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31 décembre 2020 4 31 /12 /décembre /2020 16:43

Compte rendu de la plongée au Goul du Pont BSA du 17 décembre 2020

la vasque du Grand Goul, transparente, certitude d'une belle immersion.     photo Philippe Moya

la vasque du Grand Goul, transparente, certitude d'une belle immersion. photo Philippe Moya

Participants : Philippe Moya Gilles Froment Stéphane Simonet

 

sauf mention contraire les images sont de Gilles Froment

Fin du confinement, épisode 2, et début du couvre-feu, le retour. Avec en plus une météo incertaine, il fallait y croire pour préparer cette plongée profonde aux mélanges. Nous y avons cru, et malgré la pluie incessante de ce J – 7 avant Noël, la nature nous a fait un beau cadeau : une eau transparente, une vasque pleine, bref une plongée de rêve où tout, ou presque, a fonctionné…

Les 192 km au départ de Meyzieu avalés, nous retrouvons Philippe sur le site des Gouls, impatient à l’idée de rechausser les palmes. Il faut dire que depuis la sortie de Bormes, le matériel comme les plongeurs étaient restés au sec… La Tannerie coule, et sous le pont du Grand Goul, l’eau est transparente, promesse d’une belle plongée.

franchement, comment résister ?

franchement, comment résister ?

les reflets dissimulent au regard l'entrée du Goul, il faut changer d'élément pour contempler l'univers souterrain.

les reflets dissimulent au regard l'entrée du Goul, il faut changer d'élément pour contempler l'univers souterrain.

La coffre du Lodgy s’ouvre, le capot de la remorque aussi, et le va et vient des sherpas commence. D’abord sortir et monter le bi 20 pour Philippe, aligner l’ensemble des blocs de mélanges sur le bord de la vasque avant de les immerger.

Philippe et Stéphane préparent les scaphandres

Philippe et Stéphane préparent les scaphandres

cet engin flottant, destiné au sauvetage en plaisance, se révèle bien pratique pour suspendre les blocs.

cet engin flottant, destiné au sauvetage en plaisance, se révèle bien pratique pour suspendre les blocs.

Vite prêt, Philippe commence par un aller retour à -6 m pour y déposer sa déco et une 11 litres d’oxygène, joker pour Gilles et moi si d’aventure nos usines à gaz respectives venaient à nous jouer une vilaine farce. Pour faire bonne mesure, il dépose aussi une 2 litres d’argon, non pour faire une soudure mais bien pour renforcer notre confort thermique au palier, et une gueuse de 2.5 kg pour tenir le stop indispensable avant le retour en surface.

la pluie entre en jeu, il est temps de se protéger

la pluie entre en jeu, il est temps de se protéger

encore un instrument à fixer....

encore un instrument à fixer....

ça vaut bien un coup de main....

ça vaut bien un coup de main....

Philippe capelle le lourd bi 20, jamais une partie de plaisir

Philippe capelle le lourd bi 20, jamais une partie de plaisir

le triton, à l'abri, attend son heure...

le triton, à l'abri, attend son heure...

Il repartira ensuite faire sa plongée, non sans s’encombrer d’un nitrox 50 à poser à – 21 m pour Gilles et d’une 11 litres de N32 à déposer vers – 40 m pour moi. Sous terre on plonge souvent seul, mais ça reste un travail d’équipe, sans soutien point de profonde !

Merci Philippe pour la mission sherpa !

encore une sangle à retrouver ou un mano à décoincer

encore une sangle à retrouver ou un mano à décoincer

Autonome sous l'eau , oui, mais avant.... faut parfois se faire aider !

Autonome sous l'eau , oui, mais avant.... faut parfois se faire aider !

l'homme est devenu spéléonaute

l'homme est devenu spéléonaute

Heureux !

Heureux !

Philippe, THE plongeur de soutien. sans assistance, la porte des profondeurs reste fermée. Merci Philippe !

Philippe, THE plongeur de soutien. sans assistance, la porte des profondeurs reste fermée. Merci Philippe !

Pendant ce temps là, dernière vérification des recycleurs et collation légère. Sous la pluie qui ne cessera plus, nous contrôlons une ultime fois les machines, superposons les couches de vêtements techniques, et revêtons nos vêtements étanches, dans nos têtes la plongée a déjà commencé….

le matériel, judicieusement disposé, est prêt.

le matériel, judicieusement disposé, est prêt.

bon, cette fois, c'est sûr, il pleut ....

bon, cette fois, c'est sûr, il pleut ....

