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20 septembre 2023 3 20 /09 /septembre /2023 10:43

Compte rendu de sortie à la source du Groin le 5 septembre 2023

une rivière fuyante, qui se défend bien...

une rivière fuyante, qui se défend bien...

Participants : Stéphane Simonet, Pascal Dreux, Gilles Froment

 

 

Toutes les images sont de Gilles Froment.

l'ASSP prend ses quartiers à la source du Groin

l'ASSP prend ses quartiers à la source du Groin

L’avantage, avec nos sorties organisées par le club en semaine en dehors des WE, c’est qu’elles sont programmées à l’avance, avec une date bien définie par ceux qui doivent gérer leurs gardes.

L’inconvénient, avec ces sorties en semaine, c’est justement qu’elles sont programmées à l’avance et que les dates sont difficiles à bouger pour s’adapter à la météo.

à la télé, ils recommandent de ne pas bouger et de rester au frais.....

à la télé, ils recommandent de ne pas bouger et de rester au frais.....

Cela passe le plus souvent car la chance est fréquemment au rendez-vous, mais parfois cela coince un peu lorsque le temps vire au mauvais ou… au trop beau.

Ce fut le cas ce 5 septembre avec un bon 30 ou 31° à l’heure d’enfiler les vêtements étanches à peu près à l’ombre vers 13h, mais en plein soleil pour ramener le matériel à la voiture entre 15h30 et 17h.

La journée fut rude, mais reprenons au début.

Elle avait déjà commencé de travers avec la poursuite des pannes de ma voiture et de son nième séjour chez le garagiste, obligeant ainsi Pascal à se lever aux aurores (5h30) pour me récupérer chez moi avec tout le matos en essayant de passer avant les bouchons du sud de Lyon, puis à aller chez Stéphane atteler sa remorque avec son matériel. Mais les bouchons commencèrent avant d’arriver à Caluire et se poursuivirent sur le périphérique.

bon heureusement pour nous, pas de plage dans le Val Romey

bon heureusement pour nous, pas de plage dans le Val Romey

La plongée spéléo nécessite de la constance…

La suite est plus classique : arrêt-croissants devant une boulangerie de Meyzieu, café chez Stéphane en se racontant les derniers potins, attelage de la remorque et c’est parti pour la destination : le Groin, à une centaine de km dans l’Ain. 1h30 de route environ.

La date n’a pas été fixée avec les aléas du réchauffement climatique et c’est après une série de températures journalières entre 32 et 34° que nous partons, confiants dans un éventuel halo de fraîcheur sur place grâce à la verdure et à l’encaissement de la cavité.

tant qu'on est à l'ombre, il fait frais.....

tant qu'on est à l'ombre, il fait frais.....

Ce sera vrai la première heure de mise en place, puis de plus en plus faux, les 30 ou 31° annoncés par la météo arrivant gaillardement au moment de s’équiper.

Le Groin, cette fois, est en bas, comme on s’y attendait. L’orage une dizaine de jours auparavant était passé depuis longtemps et nous pensions que l’eau avait eu le temps de décanter, mais l’aspect saumâtre de la vasque commençait à refroidir nos ardeurs. Peut-être était-ce les restes du passage d’une équipe de plongeurs juste avant nous, car la source est connue des batraciens de la région ?

Stéphane et Pascal au bord de ce qui reste de la vasque, dubitatif sur la visi....

Stéphane et Pascal au bord de ce qui reste de la vasque, dubitatif sur la visi....

La désillusion fut assez sévère pour Pascal qui s’était fait un bon film sur la cavité entre nos descriptions de plongées passées et la banque de photos assez abondante disponible, ainsi que des vidéos sur Internet. Moins d’un mètre de visibilité ! Raté pour la vision d’ensemble de la cavité.

L’objectif en pongée de la sortie était modeste en distance car Pascal, récemment qualifié PS1 en plongée souterraine, découvrait la source et en profitait pour perfectionner son équipement et sa configuration (Bi 10 + relais 7L). Ses calculs d’autonomie devaient lui permettre, accompagné de Stéphane, d’aller jusqu’à l’étroiture située à un peu moins de 200m de l’entrée.

mise en place de la main courante pour sécuriser le matériel

mise en place de la main courante pour sécuriser le matériel

perforateur en action !

perforateur en action !

