Compte rendu du voyage à Bali, du 17 au 28 avril 2019
Organisatrice : Geneviève Sansoni-Simonet
Participants, adhérents à l'ASSP Plongée : Gilles Froment, Isabelle Froment,
Guillaume Froment, Pascal Meygret, Odile Meygret, Lara Meygret, Stéphane Simonet,
Geneviève Sansoni-Simonet, Roland Bouilhol, Maryline Gueydon
Participants extérieurs : Josette Bouilhol, Laura Arlaud, Eurielle Ferrand,
Marie-Christine Griot, Joëlle Gueguen
Sauf mention contraire, les images sont de Gilles Froment
C'est très loin, à plus de 10 000 km de Paris, que l'ASSP avait choisi de poser ses sacs de
plongées pour ces vacances d'avril. Loin, hors du temps et nos villes bétonnées, nous avons
changé d'univers,volé avec les raies mantas, exploré les restes d'un cargo désormais immobile,
découvert des rizières d'émeraude au pied d'un volcan somnolent,erré dans des marchés
improbables ou déambulé au sein des temples sacrés ou des palais royaux….
Rencontré aussi des balinais aux sourires inamovibles, nous ouvrant les hôtels des Dieux et
nous offrant les mystères de Bali…
La lourde tâche de vous raconter ce voyage me revient, mais comment faire ? Saurais-je trouver
les mots, les bonnes formules… ? Et par où commencer ?
Hé bien simplement par le début,c'est encore et toujours le meilleur choix…..
Welcome to Bali !
Toute aventure commence par un voyage. Le nôtre commença donc ce mardi 16 avril aux gares
ferroviaires d'Aix en Provence, de Lyon Part Dieu ou de l'aéroport St Exupéry. Tout le groupe se
réunissait sur Paris / Roissy Charles de Gaulle pour passer la nuit à l'hôtel et être ainsi sûr de ne
pas rater le taxi aérien qui nous emmènerait au bout du monde.
Geneviève et moi arrivions à la gare de St Exupéry pour attraper le TGV 7832 en direction de Roissy CDG.
Et là, ça commence! Le train 7832, prévu pour 18h17 affiche déjà 1h 40 de retard. Prévenu par
Marie-Christine, je me renseigne auprès d'une hôtesse d'accueil neurasthénique sous Tranxène,
qui me confirme qu'il faut attendre…. Roland, Josette et Laura nous rejoigne vers 17h, le retard
est tombé à une 1h 15. Nous partirons après une longue attente sur le quai vers 19h40.
Les « pardieusards » qui devaient partir après nous se retrouvent donc devant, nous envoyant
quelques SMS moqueurs pour nous distraire. Les derniers seront donc les premiers, c'est une
vieille histoire…
Maryline, partie d'Aix, franchit vainqueur la ligne d'arrivée à Roissy CDG, et se prend un peu
la tête avec la bonne navette à prendre pour rallier l'hôtel. Nous aussi, d'autant qu'à notre arrivée
à 21h 30, nous galérons un peu pour trouver la dite navette…. Le groupe Froment/Meygret nous
dit être devant la navette sur le quai n°1, on y est aussi, et on voit rien…..Un quai, ça a deux
bouts, et bien sûr, on était pas sur le bon…. La navette déboule, s'arrête 100 m plus loin, on
pique un sprint avec sacs et valises et ouf ! On arrive à l'hôtel juste à temps pour dîner avec
Odile et Pascal.
Petite nuit dans une chambre d'hôtel classique mais empestant le tabac froid ( la n°510 ne la
réservez pas !), et réveil à 6h 15 pour attraper la navette qui nous ramène à l'aéroport à 6h50.
Vers 7h 20 arrivée d'Eurielle qui nous rejoint, enregistrement des bagages expédié à 8h 26
( j'aime bien la précision, vous avez remarqué ?) et petits déjeuners dans la zone duty free.
10h 46, passage en douane, où Pascal, tel l'homme qui valait 3 milliards fait sonner les alarmes
du portique, prothèse oblige. Geneviève amène trop de cosmétiques, faut faire plein de
transvasements dans des sacs plastiques pour des raisons qui nous échappent encore, une paire
de lunettes de soleil n'y survivra pas, égarée quelque part… Maryline en perd sa montre
et la retrouve, Lara passe pour un taliban ou un trafiquant de produits illicites, elle
a droit à une analyse cutanée par le douanier en chef…
Enfin à 11h 44, nos fesses respectives se posent sur les sièges confortables de notre avion,
affrété par EVA AIR. On décolle à 12h 30 pour l'aéroport de Taipei, à Taïwan, soit plus de
9000 km, et ….6 fuseaux horaires. 13 heures dans les nuages…
A 19h 23 heure française, je note dans mon petit carnet de voyage « c'est long », malgré les
films, la musique ou les jeux.
21h 46, je ne sais plus trop l'heure qu'il est, d'après la carte de vol on laisse l'Everest et la chaîne
de l'Himalaya sur notre gauche, au nord… Il reste 4 h de vol.
23h 54, heure de Paris, on nous sert un petit déjeuner. Aventurier, je tente le porridge, sorte de
gelée gluante et insipide paraissant déjà digérée….Je ne recommencerai plus….
On se pose à l'aéroport de Taipei à 7h 30 du matin 1 heure et demi plus tard. Départ à 12h 30,
13 heures de vol soit 1h 30 du matin, plus 6 heures de décalage horaire, il est bien 7h 30 ! vous
avez suivi ? Nous on a eu un peu de mal à remettre nos montres à l'heure...et surtout quel jour
sommes nous ?
Ben le jeudi 18 avril……
Nous passerons 2 heures à Taipei porte B6 à attendre notre prochain avion, qui nous fera franchir
les 3780 km qui nous séparent encore de l'ile bénie des Dieux. Nous entrons à 9h 40 dans un
avion plus petit sortant tout droit de la « twilight zone », décoré carlingue comprise aux
couleurs de « Hello Kitty »..Surprenant, mais nous sommes à Taïwan……
Décollage à 10h 26 pour 5 heures, mais sans décalage horaire puisque nous piquons plein sud
pour changer d'hémisphère en gardant la même longitude. La fatigue commence à bien se
faire sentir.
Vers 12h 20 des îles et des lagons émergent de l'océan, nous abandonnons les écrans de cinéma
miniatures pour nous tasser devant les hublots, ça y est on arrive….
A 15h 45, l'avion tourne toujours autour de Bali, 1 tour, 2 tours et même 3 tours! ça doit être
l'embouteillage sur l'aéroport de Denpasar.
L'avion se pose enfin, et après un passage en douane sans trop de soucis, le groupe récupère ses
bagages vers 17h 30. Je suis presque surpris, aucune valise ne manque, c'est trop facile…
Je suis rassuré quelques minutes plus tard, il faut remplir pour sortir un obscure document de
marchandise à déclarer que nous n'avons pas…. On court un peu, on gratouille le papelard
qu'on remet à l'hôtesse qui le donne à un chef qui le range aussitôt en classement vertical…
Pas grave, on passe et rejoignons le groupe!