Je suis prêt à partir, Gilles se débat avec une fuite d’oxygène qui va le retarder un peu, Philippe étant sorti pourra l’aider, je m’immerge donc avec mon triton sur le ventre, une 7 litres de trimix 11/62 sur le flanc gauche et une 4 litres air à droite pour gonfler mon vêtement. La caméra s’allume pour m’indiquer une batterie à l’agonie, malgré une recharge complète la veille…Pas de film aujourd’hui !

Gilles a réparé sa fuite, le Joki est posé sur la margelle

Gilles a réparé sa fuite, le Joki est posé sur la margelle

J’attrape aussi une 6 litres de Nitrox 70 que je déposerai derrière l’étroiture d’entrée à – 12 m. Je dépasse les blocs de secours à – 6 m et réalise que j’ai oublié de raccorder mon recycleur au diluant. Je m’arrête et me pose que la pente instable et connecte non sans mal mon flexible à l’ADV ( Automatic Diluant Valve )de la machine.

Et c’est reparti !

J’atteins rapidement mais sans me presser le haut du puits à – 18m, et débute ma chute au ralenti vers les profondeurs. Mon but ? explorer la zone entre -60 et – 80 m, que je passe d’habitude à toute vitesse pour atteindre la galerie horizontale à – 80 m et le second puits qui emmène vers l’hectomètre.

en haut mon profil réel, enregistré par mon ordinateur Shearwater NERD. au dessous, la plongée reconstituée sur un logiciel PC, Pastodéco. la légère différence en terme de décompression provient de la PPO2 un plus élevée dans la vraie vie que "sur le papier"

en haut mon profil réel, enregistré par mon ordinateur Shearwater NERD. au dessous, la plongée reconstituée sur un logiciel PC, Pastodéco. la légère différence en terme de décompression provient de la PPO2 un plus élevée dans la vraie vie que "sur le papier"

Là j’ai décidé de prendre mon temps.

Je traine un peu vers 65 /70 m, m’accorde un « touch and go » à – 78 m pour apercevoir le départ de la galerie que Gilles ira explorer de son côté, et remonte dans la zone des 65 m pour folâtrer dans un élargissement de la galerie. Je m’en mets plein les yeux, et juste devant mon œil droit le NERD empile les paliers de décompression…. Après 20 minutes passées sous la profondeur de 50 m et plus d’une heure de décompression au compteur, j’abandonne les ténèbres pour retourner dans le puits. Je passe l’étroiture à – 60, croise Gilles qui descend 10 m plus haut, et entame ma remontée, ponctuée par les paliers de décompression. 1er arrêt à – 27 m, puis – 24 et ainsi de suite jusqu’à – 6 m. je maintiens ma PPO2 sans trop de difficulté, et en profite pour tester mon nouveau chauffage Thermalution, à commande sans fil s’il vous plait et utilisant la technologie F.I.R ( Far Infra Red ou infrarouge lointain).

L’infrarouge lointain (IRL) est une partie de la lumière émise par le soleil et aussi par notre corps. Les ondes IRL pénètrent la peau sans dommage pour la santé contrairement aux ultraviolets et réchauffent les tissus du corps. Ils ont la capacité de pénétrer le corps humain en profondeur. Ils stimulent par vibrations les molécules qui composent notre corps et créent une réaction thermique qui élève la température des tissus. Le corps réagit en dilatant les vaisseaux sanguins ce qui favorise la circulation sanguine, revitalise les tissus et contribue à leur réparation et à leur régénération.

Bref, je n’ai pas encore tout compris mais ce que j’ai bien saisi, c’est que ça chauffe !! Quel confort au palier, au fond j’ai du l’arrêter, il faisait trop chaud dans mon volume….

Gilles sous les reflets commence sa plongée.    photo Philippe Moya

Gilles sous les reflets commence sa plongée. photo Philippe Moya

Vers la fin de mon palier de 6 m, je suis rejoint par Gilles, qui vous raconte maintenant sa plongée :

Plongée de Gilles, mode "on":

Souvent, avec nos plongées avec des dates planifiées plusieurs mois à l’avance, contraintes de service de ceux en activité professionnelle oblige, le risque d’un aléa météo est important.

Cette dernière plongée de l’année 2020, année que beaucoup estampillent à juste raison très particulière, n’a pas dérogé à la règle. Mais, encore une fois, même si c’est passé fin, la chance nous a souri.

