Retour à la Douix

Compte rendu de la sortie à la Douix de Chatillon, le 3 septembre 2024

Participants:  Gilles Froment     Pascal Dreux    Stéphane Simonet

toutes les images, ou presque, sont de Gilles Froment

les 3 larrons ! photo prise par Michelle

Sortie pistée avec la météo, pour éviter un débit rhédibitoire pour rentrer, comme lors de notre dernière plongée. Hélas la pluie était au RDV, temps maussade qui ne mettait pas le site en valeur.... Et surtout, le venturi d'entrée s'est révélé infranchissable pour Gilles avec le Panzer Intruder sur le dos et les relais...... il s'est fait plaisir dans la vasque, pendant que Pascal et moi même faisions un aller retour dans la rivière, à peine 200 m avant de buter sur la trémie terminale, infranchissable......  Et puis il s'est aussi fait une copine........ 

Châtillon-sur-Seine, ce n’est pas franchement à côté (285 km), mais cette magnifique source risque de figurer régulièrement au programme de nos sorties plongée-spéléo car elle n’est pas si facile que cela à accrocher. D’une part parce qu’il faut assez peu de pluie pour rendre le siphon inaccessible à cause du courant trop violent passant par le rétrécissement situé à quelques dizaines de mètres de la vasque, mais également car il faut adapter son équipement pour passer ce rétrécissement, sous peine de rester devant la porte et de devoir revenir.
On va vous raconter par le menu cette seconde visite dans cette source, après la première réalisée le 12 mars dernier, à la troisième tentative de dates à cause des crues.
 

On se souvient du chiffre de 5000 l/s donné par les plongeurs ou les clubs qui ont l’habitude de fréquenter le site, comme étant la limite du débit de la Seine, mesuré en amont à la station de Nod-sur-Seine, à partir duquel la source devient non plongeable. En effet, l’expérience a montré qu’une pluviométrie sur cette zone engendrant ce débit local de la Seine avait pour incidence d’augmenter aussi le débit de la Douix au point que le passage du « Venturi » en devienne impossible, voire très dangereux, notamment au retour si on se coince (accélération de la vitesse du courant à cause d’un fort rétrécissement de la conduite).

site buccolique, la Douix de Chatillon est un siphon école, mais pas grand monde ce jour là !

La dernière fois, en mars, ce débit de référence était de 4700 l/s et deux des 4 plongeurs n’avaient pas osé passer en combinaison humide, en bi 10 pour moi et en bi 12 pour Pascal. Trop de courant.
La date de cette seconde incursion à Châtillon-sur-Seine, en côte d’Or (21), à 50 km à l’Est de Tonnerre, siège d’une autre fameuse résurgence (la Fosse Dionne), avait été soigneusement calculée pour tomber dans les périodes probables d’étiage, sans toutefois complètement évacuer le risque d’orages isolés puissants remettant tout à plat.
 

mise en place de l'engin flottant, pour favoriser l'équipement. ce carré nautique permet d'accrocher plus facilement relais, accessoires sans s'emmêler les pinceaux...

J’ai donc suivi distraitement cet été la météo nationale, le soir à la télé devant les Infos nationales, pour vérifier si la région Bourgogne-Franche-Comté était en canicule ou en vigilance pour les orages. Rassuré sur la sécheresse ambiante, ce n’est qu’une semaine à l’avance que j’ai commencé à regarder de plus près les relevés du site du service public d’information sur l’eau de Eaufrance pour Nod-sur-Seine) (https://www.hydro.eaufrance.fr/sitehydro/H0100010/series).
Bingo : débit à 1050 l/s le dimanche 1er septembre ! Et en prime une petite ondée de 4mm annoncée pour le mardi dans la nuit, la veille de notre plongée, mais insuffisante en durée et en intensité pour mettre en crue la Seine et la Douix. 
 

Donc, on y va, sereins.
Tellement serein que je prévois de passer à la gamme au-dessus en équipement de plongée pour moi, afin de pouvoir faire de la durée et des tas de photos. Ce sera mon matériel habituel : Recycleur et 2 relais en redondance + la petite bouteille d’oxygène de 3L + appareil photo en bandoulière + nouveau phare Big Blue 18 000 Lumens + dévidoir de secours, etc.
 

nous ne sommes que 3, et en bon plongeur spéléo, on commence à répandre notre équipement un peu partout....

L’enthousiasme du moment et une mémoire trop sélective m’ont fait oublier l’encombrement de mon recycleur dorsal plus important que le bi 10 de la dernière fois (Recycleur sur une base Dolphin rendant le scaphandre assez épais), mais aussi l’étroitesse du passage dans la roche. Pourtant, j’avais bien mitraillé le coin en photos au mois de mars en restant devant l’étroiture, mais je n’avais même pas pu m’engager dans le passage à cause du courant et donc pas pu évaluer les marges pour passer avec un scaphandre encore plus gros.
Vous avez, je pense, deviné. Je ne suis pas passé, pas à cause du courant qui était net, mais tout à fait gérable en se déhalant sur les 2 chaînes brillantes qui tapissent au sol chacune des parois du passage.
 

Circuit fermé haute technologie contre circuit ouvert basique, un bon vieux Bi 12 des familles...

Tout avait bien pourtant commencé le matin : RV 7h chez Stéphane (lever 5h10 quand même pour tenir cet horaire), départ 7h50 après café, viennoiseries de Pascal devenues traditionnelles et commentaires du matin. 
Arrivée 3 h après à Châtillon, sans pause, mais avec des mines inquiètes dans la voiture à cause de plusieurs averses soutenues sur la route, après la sortie de l’autoroute. Les applications météo ne les donnaient que pour le soir, mais chacun sait que la météo n’est pas une science exacte. Fort de cette certitude, j’avais prévu un K-way que mes coéquipiers avaient soigneusement zappé, en short et babouches d’été et sans de maillot de rechange si on est trempé.
 

