Compte rendu de la sortie au Goul de la Tannerie, BSA, 13 mai 2025
Participants: Stéphane Simonet & Pascal dreux
Soutien moral et logistique: Gilles Froment
Visite amicale de Philippe Moya.
Toutes les images sont de Gilles Froment
Journée idéale pour une belle plongée en semaine: soleil, circulation fluide ou presque, eau limpide... seul bémol, notre photographe préféré est toujours sur la touche..... pas d'images subaquatiques donc, et c'est bien dommage vu la clarté de la rivière ce 13 mai.... donc ce CR sera essentiellemnet technique, pour vous faire partager la joie et les subtilités de la plongée en double recycleur....
voici mon profil d'immersion, un peu moins de 3h de plongée, aller retour jusqu'au puits et descente vers - 45 m.
oui en bas à gauche, on sent qu'il fait un peu tiède sous le volume... En haut à droite Pascal reste zen...
je vais donc vous expliquer, à l'aide des courbes de mes ordinateurs connectés ( NERD sur le Triton, et Pétrel 3 sur le Flex 2) la gestion de cette plongée. En passant merci à Pascal qui m'a accompagné un bout de chemin, attendant patiemment que je termine mes tests & essais.
enfin la délivrance dans la vasque, il faut encore capeler les 2 machines. Chaque recycleur dispose de son alimentation en oxygène propre, portée sur la machine. l'alimentation en diluant est assurée par le bi 4 porté en dorsal, chaque recycleur alimenté par son bloc propre la aussi.
Commencons par le recycleur ventral, le Triton, que je garde en redondance de mon recycleur latéral: il ne servira qu'en secours. c'est un recycleur à circuit fermé mécanique, ce qui veut dire qu'il injecte en continu un débit d'oxygène inférieur à mon besoin métabolique, et que je dois injecter régulièrement manuellement le complément.
Durant cette plongée:
- l'injection d'oxygène est condamnée par un flow stop, pour ne pas gaspiller inutilement de l'oxygène. j'ajuste la PPO2 au démarrage puis l'injection d'oxygène est coupée. La courbe rose indique la variation de pression dans ma bouteille d'oxy, la pression reste constante puisque je n'injecte rien ou presque ( pourcentage d'oxy ajusté parfois quand je teste le recycleur ). j'ai consommé 4.5 litres d'oxygène pour le Triton.
- l'ADV (Automatic Diluent Valve) est lui maintenu ouvert: l'augmentation de profondeur, donc de pression écraserait les faux poumons, les mettant vite en dépression avec un risque d'entrée d'eau. pour éviter de devoir penser à injecter du diluant, l'injection reste ouverte. la courbe en haut indique la consommation d'air sur le Triton, soit 40 litres qui se sont injectés automatiquement à la descente.
voyons maintenant l'évolution de la composition du mélange pendant cette plongée, où je le rappelle je ne m'occuppe pas du Triton, hormis des vérifications régulières en respirant sur la boucle pour être sûr de son fonctionnement:
- la courbe marron indique la pression partielle d'azote dans le recycleur. Elle varie selon ma profondeur d'évolution et grimpe à 3.6 bars lorsque j'atteint ma profondeur maximale: c'est normal, Dalton est à l'oeuvre.
- la courbe verte indique la pression partielle d'oxygène. elle tourne autour de 0.6 bar en progression. là aussi c'est normal, je ne respire pas sur la machine, pas d'injection d'O2 la PPO2 reste donc relativement stable. quand j'arrive au bord du puits, et que je teste le Triton, elle est de 0.5 bar. Arrivé au fond, elle est montée à 1.8 bar, ce qui est un peu trop élevé pour respirer. la encore cela est normal, Dalton toujour. si j'avais du passer sur le Triton à ce moment là, j'aurais fait baisser ma PPO2 en injectant du diluant supplémentaire ( en plus de celui injecté par l'ADV durant la descente) à la remontée, la PPO2 redescend normalement et se re stabilise vers 0.5 bar.
un point important, sur la courbe au dessus: elle indique la densité du mélange respiré, ici 6.9 gr/l, soit un plus plus que la recommandation en usage ( maxi 6gr/litre). à 44 m l'air n'est décidemment pas le meilleur mélange, un trimix avec de l'hélium aurait permis de miminuer cette densité, afin de réduire le risque d'essoufflement.
Passons maintenant au recycleur principal, celui sur lequel je respire, le Flex 2.
la plongée est bien évidemement la même. mais le Flex est une machine à gestion électronique: il maintient donc seul la PPO2 que je lui ai fixé, ici 0.7 bar en progression dans la galerie. la courbe verte est donc stable à 0.7 tout au long de la progression, géré par l'électronique embarquée. à la descente, la PPO2 augmente naturellement 1.1 bar du fait de l'augmentation de pression. elle n'atteint pas 1.8 bar comme sur le Triton, car d'une part je respire sur la machine, donc consomme de l'oxygène, et dés que la PPO2 dépasse 0.7 bar le recycleur cesse d'injecter.
la courbe marron, celle de l'azote, reste stable autour de 1 bar, pour grimper à 4.3 bars au fond. la aussi, tout à fait normal.
la pression d'oxygène du Flex diminue elle régulièrement au fil de la plongée, puisque je respire dessus et que la machine injecte régulièrement pour maintenir le "set point" à 0.7 bar.
j'ai consommé ici 132 litres d'oxygène, ( courbe rose) et 320 litres de diluant (injection lors des descentes, et remplissage du vêtement étanche)
en résumé, pour 2h 47 de plongée, j'ai consommé au total moins de 500 litres de gaz, soit à peine l'équivalent d'une 3 litres à 200 bars....
bien entendu, le gain énorme d'autonomie impose un investissement conséquent, tant en temps passé qu'en lingot..... mais quand la passion est là....