Le premier imprévu était le confinement lié à la pandémie. Prévu en définitive de s’alléger au 15 décembre, il fallut attendre quasiment jusqu’à la fin pour savoir que la plongée tiendrait pour la date du 17 sans limitation de distance, A deux jours près, c’est passé fin !

 

Mais avec un retour imposé à 20h, ce qui a changé un peu la donne !

Nous avions initialement prévu une plongée profonde au Petit Goul, plongée longue car la profondeur n’est trouvée qu’à plus de 700m de l’entrée. Plongée de 3 heures minimum et impossible d’être sûr de rentrer avant 20h.

 

D’autant plus qu’un second aléa, météo celui-là, rendait ce projet incertain.

photo drone de Xavier Méniscus (?) montrant les 2 sources, Tannerie et Pont, à BSA

photo drone de Xavier Méniscus (?) montrant les 2 sources, Tannerie et Pont, à BSA

La plupart du temps, ce sont les pluies denses qui rendent les sources non plongeables. Eh bien, dans le cas d’espèce, ce fut l’inverse. Le secteur Ardèche étant en déficit pluviométrique depuis l’été, nous suivions sur les forums dédiés le niveau des deux sources de Bourg Saint Andéol et, pas plus d’une semaine avant, les collègues du coin envoyaient des photos calamiteuses avec des niveaux très bas. Concernant le Petit Goul, cela peut être rédhibitoire à cause d’un passage haut situé à 60 ou 70 m de l’entrée et devenant parfois exondé si le niveau tombe trop bas. Impossible de ramper avec tout notre matos dans cette galerie basse où on tiendrait à peine à 4 pattes en configuration aérienne. Cependant, avec 80 cm à 1m par endroit, on passe facilement en suspension dans l’eau.

la Tannerie à sec ( juillet 2015)

la Tannerie à sec ( juillet 2015)

Prudemment, donc, malgré les aléas, nous nous replions sur le Grand Goul (ou Goul du pont) car toujours plongeable en étiage, même si l’accès est gêné par une grosse marche dans la vasque d’habituellement noyée. Plongée profonde, toujours, en reconfigurant les bouteilles et les quantités de gaz.

 

Finalement, la pluie est revenue, plus éparse au début, plus dense sur la fin de la semaine précédant notre plongée. Et la bonne nouvelle est tombée la veille, le 16 décembre : Les niveaux sont remontés à la normale et les vasques sont claires.

De la pluie étant cependant annoncée pour le 17, on a conservé le plan au Goul du pont pour pouvoir se protéger dessous et ne pas gambader dans la gadoue du parking du Petit Goul lorsqu’il pleut. Le choix s’est avéré perspicace…

La vasque était en effet parfaite avec une eau limpide, mais la pluie dense une bonne partie de la journée, continua de gonfler le réseau déjà rempli par les journées précédentes jusqu’à faire déborder la source dès le lendemain.

le Goul déborde le lendemain de notre sortie !

le Goul déborde le lendemain de notre sortie !

A un jour près, c’est encore passé fin.

 

Avec le débit observé le lendemain 18 décembre, la plonge aurait sans doute été loupée car on n’aurait peut-être pas pu passer l’étroiture de -12m, ni avoir l’aisance de progression nécessaire dans la galerie pour une plongée profonde nécessitant un matériel important et pas trop de courant.

l'étroiture de -12 m, telle qu'elle se présente au plongeur sur le chemin du retour...

l'étroiture de -12 m, telle qu'elle se présente au plongeur sur le chemin du retour...

Mais c’est passé et même très bien passé car les conditions, certes éphémères, furent excellentes.

 

Avec l’aide précieuse de Philippe qui nous met en place comme toujours la plupart des bouteilles de décompression, j’avais prévu de revoir la galerie -80m précédant le grand puits à -110m et de ramener des images, ce que l’on n’a pas le temps de faire lorsque l’on trace pour descendre plus bas sans s’attarder dans cette portion de 25 à 30m de long.

Notamment des images de ce petit plomb rond que l’on appelle « baba au rhum », car il ressemble au moule du gâteau des babas d’antan. Il est devenu un souvenir car posé lors de mes premières plongées profondes au Goul du pont, à l’entrée d’une galerie annexe et étroite qui démarre perpendiculairement à la galerie principale, juste en face du grand puits. Je n’avais pas eu le temps de le faire lors de notre plongée similaire il y a 2 ans (voir CR sortie 11 décembre 2018 à http://asspplongee.over-blog.com/page/3).