Le club Dune Atlantis nous attend avec minibus et utilitaire pour les bagages. C'est Dex,
sympathique québécois qui nous accueillent. Finie la climatisation abusive de l'avion, le froid
quasi polaire cède la place à la chaleur ( minimum 32°c ) qui ne nous quittera plus…
Il fait chaud, le jean colle et on est cuit ! Mais heureux d'être enfin arrivé ! Après un premier
contact avec la circulation automobile locale ( j'y reviendrai ) briefing qui s'éternise un peu au
club à Sanur avec réception du matériel, remise de petits cadeaux de bienvenue et dernières
mises au point.
La nuit tombe, mais qu'il fait chaud ! Sur le chemin de l'hôtel, nous nous arrêtons changer
quelques euros contre des roupies. Entrée avec 100 euros, Geneviève ressort riche d'un million
et demi de roupies !
Un peu avant 20 h, nous arrivons enfin à notre hôtel, le Puri Kelapa. Dans le noir nous cherchons
nos chambres, un peu agacé à cause du manque de sommeil. Roland et Josette changeront de
chambres, afin de laisser une famille nombreuse jouir d'un regroupement tribal.
Pour notre part, Geneviève et moi nous saluons les habitants de notre très belle chambre,
2 geckos et une grenouille en vadrouille. Après un repas balinais vite avalé, il est temps
d'aller dormir. Bercé par le ronron de la clim à peine perceptible, au frais sous les draps, nous
sombrons sans nous en apercevoir….
Vendredi 19 avril.
1er réveil sur Bali, une des 13 466 îles qui compose l'archipel indonésien, le plus grand du
monde soit dit au passage ! Il est 6h 30, il fait déjà chaud et je ne peux résister à l'appel de
la piscine. Après le petit déjeuner, à base de toast, œuf scramble ou grilled et pancake
« bananas » ou « pinapple » arrosés de « tea » or « coffee » ( et oui les voyages ça fait
réviser l'anglais!) nous rencontrons notre guide balinais, Komang : tout en sourire et en
gentillesse, il va nous ouvrir les portes de son île…
Nous embarquons dans le minibus qui va nous conduire à Ubud, pour visiter une maison
balinaise typique. Première constatation, le volant est à droite, donc à Bali on roule à
gauche : toujours déconcertant pour nous autres touristes de base, conditionnés par des année
de conduite à DROITE…. 2nd constatation, l'élément le plus important d'un tableau de bord
est...le klaxon ! Il sert à tout, doubler, dépasser, dire bonjour, avertir un scooter d'une
collision apparemment inévitable….Le 2 roues, c'est LE véhicule balinais, il est légion….
Quand on roule, il y en a devant, derrière, à droite, à gauche (dessus?) on espère pas dessous …. Les véhicules se frôlent, s'évitent, se rapprochent, se tangentent, partagent des trajectoires improbables sans jamais se heurter….
Les plus sensibles au mal des transports, à l'arrière du bus, passèrent vite devant : la peur
empêche d'être malade…
Conclusion de ce chapitre circulatoire : tout ce joli monde génère inévitablement des
accessoires permettant l'étanchéité des récipients en verre contenant des liquides, vous avez
deviné ? des bouchons…. Comme chez nous….. Nous en ferons les frais certains soirs…
Il est 9 heures quand notre bus stoppe devant la maison balinaise typique : derrière une belle
entrée travaillée, se cache un intérieur...simple. 4 « maisons » sans confort hébergent 3
générations, et nous faisons un saut temporel… pas d'électricité, d'eau courante, d'électronique….
Le temps s'est arrêté sur les temples à la gloire des Dieux et des ancètres, qui se doivent
d'être le réceptacle permanent d'offrandes. Le jardin regorgent de fruits, de noix de coco,
nous découvrons les secrets du « café mangouste » livrés par Komang,nous repassons une
dernière fois devant la cuisine au feu de bois,, tellement en décalage ; je pense au micro onde
sur le plan de travail à la maison, à la machine à café, au lave-vaisselle … il y a des
années lumière entre ici et la-bas.
" toi t'as l'argent, lui le soleil, il a tout son temps, toi, t'as ton appareil....." Francis Cabrel, Photos de voyage 1985
Retour au bus, et direction le temple de Gunung Kawi, construit à XIème siècle au bord de
la rivière Pakrisan. Après une longue descente à travers nos premières rizières en terrasse,
nous débarquons dans un décor digne d'Indiana Jones : 10 sanctuaires creusés dans le rocher
de la falaise haute de 7 m nous accueillent, à la gloire du roi Anak Wungsu et de ses épouses.
Nous avons l'impression d'être au milieu de la jungle, dominés par les temples colorés et les
monuments émergeant de la roche. Pascal, séduit par l'atmosphère du lieu, se laissera aller
à quelques percussions sur les instruments laissés là sous un temple. Ici pas de voleurs.
Nous prendrons de vite l'habitude de laisser sacs et appareils photos sans surveillance aux
terrasses des restaurants, sans aucun problème...question de karma….
Après la remontée vers la bus, en pleine chaleur, repas bien apprécié vers 13h40 dans un joli
restaurant en plein air rafraîchi par la brise avant d'aller visiter le marché traditionnel d'Ubud.
C'est coloré mais étouffant, il y a beaucoup de monde dans les allées étroites du marché.
Nous sortons vite de là pour rejoindre une rue parallèle et faire nos premiers achats souvenirs.
Nous appliquons plus ou moins bien la doctrine de notre guide pour le marchandage : diviser
le prix par 3 pour remonter à la moitié...bref, dans un dialecte étrange où se mélange anglais
approximatif, signes cabalistique et expressions quelque peu forcées, le tout ponctué par
quelques pianotages sur la calculette, on se met d'accord…
En nous rassemblant pour attendre le minibus, nous tombons sur une tour de crémation en
pleine construction, quelques défunts vont bientôt rejoindre le monde des esprits : à Bali,
ces crémations sont souvent collectives, certains corps exhumés du tombeau pour rejoindre
l'incendie libérateur.. .
Retour au Puri Kelapa, après les inévitables bouchons à l'approche de Sanur. Pascal et moi
tombons par inadvertance dans la piscine avant de reprendre le bus pour un repas sur plage
au Jack Fish, les pieds dans le sable, face au clair de lune. C'est magnifique, la pleine lune,
mais nous ne savons pas encore le tour de cochon qu'elle va nous jouer les 2 jours suivants….
