur le casque, n’a pas été allumée…….pas d’image donc. Celles qui illustre ce CR provienne du site « plongeesout » http://www.plongeesout.com/ histoire d’illustrer à minima cet article…..

Vendredi 13.

Sur le chemin on trouve 2 forages violant la roche. un voici un, photographié par Franck Vasseur

Sur le chemin on trouve 2 forages violant la roche. un voici un, photographié par Franck Vasseur

nous voilà à 690 m de l'entrée, sur la lèvre du puits.   Photo Franck Vasseur

nous voilà à 690 m de l'entrée, sur la lèvre du puits. Photo Franck Vasseur

Je poursuis donc, passe l’étroiture du canyon à 120 m, fonce vers l’amont tracté par ma torpille, malgré une visibilité plutôt faible par rapport à d’habitude : il semble qu’une pellicule argileuse se soit mise en place, aussi bien au Pont qu’à la Tannerie, opacifiant les eaux si claires d’habitude…. Quel jour sommes nous, déjà ?

Je rattrape Philippe, qui a bien avancé dans la galerie. Nous partageons le loco pour un temps, l’un accroché aux palmes de l’autre et nous atteignons le puits, à 700 m de l’entrée. Je dépose le Bonex sur le fil, et nous abordons notre chute au ralenti préférée. Vers – 20 m, Phil m’annonce qu’il fait demi-tour, je décide de poursuivre encore un peu. Vers – 22 m, je perçois un glouglou dans la boucle… Glouglou dans un recycleur, ce n’est pas très bon. Je fais demi-tour, et commence à remonter. Très vite, j’ai du mal à expirer dans l’embout : l’air fuse en dehors de l’embout…. Je suspecte une fuite sur ce dernier, mais il n’en n’est rien. L’expertise démontrera plus tard un trou minuscule dans le faux poumon inspiratoire, remplissant la machine et transformant ma chaux en cake compact….

dans le puits à - 22 m, où je ferai demi tour, l'eau dans la machine colmatant peu à peu la chaux.      photo Franck Vasseur

dans le puits à - 22 m, où je ferai demi tour, l'eau dans la machine colmatant peu à peu la chaux. photo Franck Vasseur

Vendredi 13.

le meilleur moment de la plongée: la chute au ralenti dans le puits calcaire.   photo Franck Vasseur

le meilleur moment de la plongée: la chute au ralenti dans le puits calcaire. photo Franck Vasseur

Je rentre tant bien que mal, tracté par le bonex, obligé d’injecter du diluant en permanence pour compenser la perte de gaz quasi permanente. La stabilisation s’en ressent, le retour est chaotique, la visibilité s’est dégradée et j’ai hâte de sortir…. Je retrouve Philippe dans la vasque, ravi de sa plongée malgré cette visibilité un peu faible. Espérons que la prochaine immersion se fasse dans une eau claire…..

Et tiens, Philippe souhaite vous dire un petit mot:

" Lorsque vous lirez ce compte rendu, certains d'entre vous , peut-être, se diront, voilà une balade sympa à faire. Oui, oui, oui..... 1400 mètres de promenade à une profondeur moyenne de 6 mètres, à la louche.

Cela peut sembler sympa en effet. Et çà l'est, on promène tranquillement, changeant de détendeur régulièrement (tient si vous connaissez le pourquoi de cette manoeuvre, n'hésitez pas à le dire).

Steph, m'avait gentiment proposé le loco plongeur du club... mais bon, réglé sur la première vitesse il n'avançait guère plus vite qu' à la palme, alors, je l'ai laissé dès le départ... Il faut dire aussi que les spéléos ont mis au point une technique de traction à la main qui fait avancer plutôt vite, si vous enlevez les palmes et en plus poussez sur les jambes... le record : 22 minutes pour atteindre le puits.

Bref, donc arrivé au puits vous lisez l'étiquette 700m. 700m ! une paille, imaginez seulement que l'ami Murphy soit là bien tranquille, à vous attendre. Et que vous ayez un flexible qui rompe.... c'est arrivé... vous voici avec une belle promenade de retour, et plus qu'une bouteille, pensez aux vilaines idées qui vont vous traverser l'esprit..... pas agréable.

700 mètres, si l'on redresse verticalement cette galerie, se sont deux hauteurs de tour Effel.... pas mal ! Il n'y a pas de profondeur, mais une sacrée longueur a parcourir pour revoir le soleil....

presqu' une heure à l'aller.... contre le courant.... et moins d'une demie heure pour sortir... çà aussi cela fait partie de la sécurité, toujours plonger vers l'amont, jamais le contraire... mais bon, je ne vais pas vous faire un cours de spéléo plongée maintenant..."

ambiance quasi spaciale dans le couloir du goul.     photo Franck Vasseur.

ambiance quasi spaciale dans le couloir du goul. photo Franck Vasseur.

Le soir, le matériel rangé, devant la télévision, nous avons vu le monde basculer une nouvelle fois dans l’absurde. Des fous, au nom d’un dieu qui ne leur demandait rien, ont répandus la mort dans les rue de la capitale. Il y a eu un onze septembre, il y a désormais un 13 novembre….. Maudit calendrier….

C’était un vendredi 13.

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commentaires

L
De bon souvenirs... faut que je retourne voir ...
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