La dernière de 2020, sur le fil.....

Comme la dernière fois, nous avions convenu de plonger en décalé avec Stéphane afin de ne pas se gêner dans le trou et s’assurer que le premier était en cours de décompression normale.

L’heure d’immersion de nos ordinateurs indique un écart de 27mn et c’est sous une bonne radée que je m’immerge avec le loco que Stéphane m’a laissé, étant plus lourdement chargé que lui. Passé facilement l’étroiture d’entrée de -12 m grâce à ma configuration plate (seulement 2 petites bouteilles de 3 L dans le dos), le loco s’est révélé très appréciable pour progresser rapidement jusqu’à la tête du puits à – 18m avec mes 3 relais et le recycleur.

N’en ayant pas besoin pour faire des prises de vue dans la galerie profonde, je l’ai laissé là à -18m pour que Stéphane le ramène car, plongeant en dernier, j’aurai pas mal de bouteilles à sortir du trou. Le temps de boire un coup pour me réhydrater un peu et je file sans m’attarder vers -40m pour poser mon premier relais 6 L de Tx 33/29 pour la décompression à partir de -39m.

cette lueur montant des profondeurs, c'est Stéphane, vers - 50 m.

cette lueur montant des profondeurs, c'est Stéphane, vers - 50 m.

C’est là que j’ai vu de loin les phares de Stéphane sur le retour. Le temps d’immortaliser la scène en me calant fermement dans une anfractuosité pour éviter de bouger en pleine eau (avec mes préréglages et la faible luminosité ambiante, l’appareil photo imposa des vitesses de prises de vue très lentes – 1/5 et 1/13éme de seconde – avec risque de flous) et je passe devant Stéphane qui me fait le signe OK en baissant ses éclairages pour que le je vois.

Il y a deux ans, je ne l’avais même pas aperçu à -27m, calé dans un coin de la galerie avec ses éclairages éteints !

Arrivé sur la dalle de -52 m surplombant l’étroiture de -60m, je choisis de passer par la diaclase située en face à -55m. Cela racle un peu sur les côtés avec mon recycleur Joki à droite et mes 2 relais de trimix à gauche. J’en profite pour faire deux clichés de la zone qui s’avèreront, comme tous les autres, un peu sous-exposés avec des vitesses trop faibles. En fait mon éclairage Graal marine de 9600 lumens n’est pas assez puissant pour éclairer correctement au-delà de1,5 à 2m avec l’appareil photo en automatique et j’aurais dû passer en manuel en imposant une vitesse minimale de 1/60ème de seconde au moins. Comme je ne fais pas très souvent de photos d’ambiance, mais plutôt de près, je n’y ai pas pensé sur le coup…

sortie de la diaclase vers - 55 m

sortie de la diaclase vers - 55 m

vers - 72 m

vers - 72 m

En prenant le temps de faire quelques clichés, je descends ensuite le puits hélicoïdal de -65m à -74m en observant le fil réparé avec une chambre à air comme avait fait Stéphane en 2018 et pose mon relais 8,5 L de trimix 15/50 vers -75 près de l’entrée de la galerie profonde.

Je suis désormais en configuration « légère » avec mon recycleur latéral à droite et un relais 10l de Tx 14/54 à gauche.

dans le puits à - 74 m

dans le puits à - 74 m

réparation du Fil par Stéphane, le 11/12/18, toujours en place..

réparation du Fil par Stéphane, le 11/12/18, toujours en place..

à l'air, à cette profondeur, la plongée devient "roulette russe".... sous trimix, le plongeur garde sa lucidité....

à l'air, à cette profondeur, la plongée devient "roulette russe".... sous trimix, le plongeur garde sa lucidité....

début de la galerie horizontale vers - 75 m

début de la galerie horizontale vers - 75 m

La progression dans la galerie, pourtant entrecoupée de pauses photos, me paraît peu fluide et je l’attribue à peut-être un peu de courant, sans certitude car la vasque ne débordait pas. Ou bien l’absence du loco, ce qui change considérablement la donne en progression…

 

J’arrive enfin à mon demi-tour prévu, au-dessus du puits qui redescend en pente forte directement à -110m, clic-clac dans la boîte, et me retourne pour me diriger vers le but final de cette plongée : Revoir posément l’entrée en ½ lune de cette petite galerie secondaire piquée directement sur la galerie principale et explorée il y a quelques années sur 120 ou 130m par un spéléo de haut niveau de la région (Jean-Pierre Baudu qui avait poursuivi le premier fil posé par Xavier Meniscus, sauf erreur dans mes tablettes). Et vérifier si le baba au Rhum était toujours en place.