Ambiance vacances 100 % face à la mer, on lève nos verres, et on attaque le repas qui
commence par une soupe pimentée…. Isabelle cale la première, de la lave en fusion plein la
bouche, c'est un peu trop pimentée pour elle….Je me moque, évidemment, jusqu'à ce qu'un
morceau de truc me passe sous la dent, et libère une nuée ardente qui me tire presque des
larmes… OK, c'est fort…. Vite du riz...Heureusement on n'en manque pas….
Samedi 20 avril.
C'est le grand jour, celui de la première plongée! oui parce qu'on est un club de plongée, quand
même ! Il est grand temps de dissoudre un peu d'azote… Nous remontons donc vers le nord en
longeant la côte Est de Bali pour atteindre Padang Bay. La route devient chemin qui se termine
en impasse : le droit de passage acquitté, nous voilà face à l'océan indien. Les sacs et les blocs
sont déchargés par nos moniteurs Andy, Depu et Thomas. Durant tout le séjour, nous ne
porterons jamais une bouteille de plongée ou un sac…Des vrais vacances !
Les palanqués se constituent, toutes guidées par un moniteur du club connaissant les sites
par coeur :
- Gilles, Isabelle, Eurielle et Guillaume plongeront avec Thomas
- Pascal, Odile, Lara et Marie-Christine avec Andy
- Stéphane, Geneviève, Maryline et Roland avec Depu.
Thomas est français, blond et souriant. Andy est toujours à la recherche d'une blague, et Depu
présente le physique
d'un rugbyman néo zélandais, je m'attends à tous moments à le voir démarrer un aka….
Tous ont en point commun la gentillesse et la compétence, avec une réelle envie de nous
faire découvrir de belles plongées.
Bref, l'océan indien, aujourd'hui est agité…. Bien brassé même, et il commence par nous saluer
en envoyant une déferlante en haut de la plage sur le trottoir, histoire de noyer nos sacs et de
recouvrir le matériel de sable…. Les bateaux à balanciers s'agitent, l'embarquement va être
sportif… Mais Thomas nous rassure, après 5 minutes de navigation pour rejoindre la
baie derrière le cap, on sera à l'abri. C'est vrai.
Sauf que la houle a poussé à la côte et dans cette baie étroite des détritus de toutes sortes, nous
avons l'impression de nous mettre à l'eau au milieu d'une décharge… Près de mon masque,
une seringue encore pleine d'un liquide rouge flotte sans vergogne. Roland nous a rejoint,
la palanquée de Depu se laisse couler sur le fond, ballottée par la houle. La visibilité est
réduite à 5 ou 6 m par le sable en suspension, faut rester grouper sous peine de se perdre.
Premiers coup de palmes, à part du sable y'a rien…. 20 heures d'avion pour ça !?!
Dire que le site s'appelle Blue Lagoon...La seconde d'après, je tombe sur un caillou orné d'une
superbe comatule, échinoderme très rare en France : je m'arrête donc pour l'observer puis repars
pour rester avec le groupe. 3 coups de palmes plus tard, nous arrivons sur le récif, et des
comatules, il y en a….des milliers ! En fait partout où on regarde…
Malgré la faible visibilité, les poissons colorés apparaissent, une murène blanche serpente sur
le sable, quelques nudibranches inconnus se dévoilent...L'eau est à 29°C, quel dommage tout ce
sable en suspension…D'autant que le phare de Roland décide de le lâcher, plus de lumière !
Ce sera le 1er épisode d'une série de malédictions lancées sur le matériel de prise de vue…
Palanquée de Thomas : 45 minutes à 20 m max, palier de principe
Palanquée d'Andy : 35 minutes à 19 m max, palier de principe
Palanquée de Depu ; 49 minutes à 28 m max , palier de principe
Retour en surface un peu mitigé donc, bercé entre les superbes poissons aperçus et cette
visibilité dégradée par la houle….qui fera d'autres ravages. Isabelle est bien brassée par le
mal de mer, mais ce rien en comparaison de Marie-Christine, effondrée sur le bateau, victime
de son oreille interne.
Que celui qui n'a jamais été malade en mer lui jette la première palme !
Compatissant, nous l'aidons à quitter le bord au milieu des rouleaux de cet océan qui n'a
décidément rien de pacifique, afin qu'elle retrouve un plancher ferme et un horizon droit….
Elle mettra la journée à s'en remettre. Mais courageuse, cela ne l’empêchera pas de reprendre
les plongées.
Pendant qu'elle se refait une santé allongée sur des coussins, le reste du groupe reprend des
forces au restaurant devant un excellent nasi goreng recommandé par Thomas, plat local
où il y a...un peu de tout ! et surtout du riz !!
Nous repartons pour la visite de l'après midi, la rizière de Top Tegalalang, ralenti par les
inévitables bouchons. Nous avons l'impression d'un énorme capharnaüm inextricable d'où nous
ne sortirons pas…. Et puis d'un coup la route se dégage et nous arrivons à destination, pour
plonger dans un océan d'émeraude : les rizières, en terrasse, s'enfoncent au milieu de la jungle
et nous offrent les beaux dégradés de vert….
Komang nous explique la culture du riz, et je peux vous assurer qu'on ne regardera plus jamais
un paquet d'Uncle Ben ( celui qui colle jamais !) de la même façon...Cultiver le riz est
synonyme de galère. Mais nous apprécions cette errance en bordure de forêt, dans le
bruissement des arbres et le murmure de l'eau irriguant les terrasses… Des fleurs multicolores
et magnifiques tranchent sur le vert éclatant qui règne en maître.
Au hasard, de la ballade, Laura, Guillaume et Pascal se hasarderont sur une balançoire en
plein ciel, pour un va et vient passant du vert au bleu…
Dégoulinant de sueur et occis par la chaleur, nous engloutissons sans hésiter les bouteilles
d'eau achetées par Komang avant de retrouver avec bonheur notre bus climatisé…. Les
45 minutes de trajet prévues s'étireront en presque 2 heures, au milieu des scooters, 4x4,
transports en tout genre à l'équilibre improbable et des voitures immobiles au milieu
de la route….
Stéphane, Geneviève, Josette et Roland, qui devaient inaugurer les massages au Spa à côté
de l'hôtel ratent le RDV mais le Club Safari Dune, avec Dex le cousin québécois aux
commandes, nous règle le problème en moins du quart d'une heure,nom d'un tabernacle !
RDV est reprogrammé le matin du départ, parfait pour se détendre avant l'avion et la pose
des bas de contention pour les 24h de transport retour !
Nous arrivons vers 20h à l'hôtel, douche, repas et au dodo !
Dimanche 21 avril.