Pascal approche, sous la pluie....courbé sous le poids du scaphandre

Après des accalmies, instant de morosité avec une reprise d’une pluie modérée lors de la préparation du matériel et le début du portage. Mais elle s’arrêta vite et mon K-way servit peu, voire même me tint un peu chaud lorsque les premiers rayons du soleil pointèrent un peu avant midi.
Puis tout s’enchaîna comme à l’accoutumée. Vérification de la pression des blocs et mise en pression des détendeurs, montage et vérification des scaphandres, portage jusqu’au bord de la rivière, casse-croûte rapide, long équipement du vêtement étanche et de tout le petit matériel et nous voilà à l’eau en train de nous équiper avec un peu de brume à la surface de l’eau.
 

plus léger, Triton sur le ventre, Stéphane n'est pas loin...

Stéphane, toujours prêt rapidement, est parti devant et servira d’éclaireur pour vérifier le débit du Venturi.
Pascal et moi suivons 20 ou 25 mn après.
Je me présente devant la restriction et, effectivement, le courant est net, mais semble facile à dompter. D’emblée, je vois que mes deux relais latéraux ne passeront pas en même temps. 
 

Pascal s'engage dans la diaclase d'entrée

J’ai pris l’option de passer en circuit ouvert sur un des relais pour éviter tout risque d’essoufflement avec le recycleur.
Après avoir décroché mon 7 L alu, je tente de le faire passer seul en premier en l’envoyant d’une grosse pichenette dans le passage. Raté ! Il revient avec le courant. Tiens-tiens, pas si facile… Au bout de 2 ou 3 essais, j’arrive à le faire passer un peu plus sur un des côtés, afin qu’il se pose dans une petite surlargeur de la galerie, là où le courant est moins fort. Et il y reste.
Il ne me reste plus qu’à m’engager en tenant ma 8,5L de N32 devant moi, tout en protégeant au mieux mon appareil photo et mon gros phare qui raclent dans les cailloux.
 

Pascal et Stéphane devant le venturi...

voilà l'étroiture d'entrée....qui sera verrouillée pour Gilles

Re-raté, cela ne passe pas avec la caisse trop grosse de mon recycleur qui cogne en haut, à droite et à gauche. Peut-être en creusant le passage dans les (petits) cailloux de l’étroiture, comme on fait parfois avec l’étroiture du Goul du pont à Bourg-Saint-Andéol ? Mais je n’ai pas pris la pelle US à cet effet et cela plomberait la plongée de mon binôme qui attend avec son bi 12.

si les chaines sont là, il y a une bonne raison. même avec un débit faible comme aujourd'hui, elles sont indispensables pour passer la restriction sans s'essouffler.....

avec un bon moral, ça passe.... même si derrière, une pause pour récupérer s'impose, surtout en recycleur....

Ce sera donc pour une autre fois avec un équipement plus adapté et moins encombrant. Cette plonge, pour la seconde fois, va se résumer à photographier en long, en large et en travers cette première partie de la cavité, au demeurant bien intéressante.
Je laisse la place à Pascal et il passe quasiment comme une lettre à la poste avec son bi 12 et en vêtement étanche. Bien vu, le choix de l’équipement.
 

ça y est Stéphane et Pascal sont passés.....

Pascal en progression

Stéphane, qui avait de la marge en autonomie sur son recycleur ventral repartira pour accompagner Pascal et ils se régaleront de la beauté de cette résurgence. Fichue étroiture !
On finira par se retrouver tous les trois dans l’entrée de la cavité, l’un à faire des exercices de pose de fil, l’autre mitraillant tout ce qui pouvait se photographier, le dernier commençant à trouver le temps long…
Encore une bien belle et longue journée de plongée, riche en souvenirs dont l’un en forme d’ange-gardien répondant au doux prénom de Michelle.
 

pendant ce temps là, Gilles ne se laisse pas abattre et capture les scultures causées par l'érosion de la roche

ainsi que quelques amphibiens de passage.....

Résidente de la commune depuis de nombreuses années, passionnée pour la propreté du site, elle se dévoue régulièrement pour arpenter le secteur toute la journée en vue de débusquer un détritus qui traîne ou bien encore un malotru qui se soulage indûment sur le bord de la Seine qui coule derrière le parking, alors qu’il existe à 50m une magnifique cabane avec des WC XXL de grande qualité, avec eau courante, savon et sèche-mains. Un grand luxe digne de la meilleure des autoroutes. Bravo la mairie pour cette installation, sans doute très utile lors des périodes de grande fréquentation du parc d’agrément autour de la source.

ou l'animal totem de Schubert.....

Pascal, concentré sur sa progression retour....

Cette charmante dame nous a suivi toute la journée en posant moult questions sur nos équipements, nous racontant par le menu son histoire avec la Douix et nous informant qu’il ne pouvait rien nous arriver car nous étions sous la protection de la vierge, belle statuette blanche installée au-dessus de l’entrée de la source dans un renfoncement rocheux et qu’elle s’employait régulièrement à la faire lustrer.

Photo de la vierge prise lors de la plongée du 12 mars 2024

et nous revoilà, Venturi franchi dans le bon sens !

Pascal remonte la diaclase

Elle poussa même la bonté à nous éviter un laborieux selfie et nous tira le portrait avec mon appareil photo. 
Sans doute le plus en empathie de nous trois pour écouter cette bonne fée et répondre à ses questions, je dus écouter un certain nombre de railleries de la part de mes petits camarades, qui ne perdent rien pour attendre…
 

Et Gilles explique à sa nouvelle amie, gardienne des lieux, les subtilités de la plongée souterraine en recycleur !