Participants: Gilles Froment Hervé Lichtfouse Edgar Royon Florence Royon Nicolas Venet Pascal et Odile Meygret Maryline Gueydon Stéphane Simonet Geneviève Sansoni-Simonet
Accompagnants: Isabelle Froment Perrine et Charlie Venet
les images sont identifiées avec les initiales des photographes.
GF pour Gilles Froment
HL pour Hervé Lichtfouse
FR pour Florence Royon
S²i pour Stéphane Simonet
Vers 57 avant J.C, les romains, après avoir vaincu les tribus locales, fondent au fond de la baie d'Agay "Portus Agathonis" relié à la Via Aurelia (Rome - Narbonne). Ce n'est que 2076 ans plus tard que l'ASSP Plongée y débarquera en quête de nouveaux sites de plongée, et peut être d'amphores romaines oubliées et recouvertes de sable...? De récipients alcooliques, point ! Mais de belles surprises tant au dessus que sous la surface...
la vidéo
Certains eurent la bonne idée de partir la veille au soir, histoire de profiter sans stress de ce WE de 3 jours. Rocade saturée de poids lourds et de voitures immobiles, code d'accès à la résidence servant d'étape nocturne à St Raphaël oublié, les premiers faillirent se retrouver les derniers, les lève tôt du vendredi roulant sans encombre jusqu'à destination ( ça me rappelle une chanson, devinez laquelle...)
Bref, le groupe au complet finit par poser ses sacs au camping des Rives de l'Agay. Les voitures définitivement à l'arrêt puisque hébergement, restaurant et club de plongée se trouvent dans le même mouchoir de poche.
Le repas expédié, il faut déjà se préparer à plonger. Nouveau club, nouvelles procédures, il faut découvrir les lieux, les bateaux, les locaux. Sandrine et Christine, les patronnes d'Agathonis sont adorables, mais "carrées", organisation et sécurité d'abord ! ça me va bien, soit dit au passage. Mais faut droper !!
Signer les papiers du DP, courir après les inserts Nitrox, analyser les mélanges suroxygénés, modifier les feuilles de palanqués, préparer son matériel, en prêter à ceux qui en manque, réparer une fuite là ou répondre à une question ici, pousser tout le monde au briefing comme un chien de berger, bref pendant une petit demi-heure, c'est un joyeux foutoir !
C'est toujours comme ça, les démarrages. Mais tout finit par trouver sa place, sur le semi rigide, ou sur le dos du plongeur... Briefing très clair sur le tableau blanc, nous partons plonger au Cap Roux. La mer est d'huile et le bateau confortable, bien piloté par Romain qui nous amène facilement sur le site où un club est déjà présent. On s'amarre en remorque et c'est parti pour une petite plongée sympathique, sans dépasser 30 m. Au fond quelques mérous, mais c'est surtout entre - 10 m et la surface que la vie explose, entres sars, castagnoles et autres athérines. Les têtes de roche sont noyées de poissons, la décompression est un bonheur !
Grand mesophylle ou merophyllum expansum, pratiquant la photosynthèse au milieu des des posidonies et du coraligène GF
Quel est cet animal étrange ? sans doute le bras d'une étoile de mer glaciaire, marthasterias glacialis, dont les plus gros spécimens atteignent 80 cm d'envergure. On la trouve des côtes norvégiennes à l'Afrique du sud. la tache rose au bout du bras est un organe photosensible qui permet à l'animal de percevoir la lumière. Carnivore acharnée, elle est la terreur des ostréïculteurs et autres mytiliculteurs, créant des ravages dans les parcs. Certes, mais en 2018 on a découvert qu'elle produit une molécule capable de bloquer des cellules cancéreuses, la roscovotine. voir https://www.la-croix.com/Sciences/Sante/La-roscovitine-molecule-multiples-fonctions-2017-01-10-1200815948 GF
Mais malgré tout, cette première plongée me laisse une sensation bizarre: forfait d'Odile pour cause de mauvaise forme, détendeur qui fuit, purge haute de stab déserrée, sangle de palme cassée, et caméra Paralenz, nouvellement acquise par le club, qui refuse de "paralenzer", batterie déchargée...
cette murène qui semble jaillir sur nous se repose sur des codium bursa ou béret basque, algue verte qui pratique la photosynthèse. à l'interieur, on y trouve des cyanobactéries rouges... GF
Mais que ce passe t il sous le soleil de l'Estérel ? un coup d'oeil sur l'éphéméride me glace le sang: Vendredi 13....