Les pancakes bananas arrosées de café , nous montons avec nos valises dans les bus vers
8h pour monter au nord de Bali, à Tulamben. Il nous faut 3 minibus pour nous transporter avec
le matériel de plongée et nos affaires, puisque nous changeons d'hôtel pour 3 jours…
Et vers 10h 15, nous arrivons au Paradis, au propre comme au figuré, c'est le nom de l'hôtel….
je vous laisse imaginer…. Au pied du mont Agung, l'hôtel est pour ainsi dire posé sur la plage,
la piscine offre une vue directe sur l'océan, avec la barrière de nuages et rien après la mer…
Le restaurant ouvert au vent marin permet des repas en regardant l'horizon, les douches et
les bacs de rinçages pour le matériel sont à portée de main….. Devant l'hôtel un récif n'attend
que nous pour plonger, et l'épave du Liberty n'en fini plus de rouiller à 500 m de là….
Dans les yeux de l'ASSP, des lumières brillent….d'autant que ce sera une journée DIVE !
3 plongées au programme, dont une épave pour commencer. Le Liberty, cargo de 120 m de
long, construit en 1918 dans le New Jersey fut réquisitionné par l'armée américaine durant
le second conflit mondial pour servir de transport de marchandise. Le 11 juin 1942, il est
torpillé par un sous marin japonais dans le détroit de Lombok : l'équipage parvient à
l'échouer à Tulamben pour sauver la cargaison. Il restera planté là jusqu'en 1963, où
l'irruption du mont Agung provoquera une secousse le faisant glisser à 40 m de la plage,
entre 6 et 28 m de profondeur.
Sacré irruption d'ailleurs, la première explosion eut lieu le 18 février, suivi le 24 d'une coulée de lave de 7 km. Le 17 mars, une seconde irruption projette des débris jusqu'à 10 km et des nuées ardentes feront 1500 morts. Le 16 mai, un dernier soubresaut rajoute 200 victimes à la funeste liste…
Autant dire qu'il est surveillé, ce mont Agung….Nous y reviendrons.
Pour l'heure, il est temps d'aller visiter cette épave qui fait briller les yeux de tant de plongeurs.
Nos blocs sont déjà partis, portés par notre équipe de guides et de quelques porteurs. Nous
n'avons qu'à revêtir les néoprènes, poser les stabs vides sur le dos et c'est parti pour 5
minutes de marche le long de la plage, à l'ombre heureusement jusqu'à la mise à l'eau.
Aidé par les divemasters de Dune Atlantis nous capelons les scaphandres et à l'eau ! Un peu
de houle, histoire de rendre la progression sur les galets plus intéressante, et très vite nous
progressons sur une pente de sable noir. Quelques coups de palmes, et la poupe du Liberty
apparaît, ombre surgissant de l'eau chargée de suspension. La visibilité s'est améliorée,
passant à environ 10 m mais les particules sont encore bien présentes.
Qu'importe, le navire, bien que sérieusement disloqué par les vagues et l'impact du temps, n'en reste pas moins reconnaissable et complètement colonisé par la faune et la flore. Les comatules sont partout, les coraux mous fleurissent sur les tôles rouillées, et toutes la gamme des poissons anges évoluent dans ce décor. Pour un plongeur, c'est fabuleux !
Mais le plaisir est un peu gâché pour Roland, son caisson étanche ne l'est plus et son appareil
photo trempe dans l'eau de mer…. Après le phare, le caisson… au bout d'une heure il faut bien
se décider à rentrer, dans l'eau à 31° C nous avons laisser filer le temps….
Palanquée de Thomas : 56 minutes à 19 m max, palier de principe
Palanquée d'Andy : 40 minutes à 21 m max, palier de principe
Palanquée de Depu ; 61 minutes à 27 m max , palier de principe
Repas à l'ombre devant l'océan, un peu de temps pour désaturer un peu avant de replonger sur Coral Garden, juste devant l'hôtel. Descente sur le sable noir en pente douce où nous croisons quelques structures artificielles déposées pour attirer les poissons, et quelques raies pastenagues à points bleux taenuira Lymma ondulant sur le sable.
Vers 27 m il n'y a plus rien, nous remontons retrouver le récif où balistes et poissons clown
squattant les anémones nous font oublier la montre. Dans 10 m d'eau à peine, nous passons
du temps à saluer chaque « Némo » et dénicher les nudibranches multicolores. La batterie
de la Gopro est cuite, décidément ramener des images du fond de la mer se mérite, mais
nous prenons le temps de la contemplation...
Palanquée de Thomas : 61 minutes à 19 m max, palier de principe
Palanquée d'Andy : 46 minutes à 20 m max, palier de principe
Palanquée de Depu ; 65 minutes à 27 m max , palier de principe
De retour à l'hôtel, certains sirotent des jus de fruit fraîchement pressés dans la piscine, et
d'autres comme Pascal et Maryline se font masser aux huiles de frangipanier sur la terrasse,
face à l'océan. Il fait bon,31°C, l'ambiance est zen, et nous attendons la chute du soleil.
L'APN de Roland trempe dans le riz pour espérer une résurrection ( le riz absorbe très bien
l'humidité, rappelez vous les grains dans la salière). Dans notre bulle hors du temps, nous
aurions ignoré l'attentat au Shri Lanka, à 4000 km de notre villégiature. Le wifi de l'hôtel
se chargera de nous rappeler à la triste réalité, faisant tomber l'info sur les smartphones….
257 morts et 496 blessés, au nom d'un dieu toujours absent… Une ombre passe.
Et le soleil de l'autre côté de l'île s'écroule dans la mer, c'est reparti ! Nous avons RDV avec
les poissons perroquets à bosse qui remontent des profondeurs pour passer la nuit dans la
carcasse du Liberty.
Maryline et Geneviève font forfait sur cette immersion, je m'immergerai donc avec Roland et
Depu. Si l'astre solaire a disparu, sa sœur lunaire est pleine, luisante et haute dans le ciel :
c'est la pleine lune depuis plusieurs jours, rappelez-vous. Et notre satellite, bien qu'à plus
de 384 000 km de distance joue son rôle d'aimant… il génère une marée et un ressac puissant
…. A notre arrivée sur la mise à l'eau, nous constatons 2 choses :
- il y a du monde, nous ne plongerons pas seul, plongeurs et moniteurs discutent dans un
brouhaha cacophonique
- les voix sont largement couvertes par le bruit du ressac, les vagues explosent violemment
sur la plage…
Elles ne sont pas scélérates, ces vagues mais vont quand même nous poser des problèmes à la
mise à l'eau… Surtout à Pascal, avec sa cheville fragile et sa prothèse de genou, qui opte
pour une technique particulière à base de ramping fessier face à la vague… Je suis septique,
mais il finit par passer les rouleaux et rejoindre Andy qui lui maintient son bloc en surface.
On se cale avec Roland et Depu pour rester groupé et foncer dans l'eau, en équilibre sur les
galets, profitant d'une brève accalmie. Il fait désormais bien noir, Mais Depu nous mène sans
hésiter à l'épave. Faut dire que vu le nombre de plongeurs et de phares, c'est la guerre des étoiles
ce soir !
Nous évoluons dans un vrai « bouillon de culture biologique », la lumière des lampes attirant
tout ce qui bougent dans l'eau, surtout le plus microscopique.