Diaclase vers - 84 m

Diaclase vers - 84 m

la galerie horizontale à - 79 m

la galerie horizontale à - 79 m

début du puits, vue à - 110 m

début du puits, vue à - 110 m

Eh oui, toujours là depuis le 11 novembre 2003 !

 

Cette fois, j’ai bien pris le temps pendant une bonne minute à regarder en détail cette galerie, sa configuration et lui tirer le portrait. Je me la rappelais plus étroite et moins engageante que cette fois, avec cette eau claire.

 

la petite galerie adjacente vers - 79 m

la petite galerie adjacente vers - 79 m

C’est donc avec des images plus sereines pour de futures plongées que je repars vers la sortie en jetant un œil à mon ordinateur.

Damned : 113 mn de déco ! Alors qu’au cours de parcours dans la galerie profonde, les chiffres me paraissaient cohérents avec une sortie prévisible à 60 ou 75 mn de déco. De plus, le second ordinateur prêté par Stéphane en redondance du mien, programmé de manière un peu plus conservatrice, m’indiquait une décompression moindre. Que passa ?

gros plan sur le plomb "baba" !

gros plan sur le plomb "baba" !

La lumière se réalluma dans ma tête quelques minutes plus tard en voyant que ma PpO2 (pression partielle d’oxygène respiré) était toujours programmée sur 0.9, valeur prévue pour le début de la plongée de l’entrée jusqu’à -18m. En descendant, je devais passer manuellement sur la PpO2 réelle respirée qui augmente avec la profondeur (1,2 à 1,3 bars).

 

J’ai oublié !

Mon ordi, qui commence à être d’ancienne génération, ne permet pas cette bascule automatique permettant d’optimiser le profil de plongée sans prendre le risque que l’ordinateur calcule une décompression très pénalisante, comme si j’avais respiré un gaz moins riche en oxygène, c’est-à-dire plus riche en gaz neutre et donc plus saturant.

Bien que j’aie respiré réellement un gaz à 14% d’oxygène, l’ordinateur a cru que c’était du 10%. D’où la majoration de la décompression.

Dès l’erreur (qui allait dans le sens de la sécurité) dépistée et corrigée, le profil est redevenu plus normal et très proche de celui de l’ordinateur de Stéphane, programmé plus conservatoire en cas d’incident. Comme quoi, mon erreur a été équivalente au facteur de sécurité supplémentaire que l’on avait mis dans le second ordi.

le profil de Gilles, enregistré par le Shearwater Pétrel

le profil de Gilles, enregistré par le Shearwater Pétrel

Ce Noël 2020 a été très généreux par un nouveau gilet chauffant de dernière génération pour les prochaines longues plongées, mais je commence à avoir des idées pour les futures occasions de cadeau et régler cette histoire d’ordinateur bientôt dépassé…Vous me suivez ?

 

Cette anecdote permet de faire le lien avec les difficultés que chaque plongeur a pour estimer le niveau de conservation à mettre dans ses plongées à paliers et nous avons récemment fait des progrès en la matière.

dans le puits en remontant vers - 65 m

dans le puits en remontant vers - 65 m

Depuis juin 2019, nous avons acquis avec Hervé et Stéphane un appareil Doppler miniaturisé permettant, via une société d’ingénierie en plongée qui l’a développé pendant 10 ans et qui interprète les résultats, d’analyser la qualité de nos décompressions sur des plongées en mesurant le taux de bulles circulantes dans le système veineux, avant que le cœur ne renvoie le sang veineux se faire épurer par les poumons.

S’agissant de plongées engagées pour lesquelles nous programmons nous-même nos coefficients de sécurité dans les logiciels de décompression de nos ordinateurs respectifs, nous ne savions jamais trop avec quelle marge de sécurité nous sortions de nos plongées, hormis la sensation habituelle et subjective de « « bonne forme ».