Et pourtant je ne suis pas atteint de paraskevidékatriaphobie, je ne crois pas au jour funeste marqué par le Destin..... Même si le 13 octobre 1307 Philippe le Bel fait arrêter et torturer les templiers, que le 13 décembre 1968 une dictature s'instaure au Brésil, que le vol 571 Fuerza Aérea Uruguaya s'écrase dans les Andes le 13 octobre 1972, que le 13 janvier 2012 le Costa Concodia se pose sur un rocher à l'entrée du port de l'ile de Giglio ou que des fanatiques sèment la mort à Paris le 13 novembre 2015.
Que des vendredis 13.... Que les probabilités et les statistiques expliquent, bien entendu, restons sérieux...
Bon. Retour au club, rinçage et séchage du matériel et douche pour les plongeurs. Maryline n'échappera pas cependant à sa première théorie pour sa formation nitrox, au bar, confortablement installée dans un canapé. Règles d'analyse, composition des mélanges, pressions partielles, loi de Dalton, pression absolue et profondeur plancher, on n'est pas là pour rigoler !!
Enfin si quand même un peu, ces considérations nitroxiques passent très bien avec une gorgée de limonade, 2 cacahouètes et quelques blagues.
Après le repas, tout le monde file dormir dans les bungalows, la journée s'étire dangereusement depuis le réveil plus que matinal de ce matin.
Exit vendredi 13, nous voilà samedi avec une météo qui a eu la bonne idée de se bloquer au beau fixe, et cette fois direction les pyramides au Dramont après vérification du matériel ( fuite réparée, sangle changée, purge revissée, caméra chargée) analyse des nitrox et briefing en bonne et due forme.
C'est plus précisément sur la n°3 que nous jetons notre dévolu, même si un bateau y est déjà ancré ( décidément...). L'avantage avec une pyramide c'est qu'elle s'évase sur le fond: on peut donc passer de l'une à l'autre facilement en plongée sans se perdre. Attention cependant au palier, les pointes se retrouvent distantes l'une de l'autre et selon la visibilité, le doute s'installe...
Pascal observe la grande nacre vide, dépité. Le virus semble proliférer avec le réchauffement des eaux....GF
Les plus audacieux iront flirter avec les 40 m, les autres plus sages resteront sur un fond de 33 m mais tous admireront gorgones, sars et crevettes cavernicoles. Une fois de plus la décompression sera un délice, au milieu des bancs de poissons déchirés parfois par une bonite en chasse... Certains avec un ordinateur un peu trop durci auront du temps pour profiter des poissons...
le corail rouge de Méditerranée, celui des corailleurs plongeant sous l'hectomètre, celui des bijoutiers et des vitrines de luxe... GF
Retour au club, en profitant des roches rouges plongeant dans cette mer bleue, sous un soleil un peu voilé...
Après le repas, Maryline retourne à l'école sur les bancs du club pendant que les autres s'offrent une sieste ! monde cruel....
Cette fois ça se corse un peu, retour de la célèbre règle de 3 et calcule de la profondeur équivalente ou comment plonger au nitrox avec une table air, quand on a pas d'ordinateur paramétrable aux mélanges suroxygénés. Après quelques exercices, c'est pigé, et Maryline croit s'en être sortie.... Pervers, je lui sort alors une petite évaluation par écrit pour valider sa formation...
Là je me prends carrément pour un maitre Jedi formant son Padawan...
Elle planche pendant que les derniers émergent de la sieste....
L'après midi, les dissertations intellectuelles terminées, nous retourneront au cap Roux pour la seconde plongée du jour. Odile est de retour et forme une palanquée avec Pascal, laissant Nicolas et Gilles et duo.Romain nous annonce monts et merveilles, je vérifie le niveau de batterie de la caméra.