Les rascasses volantes sont de sortie, déployant leurs voiles empoisonnées et toute une vie
invisible sous le soleil hante la carcasse abandonnée. C'est le charme des plongées de nuit,
rien n'existe en dehors du faisceau de la lampe, le plus joli, restant à découvrir, se cache dans
l'ombre… Chuintement du détendeur, éclat des phares et apparition furtive d'un lutjan qui
traverse mon champ de vision. Je cherche Roland derrière moi, ne perd pas de vue Depu qui
glisse immobile entre les tôles, débusquant une murène ou un poisson coffre. Parfois il me
montre des choses que je ne vois pas… Dans l'océan, il est chez lui…
Nous sommes presque arrivé à la proue, et un ver de feu pourpre s'agite au dessus de moi,
je m'écarte pour l'observer à bonne distance, il est véloce et ses soies urticantes pourraient
se planter dans ma peau et libérer des neurotoxines qui d'après ceux qui ont testé se révèlent
très douloureuses…
Mais j'entends le ding ding de la baguette de Depu, qui nous montre notre premier perroquets,
somnolent sur une tôle… Les plus gros peuvent atteindre 1 m30 pour 45 kg. Ceux que nous
verrons sur le retour n'en étaient pas bien loin, et nous aurons le temps de les observer durant
leur repos nocturne.
Bon le manomètre baisse et le temps tourne, faut rentrer. Entre 6 et 7 m, den direction de la
plage, j'entends les galets rouler dans le ressac...J'imagine la sortie de l'eau, ça va être encore
plus sportif.
Nous émergeons, aveuglés par les lumières sur la plage où tout le monde court, crie pour
aider les plongeurs à sortir de la machine à laver. Depu est zen, d'abord Roland et moi
ensuite. On enlève les scaphandres que Depu veut sortir pour nous, on s'emmêle en peu les
pinceaux, une sangle coince, et la vague arrive… Roland en perd une palme, des garçons
nous tombent dessus pour l'aider à sortir, avec Depu on sort de l'eau en roulant sur les galets et
un moniteur ramène la palme baladeuse de Roland !
Avec Depu on se « check » les points,
« very good dive my friend ! »
On retrouve tout le monde, sur la plage, ravi de cette plongée sous la lune, à qui nous n'avions
pourtant rien demandé….
Palanquée de Thomas : 56 minutes à 20 m max, palier de principe
Palanquée d'Andy : 51 minutes à 19 m max, palier de principe
Palanquée de Depu ; 53 minutes à 22m max , palier de principe ( merci le nitrox 32!)
lundi 22 avril.
Autant l'avouer tout de suite, avec Gen, on s'est carrément loupé… Malgré 2 ou 3 sonneries,
nous nous sommes rendormis. 30 minutes avant le départ du bus, Gilles, missionné par
Isabelle, étonnée de ne pas nous voir au petit déjeuner, vient frapper au carreau ;
« alors on dort ? ».
Coup d'oeil à la montre dans le brouillard, on est à la bourre !! On fonce boire un café sous
l'oeil goguenard du groupe qui termine ses œufs brouillés…ou plutôt scramble...
Mais bon, grâce à Isabelle,Gen et moi décollons avec le reste du groupe, direction le
village d'Amed où nous arrivons vers 9h30 . Au fond d'une baie, la route s’éteint devant un
restaurant au bord de l'eau. Partout, il n'y a que des « dive center », c'est évident ici on plonge…
Assis face à la mer, le groupe écoute le briefing de Thomas en sirotant un jus de fruit, une
légère brise sur le visage, il fait doux, c'est le bonheur….
Des balinaises portent sacs et blocs devant la terrasse du restaurant, en moins de 10 minutes
tout est prêt, et nous nous répartissons sur des bateaux de pêcheurs locaux, effilés comme des
lames de rasoirs : 3 personnes par embarcations pas plus. C'est étroit et profond, comme
bateau mais pas aussi inconfortable qu'on pourrait croire, et il n'y a que 2 minutes de navigation
de toute façon, jusqu'au tombant de Jemeluk Bay.
La lune s'en est sans doute allée briller ailleurs, l'eau est claire ! On s'équipe en surface et on se
laisse descendre sur le tombant : magnifique ! Gorgones, alcyonaires, poissons anges, empereur
nous accompagne, le tombant est très découpé, recouvert de corail, je filme, je filme…
Un platax à longue nageoire juvénile passe sous une gorgone, le plan est magnifique, vite filmer !
Quelques secondes plus tard, l'écran de la caméra me donne des infos bizarres du style
« SD error »… Impossible de remettre la Gopro en route….. Qu'est-ce que c'est que ce binz ?
Comme disait la fripouille…
Malédiction, de l'eau !
Je vois des gouttes d'eau dans le caisson, et j'assiste en direct à la mort de la caméra, qui après
quelques spasmes électroniques rend définitivement son âme numérique… c'est ma 3ème
caméra noyée, la deuxième fois avec ce caisson étanche à – 150 m…...qui avait pourtant
encaissé par le passé des pressions bien supérieures. Très contrarié ( le mot est faible ) je
poursuis néanmoins la plongée. Les mots de Komang me reviennent en mémoire, du négatif
sortira forcément du positif, c'est une question d'équilibre…. Francis Cabrel chantait déjà ça
en 1983…
Bon, je passe en mode ballade et profite du tombant, des coraux champignons, des poissons jouant à cache cache dans les tables de corail d'acropore… J'observe un énorme ver blanc inconnu, des nudibranches splendides, Geneviève jouant avec des poissons demoiselles bleu vert Chromis viridis mais le sac palier de Depu crève la surface, il faut se stabiliser au palier et laisser l'azote filer...
Palanquée de Thomas : 56 minutes à 20 m max, palier de principe
Palanquée d'Andy : 40 minutes à 20 m max, palier de principe
Palanquée de Depu ; 58 minutes à 30 m max , palier de principe
Après un intervalle de surface passé à se restaurer, certaines partent en snorkeling, d'autres
retournent sur leurs esquifs effilés pour naviguer 5 minutes jusqu'au site des Pyramides,
structures artificielles immergées volontairement en bas du récif vers 20 m de profondeur,
histoire de créer des HLM à poissons.
Dés l'immersion nous sommes accueillis par des pastenagues sur le sable. Les Pyramides
tiennent leurs promesses, elles abritent diodons, demoiselles, poissons anges, vie fixée etc.
Nous verrons 2 tortues dans le corail vers le retour en surface. Avec Roland, occupé moi à
jouer l'éclairagiste et lui à filmer, nous perdons Depu et Maryline de vue, heureusement dans
cette eau désormais claire nous nous retrouvons vite, le duo étant déjà proche de la surface
pour calmer les ordis qui se rapprochaient dangereusement du « no déco 0 »
Après la déco, une urgence urinaire ! Impossible d'attendre davantage, je paie mes jus de fruits
et le café ! Le scaphandre dégage, Maryline ouvre ma combi, j'opère dans l'eau un
strip-tease rapide et d'un érotisme rarement atteint, pour enfin relâcher ma vessie sous l'oeil
de Depu qui rigole. Maryline, elle aussi concernée par la même urgence, utilisera une
technique plus féminine et discrète, qu'en tant que gentleman je ne peux dévoiler ici...
