Participants : Pascal Dreux, Stéphane Simonet, Gilles Froment
toutes les images sont de Gilles Froment
Dernière plongée dans cette grotte le 25 juillet dernier pour une reconnaissance à deux avec Pascal. Prévue en petite plongée d’été, mais qui s’avéra plus trapue qu’imaginée, comme raconté dans le dernier compte-rendu.
CR que je viens de relire pour m’apercevoir qu’il manque une information importante sur le fil d’Ariane. En effet, dans le puits, le début du fil d’Ariane en mauvais état s’était de nouveau partiellement rompu lors de notre remontée et était resté lâche à certains endroits. Le froid et le manque de gaz ne nous avaient pas permis de le remettre en état et nous avions prévu de le faire dès que possible, tant pour les plongeurs suivants que pour nous si nous devions y retourner plus tard.
Avec cette mauvaise visibilité récurrente dans le début du siphon, un fil d’Ariane de bonne qualité est une question de sécurité autant qu’un gain de temps sur une exploration.
On ne devait y retourner qu’à deux et vite expédier l’affaire mais, Stéphane, alléché par l’ambiance spéléo du compte-rendu précédent, en a profité pour se greffer et faire aussi sa petite reco perso en humide, histoire de ne pas rester inculte sur ce nouveau terrain de jeux.
Nous revoilà donc repartis, à trois, en direction de la grotte de la Passerelle pour une petite plongée de rééquipement dans la zone d’entrée du siphon, Pascal en vêtement étanche--le souvenir cuisant de la morsure du froid 3 semaines plus tôt bien présent à l’esprit-- et Stéphane en combinaison humide, n’ayant pas encore fait son expérience de la fraîcheur du trou. Tous les deux en bi 4 + un relais 7L pour augmenter l’autonomie lors du rééquipement. J’ai préféré me cantonner au rôle de sherpa photographe, tant plonger à 3 dans cette cavité, même en équipement minimaliste, paraît compliqué sur une seule journée, le portage étant assez sélectif.
Arrivés vers 9h sur place, horaire quand même assez inhabituel car, en plus de partir tôt pour éviter le gros des embouteillages la source n’est pas très loin de Lyon (105 km et environ 1h20 entre Meyzieu et le Pic de l’Oeillette au pied duquel coule la source).
Petit conciliabule et premier portage pour montrer le chemin à Stéphane et…première surprise en arrivant à la passerelle : Le débit du Guiers mort est sensiblement plus important qu’au mois de juillet et l’entrée du porche de la cavité semble un peu plus inondée. La clarté de la rivière semble également avoir diminué.
Le petit morceau de rive gauche qui était la dernière fois sous 15 ou 20 cm d’eau gérables avec des bottes est désormais couvert par 40 ou 50cm de rivière et cela ne passera pas sans cuissardes ou bas de combinaison. Option est prise donc de déposer tout le matériel au pied du Guiers mort, en bas de la fin du sentier qui mène normalement à l’entrée de la grotte en période d’étiage puis, lors du dernier passage, de tout emmener au fond du porche, juste avant le plan d’eau qui verrouille l’accès proprement dit au siphon.
Pendant ce temps, Pascal partira solo avec cordes, perforateur et accastillage pour préparer les mains courantes destinées à escalader et à redescendre le conduit rocheux menant à la vasque du siphon.
Au second portage, perplexes devant le temps qu’il faudra encore pour tout emmener dans la grotte en combinaison humide, Stéphane fureta du côté d’une vire située 2m au-dessus de nous et balisée comme étant le chemin normal d’accès à la grotte en venant par l’autre sentier d’accès situé sur la rive gauche du Guiers mort, à l’opposé de celui que nous avons emprunté à cause de la proximité du parking sur la route du Désert.
C’est donc par là que nous allons reprendre tout le matériel pour le transporter à sec à l’intérieur de la grotte.
L’attente du retour de Pascal parti installer les cordes sera trompée en faisant des photos d’à peu près tous les angles de vue de la grotte et de Stéphane préparant son scaphandre.
Pascal revenu, tout le matériel en place dont le sien déjà au bord de la vasque, il ne reste plus qu’à remonter à la voiture pour qu’il se mette en vêtement étanche, non sans avoir cassé une petite croûte avant l’effort.
Revenus à la grotte, sans bouteilles pour moi, je peux mitrailler copieusement mes deux collègues afin de bien visualiser la cavité, sa physionomie, ses petites merveilles géologiques et graver le déroulé de nos souvenirs.
Les intéressés en parleraient mieux que moi, car leur plongée fut assez technique par une visibilité entre 30 et 50cm, et une température de 6 ou 7°. Mais les objectifs de remettre un fil en bon état jusqu’à la galerie horizontale et permettre à Stéphane découvrir les subtilités de l’accès de cette cavité ont été atteints. 40 à 50 cm de plus de niveau d’eau ont rétréci encore un peu plus le petit espace pour s’équiper à la mise à l’eau, rendant l’exercice bien sportif.
On n’avait pas vu venir cette petite mise en charge de la source qui peut débiter jusqu’à 5m3/s en forte crue et l’équipe des explorateurs de pointe qui a porté son développement jusqu’à 900m de distance et -96m de profondeur dans le 5ème siphon ont dû avec précision tenir compte de la pluviométrie ou de la fonte des neiges dans le secteur qui impactent l’accès, le courant et la turbidité de l’eau.
Le site https://fr.climate-data.org/europe/france/rhone-alpes/saint-pierre-de-chartreuse-99440/#climate-graph donne des indications intéressantes sur la pluviométrie à Saint-Pierre-de-Chartreuse et il s’avère qu’il pleut assez régulièrement toute l’année, avec 3 mois un peu plus cléments (février, mars et août).
Le relevé des dates de plongée des équipes avec le club de Fontaine la Tronche (FLT) qui ont conduit les plus récentes grandes explorations dans cette source montre que les périodes les plus favorables sont plutôt sur les mois froids où la pluie peut se stocker sous forme de neige (ce qui ne doit pas faciliter les accès par le chemin). Cette neige alimentera ensuite cours d’eau et résurgences lors de sa fonte, rendant difficiles les prévisions de crue.
04/03/1998_15/03/1998_17/04/1999_22/11/1999_16/01/2000_25/02/2000_12/01/2005_
09/03/2005
2016 (-96m) Xavier Meniscus
19/11/2021
En conclusion, une plongée très technique et formatrice, bien que peu profonde, qui nous change des résurgences claires et accessibles que nous pratiquons le plus souvent, et nécessitant une bonne flexibilité d’emploi du temps pour s’adapter aux conditions hydrologiques du secteur.
Et un portage vite pénible en cas d’équipement important à transporter, justifiant que les uns plongent pendant que les autres portent.
On y reviendra sûrement un jour car la grosse galerie du premier siphon le mérite (S1 : 185m / -32m), avec une préparation soigneuse de la date et d’un scaphandre adapté.