On saute à l'eau, enfin on effectue une élégante bascule arrière pour franchir l'interface avec le milieu liquide...... Le sommet de la roche est à - 9m, autour et le long du mouillage d'autres plongeurs sont en pleine désaturation. On part au cap compas pour dégringoler le long de la roche, le fond arrive vite vers - 30 m. Un mérou débonnaire nous accueille, une mostelle se débusque au creux d'une faille, et juste après ça commence.
Un véritable mur compacte de saupes nous passe devant, j'ai du mal à distinguer Gilles et Nicolas derrière ( au passage, ce dernier pour ces premières plongée fait très fort). Encore un ou 2 mérous, des boules de sars dans tous les sens et les saupes reviennent, éclairs verts et or devant nos phares. Maryline attire mon attention sur une jolie flabelline, et nous repartons perdre un peu de profondeur pour faire durer le plaisir.
Un coup d'oeil vers le bleu, en direction de la surface, donne raison à Romain: les bécunes sont là ! en langage plus conventionnel, les barracudas ! Ceux que chantait Claude François en 1978, sous la lumière du phare d'Alexandrie...
Fin de la page nostalgie.
Ces flèches d'argent tournent en spirale sans sembler bouger, suspendues dans le bleu entre 20 m et la surface. Sur la pointe des palmes nous nous laissons porter vers cette tornade vif argent, le coup en hyper extension pour ne rien rater.... Pas la peine, un individu d'un bon mètre nous passe juste à côté....
je filme avec délice ce poisson effilé comme une épée et brillant comme un miroir, profitant de jeux de lumières incomparables sur ces écailles d'argent.
Et les saupes repassent, les sars s'interposent, un mérou insiste pour se faire filmer lui aussi.... Une bonite apparait au milieu des barracudas, et repart chasser dans le bleu. L'effet réserve est évident, quand on laisse un peu la mer tranquille et le rend bien.... Les paliers commencent à arriver, malgré les 30 % d'oxygène du mélange.
Les manomètres, eux baissent en revanche, il faut remonter pour garder un peu de gaz en sécurité. Nous croisons Odile et Pascal en arrêt contemplatif devant ce tableau vivant, et nous poursuivons vers la zone de palier, où des poissons plus petits nous ferons passer le temps.
Quelle plongée !
la photo sous-marine est un sacerdoce, c'est une discipline exigeante, et encore parfois ingrate malgré le progrès des écliarges leds et du numérique. ici Gilles en pleine action......HL
Tout le monde se retrouve sur le semi rigide, des poissons pleins les yeux et les cartes mémoires. Romain jubile, il nous a offert une très belle plongée.
Retour au club, délibération du jury et examen de l'épreuve écrite, et remise officiel du diplôme de "plongeur nitrox" à l’apéritif du soir, où malgré la liesse l'alcool fut consommé avec grande modération.
ordre et beauté, luxe, calme et volupté HL ( pour la photo, le vers est de Baudelaire, vous l'aviez reconnu..)
Après une bonne nuit de sommeil, c'est déjà la dernière plongée sur le sec des Suisses, Proche du Dramont. Ambiance particulière sur l'eau, le soleil peine à sortir et la lumière diffuse crée une ambiance zen et apaisée.
Jolie plongée sur ce sec qui vient taquiner la surface, avant de sonder vers le fond 40 m plus bas. L'eau est très claire, la faune au RDV et nous passons presque une heure pour certains à tourner dans le bleu, en apesanteur. Charme rompu par un énorme bateau de plongée tenant absolument à venir se poser SUR le sec, dans le grondement des moteurs.... Prudent, je m'éloigne et envoie un sac palier vers la surface.
ce chapelet s'appele monnaie de Poseidon ou halimada tuna. on le trouve jusqu'à - 75 m, et il tire son nom d'Halimède, une nymphe marine fille de Nérée et Doris. GF
de retour sous parachute, précaution élémentaire pour éviter de se faire scalper par un chauffard des mers ! FR
Retour au club, ultime rinçage et après les formalités nous prenons congés d'Agathonis, où nous reviendront c'est certain, la beauté des plongées s'alliant à l'aspect pratique du club et de l'hébergement. Une belle adresse, où le rouge et le bleu s'harmonise, avec en bruit de fond Christine qui chantonne tout le temps quelque chose, un sourire inamovible au coin des lèvres...