Palanquée de Thomas : 55 minutes à 22 m max, palier de principe
Palanquée d'Andy : 56 minutes à 19 m max, palier de principe
Palanquée de Depu ; 55 minutes à 22 m max , palier de principe
Vers 15h, jus de citron pressé sur la terrasse du restau, en regardant les bateaux danser sur
les vagues, et à 16h 50 la carte SD de la caméra trépassée sèche dans le riz, pour sauver
mes vidéos. J'espère que la malédiction audio visuelle lancée sur l'ASSP va s'arrêter là, je
suis à deux doigts de l'exorcisme…
On a un peu de temps pour nous, donc le groupe se répartit entre la piscine, les massages
( Odile, Maryline et Lara, puis Pascal qui y prend goût ) ou une errance dans Tulamben
où la misère côtoie le luxe…
Le jour va mourir dans un instant, le soleil va se lever pour quelqu'un de l'autre côté de la planète,
il est déjà midi en France, le temps est décidément bien relatif… 18h 15, ici il fait nuit, 31°C.
Les perroquets à bosse remontent dormir sur le Liberty, nous allons rejoindre nos chambres…
Mardi 23 avril.
Tout le monde est au petit déjeuner vers 8h 15, même nous ! 33°C, le groupe s'y fait bien,
aujourd'hui repos, pas de plongée mais ballade ! Nous partons en minibus, et Komang nous
apprend que le mont Agung est entré en irruption dimanche, durant notre plongée de nuit !
On a rien perçu mais nos guides ont ressenti la secousse semble t il… Des bombes
volcaniques ont été projetées à 3 km quand même sans faire de victimes, heureusement.
Du coup, en partant sur Ujong à l'est de l'île, nous prenons le temps d'une photo de groupe
devant cette montagne grondante en arrière plan.
1er arrêt au palais royal Karangasem, ou palais de la sieste, réservé au roi qui pouvait ainsi
s'y reposer aux heures les plus chaudes, parfois avec ses maîtresses… Le lieu est absolument
magnifique, les jardins taillés au cordeau alternent avec d'immenses bassins qu'enjambent
des ponts reliant les divers bâtiments entre eux.
Au sommet d'un escalier qui n'en finit plus de s'envoler vers le ciel, on embrasse du regard
tout le palais et l'océan indien sur l'horizon. C'est beau, mais qu'il fait chaud !
Avant d'aller manger au « Good Karma », arrêt au marché local, grouillant de monde. Des tas
d'odeurs ou de senteurs inconnues nous assaillent, parfois agréables, parfois…. Nous goûtons
des fruits locaux, et croisons un petit spider boy avant de quitter les lieux.
Ici tout se mélange et se côtoie dans un joyeux vacarme : les antennes relaie pour la 4G
parsèment le paysage, spider man fait son apparition sous les traits d'un petit garçon habillé
du costume de son super héro, un marchand ambulant traverse avec sa roulotte tandis que
les hôtels des Dieux sont honorés d'offrandes de toutes sortes, la famille en tenue traditionnelle
sur son scooter se rend en grande pompe à une cérémonie religieuse et le chat de gouttière qui
mange les boulettes de riz des offrandes, ... entre modernisme et tradition, tout étonne à Bali.
Quel dépaysement !!
L'après midi, après qu'un chat balinais se soit délecté du restant de dessert de Gilles, direction
le palais aquatique de Tirta Gangga. Il fut construit entre 1946 et 1948 par le souverain
de Karagasem de l'époque, sur les sources d'eau sacrées du Tirta Gangga, qui signifie
« eau du Gange ».
Détruit par le mont Agung en 1963 il fut néanmoins reconstruit. On s'y balade entre statues
balinaises, bassins remplis de carpes, fontaine à 11 étages etc.…
L'ambiance y est zen, et nous jouerons à traverser un bassin en marchant sur des dalles, ressemblant à un damier aquatique.
On s'y baignera aussi, dans un bassin alimenté par la source, au plus grand bonheur de
Pascal qui trouvera enfin de l'eau fraîche, à 26°C…
Nous retournons au bus et c'est reparti pour les routes surchargées et les nuées de scooters. Une fois
à l'hôtel, nous profitons de cette dernière soirée au Paradis se détendre à la piscine un jus de
fruit à la main, face à l'océan. Isabelle et Eurielle se font masser avant le buffet du soir. Repas
dans le calme, bercé par le ressac.
Mercredi 24 avril.
6h18. C'est tôt, mais c'était l'heure annoncée du lever de la boule d'hydrogène et d'hélium
en fusion qui nous éclairent chaque jour. Pour les photographes, impossible de rater ça :
Gilles, Pascal, Guillaume et Roland étaient donc debout pour capturer l'instant. À l'heure
dite, le ciel s'allumait….
Plus tard, les estomacs pleins comme les valises qui avaient rejoint les coffres des minibus,
nous quittions ce coin de paradis pour redescendre au sud sur Padang Bay. Nos scaphandres
déjà gréés nous attendent à bord d'un bateau élancé à la gueule menaçante, celui du club
Atlantis. Presque 15 m de long rien que pour nous, le luxe ! Finis les frêles esquifs,
aujourd'hui c'est la haute mer ! Nous allons aux Gilis,3 minuscules ilôts devant Lombok,
à 1h 30 de navigation environ.
Propulsé par les 2 fois 225 Cv du bateau, nous cinglons sur une mer qui se forme, parfois bouillonne sous l'effet de courants contraires. On n'est plus dans le pédiluve, on rentre dans le grand bain. Mais le capitaine connaît la mer et son bateau, et tout en longeant la côte nous nous rapprochons du premier site de plongée, Tepekong. Ici les courants peuvent être violents, y compris dans le plan vertical ! Le nitrox 32 est abandonné au profit de l'air, au cas où une dégringolade au-delà de 40 m ne soit inévitable.
Bascule arrière par dessus bord, et tout de suite la température de l'eau nous frappe : 25°C !
nous trouvons cela presque frais….Et plus on descend, plus l'effet s'accentue, je regrette mon
gilet à cagoule, resté sur le bateau. Depu nous guide le long de la paroi et vers – 29 m nous
progressons à la limite du sable et du corail.
Et soudain, ils sont là. Attendus, espérés. Depuis des années, j'attendais de les voir, vraiment.
