Compte rendu de la sortie au Goul du Pont, le lundi 13 septembre 2010
Participants: Gilles Froment, Philippe Moya, Stéphane Simonet
" Arrivé à 700 m, tu prends la 20 litres de trimix et tu bascules vers le fond. Je m'arrêterai vers 40 m avec les blocs de nitrox pour t'attendre, et tu pourras glisser vers 55 m, prendre le second puits. Si tu prends le loco, tu pourras aller sans problème jusqu'à la côte 800 m, vers 65 m de profondeur..."
Quel plan ! Dans la voiture qui nous amène à Bourg St Andéol, j'y suis déjà. Un morceau de galerie encore inconnu pour moi, évoluer dans l'eau cristalline sans effort, le bourdonnement de l'Appolo dans les oreilles...
Hélas ! Une fois de plus, le plongeur spéléo propose et la galerie dispose.
La tannerie " à sec", photo Gilles Froment
Lorsque nous arrivons, Philippe nous attend déjà sous le pont, dans une polaire intégrale rouge du plus bel effet. Le grand Goul a perdu 2 m d'eau.... et le Goul de la Tannerie, but de notre sortie et de mes rêveries précédente est bien bas, lui aussi. Jamais nous ne passerons l'exondé avec les recycleurs, les 6 relais et le loco.
Préparation du matériel, Famous Moya en tête en casaque rouge photo Gilles Froment
Plan B donc, nous plongerons au Grand Goul ! La plongée est revue à la baisse ( je ne sais pas encore à quel point ). Je plongerai avec Philippe jusqu'à 65 m, et Gilles s'engagera ensuite pour évoluer dans le zone des 40 m, vu son diluant air.
Philippe est vite prêt et s'engage pour voir l'état de la galerie: eau claire après l'étroiture qui elle-même est un "boulevard".....
Stéphane aide Philippe à s'équiper... photo Gilles Froment
et vice versa..... photo Gilles Froment
Que je trouve bien étroit quand je m'y engage vers 9 m: les galets ont envahi la galerie, et ce qui n'était qu'une voûte un peu rude devient un vrai passage sensible, plutôt long à négocier. Une désobstruction s'impose.
Philippe, "le passe partout" du Grand Goul, même avec un bi 20 photo Gilles Froment
Aidé par Philippe, je passe avec mon relais de trimix, et lui franchit la serrure minérale sans difficulté, en bi 20, mon relais de nitrox 32 et ses appareils photos. C'est beau, l'expérience.
Plein d'espoir, sans se douter de la trahison d'une cellule oxy, photo Gilles Froment
Nous progressons jusqu'au puits. Je vérifie ma PPO2: une cellule semble OK tandis que l'autre est comme folle, m'indiquant des valeurs fantaisistes.
en progression vers le puits, l'étroiture négociée.... photo Philippe Moya
Pendant plus de 10 minutes, sous le regard de Philippe, je cherche une solution, éteins le contrôleur et le rallume, rien à faire: J'ai perdu une cellule. 200 km, des heures de préparation et je dois renoncer. La profondeur est là, le gouffre m'attire mais il ne serait pas raisonnable de plonger dans ces conditions.
le chemin du retour après 20' de plongée !! photo Philippe Moya
La mort dans l'âme, j'annonce à mon coéquipier que je rentre: il me propose gentiment de me raccompagner, mais ce n'est pas nécessaire. Je lui indique qu'il peut continuer et je le vois sonder dans le puits;
Bonne plongée, Philippe !
Je rentre tranquillement et me retrouve face à l'étroiture. Ça commence mal, puisque sans aide je me coince une première fois. Je recule, et je me vide la tête ( oui, je sais, c'est rapide )
Cela semble plus large à droite. Je rassemble mon matériel, purge la wing, le poumon du recycleur et....je passe en rampant dans les galets.
Gilles me voit sortir et me gratifie d'un " ben alors ? " Je lui réponds en exprimant vertement toute ma gratitude envers ma cellule oxy.
Bon il s'habille à son tour et s'immerge, en croisant Philippe qui s'est offert une belle immersion et a fait de belles photos. Un bi 20 et 2 détendeurs, c'est fou comme ça marche bien !
La galerie profonde, photographiée par Philippe Moya
C'était décidemment la journée des soucis, puisque Gilles a galéré dans l'étroiture, est retombé en panne d'ordinateur, a perdu dans la vasque son sécateur, au fond une cellule oxygène comme moi...
En considérant qu'en plus, les tables de décompression de secours que je lui ai passées se sont en partie effacées, sa plongée s'est bien passée...-59 m avec les gaz initialement prévus pour moi au Petit Goul. Parti pour flirter avec l'entée de la petit galerie vers -72/-75m, compte tenu de l'étiage, il s'est replié sur un plan plus modeste à cause de ses afficheurs devenus capricieux en fin de progression. Une partie du retour et la déco se sont même faits en circuit ouvert pour être sûr des gaz respirés. 1h40 de plongée et content, malgré les aléas.
Retour de plongée pour Gilles photo Stéphane Simonet
Il y a des jours......où avec le pire, on fait au mieux.
C'est aussi pour ça qu'on apprécie les autres plongées, celles où tout va bien ( si, si il y en a ) et qui nous offrent des images et des sensations inédites. On y retournera, c'est sûr, une fois le matériel réparé.
Faisons les choses dangereuses avec prudence pour pouvoir les faire longtemps.