Cet appareil, une fois maîtrisé son emploi assez fin pour le positionnement des prises de mesures, se révèle petit à petit un allié précieux pour encore augmenter la sécurité de nos plongées, quitte à rallonger parfois significativement la durée de nos paliers que nous croyions confortables.

le bilan gazeux de Gilles : 78/100 avec une composante de bulles à 22, soit un résultat excellent

le bilan gazeux de Gilles : 78/100 avec une composante de bulles à 22, soit un résultat excellent

Pour une des premières fois où j’arrive à prendre les mesures correctement et dans les temps (1ère mesure 30mn après la sortie de l’eau pour les plongées à l’air et dès que possible après la sortie pour les plongées sous hélium, puis 30 mn plus tard pour une seconde mesure), le résultat a été satisfaisant pour cette plongée, l’appareil m’indiquant que ma décompression était considérée comme de bonne qualité (heureusement car, pour seulement 7mn dans la galerie profonde, j’ai passé 1h20 pour remonter du fond, temps de remontée au 1er palier de -33m et durée des paliers jusqu’à -6m). Pour les initiés, mes gradient factor étaient de 40/70.

bouteille de nitrox 70 déposée par Philippe vers - 15 m

bouteille de nitrox 70 déposée par Philippe vers - 15 m

Stéphane au palier, - 6 m

Stéphane au palier, - 6 m

La décompression s’est ensuite passée de manière classique sans soucis avec des paliers de 3 m en 3 m à partir de -33 et avec des durées qui augmentent petit à petit. Passé l’étroiture de -12, j’ai eu la surprise de voir encore Stéphane entouré d’un stock de bouteilles au palier de 6m. Il lui restait 15 à 20 mn de déco que l’on a passées ensemble, avant qu’il ne me quitte pour se déséquiper et être pile poil à l’heure pour ma sortie 1/2h heure plus tard, afin de mettre sur la margelle tous ses blocs restés accrochés sous le flotteur dans la vasque, en plus des miens qui arrivaient avec moi.

 

Rentrée sur Lyon plutôt en forme après une telle plongée, mais un tout petit peu après le couvre-feu pour moi. Comme quoi, on a bien fait de ne pas tenter la même plongée au Petit Goul, la logistique étant plus pénalisante. Et la maréchaussée aurait été fondée à nous faire des reproches si elle nous avait contrôlé.

une longue demi heure au palier, merci le chauffage !

une longue demi heure au palier, merci le chauffage !

Plongée de Gilles, mode "off".

Je reprends le clavier pour finir.

je me retourne pour découvrir Gilles qui me rejoint au palier

je me retourne pour découvrir Gilles qui me rejoint au palier

Je sors avec les bouteilles désormais inutiles, après presque 2h passées sous l’eau. Il pleut….. Mais Philippe est là, après un aller retour chez lui, pour s’assurer que tout va bien. Gilles émerge à son tour, nous plions le matériel sans oublier les mesures de bulles avec le capteur O’dive.

mon bilan, grace à Azoth System: 44/100, avec une composante de bulles à 40, et une composante de sévérité à 16....pas top; à améliorer...le profil a été importé directement depuis l'ordinateur NERD, ce qui explique peut être cette composante de sévérité.... quoi qu'il en soit, mauvais résultat malgré un bon ressenti en sortant.....les arcanes de la décompression sont insondables !

mon bilan, grace à Azoth System: 44/100, avec une composante de bulles à 40, et une composante de sévérité à 16....pas top; à améliorer...le profil a été importé directement depuis l'ordinateur NERD, ce qui explique peut être cette composante de sévérité.... quoi qu'il en soit, mauvais résultat malgré un bon ressenti en sortant.....les arcanes de la décompression sont insondables !

cette image, prise par Philippe, mérite un commentaire: pour éviter de souiller le vêtement étanche en l'ôtant, et de se retrouver maculé de boue, le jeu consiste à se déshabiller en équilibre sur la margelle. grosse concentration pour éviter le bain dans l'eau à 12°C, l'étanche aux chevilles...

cette image, prise par Philippe, mérite un commentaire: pour éviter de souiller le vêtement étanche en l'ôtant, et de se retrouver maculé de boue, le jeu consiste à se déshabiller en équilibre sur la margelle. grosse concentration pour éviter le bain dans l'eau à 12°C, l'étanche aux chevilles...

La pluie n’en finit pas, le jour tombe, les bouteilles sont lourdes mais il faut se dépêcher pour rentrer avant le couvre feu. Une excellente journée que ce 17 décembre, pour la dernière plongée de 2020. En espérant que 2021 soit meilleure, c’est tout ce qu’on vous souhaite !!

vu sur le ciel couvert, à travers le verrou subaquatique de la décompression

vu sur le ciel couvert, à travers le verrou subaquatique de la décompression

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commentaires

S
Merci pour le blog :) passez me voir
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