Des requins. 3 pour être précis, posés sur le sable, parfaitement immobiles. Ce sont des requins
à pointes blanches de lagon, Triaenodon obesus,d'un mètre cinquante environ. Ils nous
laisseront approcher un peu, gardant une distance de sécurité de 3 à 4 m avant de disparaître
nonchalamment dans le bleu, quittant leur affût de chasse. Le froid est oublié, cette plongée là
commence bien !
Nous continuons la progression sur le tombant qui se verticalise et tombe vers les profondeurs,
laissant les squales marauder plus bas. Les coraux sont superbes, les poissons multicolores ne
sont pas en reste. Je m'arrête un instant pour observer un nudibranche, prend un peu de retard
par rapport au groupe et tombe sur une énorme raie posée dans une anfractuosité, tenant
compagnie à une murène javanaise tout aussi monstrueuse.
Trop tard pour en faire profiter le groupe déjà loin, seul Roland à proximité pourra les observer. Quelques instants plus tard, je croise un serpent marin « tricot rayé » ou Laticauda laticaudata. Il est amphibie et évolue donc en apnée pendant quelques minutes avant de remonter respirer. Il n'est pas du tout agressif et heureusement, son venin extrêmement toxique me laisserai peu de chance….
Le courant s'accélère un peu tout en restant gérable, nous faisons le palier au milieu des coraux
avant de sortir et d'être récupérés par le bateau.
Palanquée de Thomas : 45 minutes à 23 m max, palier de principe
Palanquée de Depu ; 52 minutes à 29 m max , palier imposé d'une minute plus palier de principe.
Après un bon plateau repas arrosé de thé ou de café, nous replongeons devant un îlot rocheux,
Minpang, sorte de boule de verdure posée sur l'eau. Nous y croiserons 2 tortues et une nuée
de balistes bleus. Vers – 23 m, un courant froid nous imposera une thermocline brouillan
notre champ de vision, avec l'impression de filmer avec une caméra dont l'autofocus
serait déréglé.Une mini grotte prolongée par une arche nous livrera quelques belles
visions subaquatiques, dont les reflets des glass-fish.
Palanquée de Thomas : 45 minutes à 22 m max, palier de principe
Palanquée de Depu ; 58 minutes à 30 m max , palier imposé de 3minute plus palier de
principe. ( vive le nitrox!! nous faisons là les premières plongées imposant une décompression)
Nous rentrons en bateau jusqu'à la plage, puis retour au Purikelapa à Sanur, retrouver l'hôtel
des premières nuits ; la fin du séjour approche…. Cocktail et papotage dans la piscine pour
se rafraîchir, puis le groupe se sépare pour flâner un peu dans Sanur, il est 16h 20.
2 billets de 50 euros se métamorphosent en liasse d'un million et demi de roupies, nous voilà
riche pour jouer les touristes et ramener des souvenirs. Une ombrelle négociée ici, une raie
manta en bois achetée là, des bâtons d'encens, des souvenirs pour se rappeler Bali les
prochaines nuits d'hiver…
Nous errons sans crainte dans les rues, les offrandes côtoient les smartphones connectés
non stop sur le net . Demain sera bleu et salé, les dernières plongées sont au programme.
Il est 18h19 et le jour se dilue en douceur dans les 33°C et la rumeur de Sanur.
La pleine Lune décroît mais les fêtes religieuses battent toujours leur plein autour des
différents autels de la ville d’où montent la ferveur des différentes confréries, les chants
des brahamas et toutes sortent d’offrandes multi couleurs. La circulation est coupée ça et là
pour permettre à la population d’assister à la fête du quartier et les passants de se joindre à eux.
Nous sommes arrêter dans notre promenade nocturne, nous permettant d’assister à ces rituels
qui nous transportent pour quelques instants hors du temps.
Jeudi 25 avril.
Le minibus, ponctuel nous cueille après le petit déjeuner. Ça sent la fin du séjour mais il nous
reste encore une journée pour saturer un peu d'azote, et surtout nous avons RDV avec les diables
des mer…
Départ en bateau pour refranchir la passe et direction Manta point, sur l'ile de Nusa Penida. Il
nous faut franchir le détroit de Badung pour atteindre juste avant l’île un bout de terre
désertique, Lembongan.
Nous dépassons un énorme rocher posé sur l'eau, percé de part en part, vibrant sous les coups
de boutoir de la houle. La mer s'y déverse en rageant puis s'en retire en hurlant, la force de
l'océan ici n'est plus une vue de l'esprit, et notre capitaine nous offre ce spectacle en gardant
son navire à distance respectable.
Nous arrivons au pied d'une falaise abrupte, ébranlée par la houle. Il y a des dizaines de
bateaux de plongée, secoués par une mer aujourd'hui capricieuse. Cette plongée sera sportive,
c'est certain.
Nous basculons.
Immédiatement, je pense que « c'est foutu »…. La houle a levé le sable qui en suspension
dans l'eau réduit toute visibilité entre 3, peut être 5 m au maximum. On ne verra rien…. C'était
sans savoir que Pascal, au même moment, en se laissant descendre vers le fond,
posait la palme sur une manta….
Depu, sûr de lui, nous fait signe de le suivre. Ballottés par la houle, désorientés par cette
eau chargée qui capture la lumière et obscurcie notre champ de vision, nous nous demandons
bien où va t on ...
Un requin nourrice nous cogne presque dessus, avant de louvoyer vers un récif plus calme.
Depu nous pose devant une masse sombre, le fameux rocher « station de nettoyage » évoqué
au briefing ? On attend… pas longtemps ! La première raie manta sort du néant, immobile,
sans paraître faire le moindre mouvement. Tel un vaisseau spatial, furtive et majestueuse,
elle vire devant nos yeux ébahis pour nous éviter et disparaît aussitôt. Remplacée par une,
trois puis 10 autres raies qui tournent au-dessus de nous, jouant aux spectres dans cette eau
chargée.
Elles passent si près parfois qu'on pourrait les toucher, se laissant admirer au passage. Avec
3 m à 3 m 50 d'envergure, difficile de rater ces animaux tout en grâce et en finesse.
Parfois le soleil se voile, on lève la tête et la manta passe entre nous et l'astre solaire,
posant une ombre sur le fond.
Cette plongée, improbable dans une machine à laver à l'eau laiteuse,dissimulant les « devilfish »
restera pour longtemps dans nos mémoires….On les cherche sans les voir et les trouve sans
les chercher...
Palanquée de Thomas : 38 minutes à 12 m max, palier de principe
Palanquée d'Andy : 40 minutes à 18 m max, palier de principe
Palanquée de Depu ; 60 minutes à 18 m max , palier de principe
Retour à bord des étoiles, pardon des mantas pleins les yeux, et nous quittons le ressac de
Manta point pour rejoindre un autre site de plongée plus à l'ouest, Secola Dassau sur
Crystal Bay. Le site se trouve devant une école primaire, sur la plage. Y'a pire comme
établissement scolaire. Après le repas, nous sautons à l'eau pour une plongée dérivante.
C'est plutôt calme sur le haut du tombant, où nous arrivons à étaler le courant à la palme
pour profiter d'une jolie patate de corail où les perroquets tournent tranquillement.
Sitôt le tombant emprunté, c'est comme à Luna Park ! Nous avons l'impression de monter
dans un train ou de plonger dans le rhône, pour les anciens plongeurs opérationnels du groupe !
Le courant s'estime à 3km/h environ, il devient vite illusoire de vouloir s'arrêter pour observer
quoi que ce soit, sauf à se mettre en drapeau dans le jus. Mieux vaut se laisser porter et jouir
du spectacle, moins fatiguant et moins pénalisant en terme de consommation. L'eau est très
claire, les poissons légions et nous croisons des tortues et un barracuda.
C'est tout comme dans Nemo, nous empruntons le courant Est Australien ou plutôt Balinais,
il n'y a qu'à laisser faire et profiter du spectacle. C'est comme sur l'escalator horizontal à
l'aéroport. Et les tortues sont aussi de la partie !! Un rêve éveillé...
mante de mer paon Odontodactylus scyllarus.Ses pinces sont remplacées par des massues qu'elle projette à 80 km/h pour assommer ses proies. elle est capable dit on de briser le masque d'un plongeur.
Les coraux défilent sous nos palmes, le spectacle est magnifique et l'heure de plongée se
termine sans s'en rendre compte. Nous avons bien fait 3 km sans mettre un coup de palme,
à bord du Secola express !
Palanquée de Thomas : 47 minutes à 23 m max, palier de principe
Palanquée d'Andy : 48 minutes à 18 m max, palier de principe
Palanquée de Depu ; 53 minutes à 27 m max , palier de principe
ça y est, les plongées sont terminées. Nous rentrons au club Atlantis rencontrer Jérôme le
patron et échafauder de futurs plans, il rest tant de choses à voir, les mola mola géants par
exemple…
Là encore, achat de souvenirs comme ce requin marteau que je porte autour du cou, et
photos souvenirs avec cette belle équipe Dune Atlantis…
Retour à Sanur où nous tombons une fois de plus bien volontiers dans tous les pièges à
touristes, indolents dans les 33°C du soir qui démarre. Au repas, soirée balinaise avec danse
traditionnelle, où certains d'entre nous se distinguerons par quelques pas improvisés avec
nos charmantes danseuses…
Vendredi 26 avril
Dernier jour avant le retour demain. Le temps s'écoule doucement et vite à la fois, comme
englué dans le chaleur moite de l'île. Dans les bassins les nénuphars se sont ouverts,
l'hôtel s'éveille doucement, le mercure n'est jamais descendu sous les 30°C.
L'ordinateur de plongée n'a toujours pas dé saturé et m'ordonne un « do not fly ».
Ben ça tombe bien, l'avion, c'est demain….
Aujourd'hui, Komang nous emmène à Serangan Island, le centre de protection des tortues
marines. Il faut descendre au sud de Bali et franchir un enchevêtrement de ponts, viaducs,
passerelles et autres sorties d'autoroute, un réseau inextricable de béton et de voies aux
issues incertaines…
L'homme semble gagner sur la mer, mais elle aura le dernier mot, forcément. Nous arrivons
néanmoins à bon port pour visiter le centre et les tortues, à peine nées ou soignées dans des
bassins minuscules, avant de retrouver la pleine mer. Il fait 35°C, l'impression d'être dans
un four… Et l'océan indien est à portée de main, inaccessible pour le moment….
Nous partons à Kedonganan visiter le marché aux poissons, au bord de mer. L'odeur est
presque insoutenable, les déchets organiques des animaux étant laissés au soleil… Dire que
ça pue est un euphémisme, et pourtant, téméraires ou inconscients, nous pénétrons sous les
tôles ondulées servant d'abri à ce marché de la mer….Et là surprise, le poisson est frais,
du requin, du thon, du perroquet, de la langouste etc.… Il y a de tout, bien au frais dans
une glace arrivée comme par miracle au milieu de cette fournaise….
Nous prenons le repas sur la plage ( à base de poisson, bien sur!) face aux avions qui décollent
de Depensar, cet aéroport qui semble posé sur la mer. Demain, nous serons dans un de ces
oiseaux d'acier….
L'après midi, nous visitons le temple d'Uluwatu, construit au sommet d'une falaise dominant
l'océan indien. Sa construction a commencé au XIème siècle et il présente la particularité
d'être habité par des macaques, voleurs facétieux n'hésitant à vous voler lunettes ou
casquettes, otages libérés contre une rançon alimentaire de vigueur…
Il fait de plus en plus chaud, et Komang nous prend en pitié en nous emmenant à la plage de Padang Padang. Changement de décor, fini les temples et les offrandes dans l'ambiance feutrée balinaise typique, ici, c'est le royaume du surf ! Beach boys, planches, bières et naïades en string se côtoient dans une ambiance yankee, je m'attends à voir débarquer Keanu Reeves ou Patrick Swaize, un surf sous le bras…. Les macaques avec leur progéniture sont toujours là, chapardeurs nés…
Retour dans les inévitables bouchons pour notre dernière nuit à l'hôtel. Que restera t il de Bali ?
Des souvenirs vaporeux qui finiront par s'estomper ou pas, quelques images pixelisées, des
babioles sur les étagères, comme des cailloux dans nos mémoires et surtout une ambiance,
si particulière, et la gentillesse des habitants.
Samedi 27 avril.
Dernier matin, un saut dans la piscine, un massage et les derniers achats marchandés pour
liquider la cagnotte en roupies. Dernier repas au restaurant avec une addition digne de
Muriel Robin, et à 14h 40 nous revoilà à l'aéroport pour refaire ces 20 heures à l'envers.
À la douane, Pascal nous refait Steeve Austin et Gilles passe pour un terroriste cachant
une arme de destruction massive, une paire de ciseaux à bouts ronds, qui resteront à Depensar…
Porte 8 on attend notre avion hello Kity, Guillaume se fait un copain magicien...à 16h 45,
on décolle pour Taiwan pour un peu moins de 5h de vol. Nouvel avion, et c'est reparti pour la
course avec le soleil, en passant par le cercle polaire.
Je vous passe les films, l'ennui, les plateaux repas, le cancan des hôtesses en taïwanais,
les yeux pleins de sommeil à se demander l'heure qu'il est, l'arrivée en France, le gris, le froid,
les gilets jaunes, le retard des trains, les grèves….
Mais avec un petit quelque chose en plus, 10 jours d'escapade hors du temps, loin, très loin
de l'autre côté du globe. La bas, les balinais déposent les offrandes, les perroquets à bosse
quittent une épave déchirée pour retrouver les grands fonds, une manta tourne dans le ressac….
Le temps n'en fini pas de s'étirer...
On se l'est dit, on reviendra…
Good bye Bali !