Cette « étroiture » est en fait une lucarne en paroi d’environ 70x80cm qui se prend 1,50 plus haut en se mettant bien à l’horizontale et en tournant de 90° sur la droite. Elle passe bien avec un bon bi dans le dos ou un recycleur et un relais de chaque côté. Mais cette perspective encore inconnue avait pas mal préoccupé Pascal, toujours très méticuleux et pointilleux dans la préparation de ses plongées, en nous posant tout un tas de questions sur la manière de la franchir. On verra plus loin que cet objectif sera à programmer de nouveau…

le sommet du déversoir sableux.....

le sommet du déversoir sableux.....

De mon côté j’avais prévu d’aller repérer l’entrée de la « Galerie des Lyonnais », explorée et prolongée par le CDPS Savoie FFESSM il y a quelques années (CDPS = Comité départemental de plongée souterraine). Elle est située à 350m de l’entrée et on ne l’a jamais vue lors de nos précédents passages dans la cavité.

10h 59, c'est précis, la main courante de la vasque est en place...

10h 59, c'est précis, la main courante de la vasque est en place...

Le second objectif, et non des moindres, était de tirer parti des compétences de Pascal en manœuvres de corde et autres mouflages, afin de gagner en ergonomie et en fatigue quant à la mise en place du matériel et à l’équipement dans l’eau. Celui-là fut largement atteint et nous avons beaucoup progressé. Merci pascal !

première main courante installée en arrivant !

première main courante installée en arrivant !

Une des difficultés est de s’équiper dans l’eau avec tout le petit matériel et les relais, le recycleur ou le bi dorsal ayant le plus souvent été capelé à sec à partir des petits promontoires rocheux sur les côtés du talus de sable. La pente est prononcée et on perd vite pied, pendant que l’eau se trouble rapidement. Il faut tout attacher, soit sur le sable qui se mettra partout, soit en pleine eau sur le carré- flotteur de Stéphane, ce qui avait déjà été un gros progrès par rapport au sable.

11h14: le matériel commence à arriver au sommet de la dune, on aperçoit la luge à gauche de l'image.

11h14: le matériel commence à arriver au sommet de la dune, on aperçoit la luge à gauche de l'image.

11h 19, le soleil commence à chauffer....

11h 19, le soleil commence à chauffer....

Toujours ingénieux, comme pour la tyrolienne qu’il avait mise en place au Goul de la Tannerie, à Bourg-Saint-Andéol, Pascal concocta en 3 coups de perforateur une superbe main courante bien tendue au-dessus du bord de l’eau sur laquelle, petit à petit, s’alignèrent une ribambelle de matériel regroupés pour chacun de nous trois. Avec le carré flotteur de Stéphane qui servait de point d’appui central pour que cette ligne chargée ne coule pas sous son poids, ce fut un must pour nous équiper.

le triton arrive...

le triton arrive...

...suivi du bi de Pascal à 11h 23

...suivi du bi de Pascal à 11h 23

11h 29, Pascal s'est trouvé une plateforme pour poser son barda.

11h 29, Pascal s'est trouvé une plateforme pour poser son barda.

Au moins pour cette raison, cette 19ème plongée au Groin pour moi restera dans les annales. L’autre raison sera la turbidité…

11h 49, les premiers relais touchent l'eau

11h 49, les premiers relais touchent l'eau

merci les cuissardes et autres Weiders pour attacher tout ça !

merci les cuissardes et autres Weiders pour attacher tout ça !

Cette corde transversale a également été un fameux point fixe pour raccorder le début fil d‘Ariane qui s’était joyeusement fait la malle plus bas au pied du talus de sable, vers l’entrée rocheuse de la source. Un petite recherche de fil « à l’aveugle » permis de tout remettre en ordre et de raccorder le fil d’origine cassé sur son becquet initial, en rive droite de la résurgence, comme il était auparavant.

l'ombre s'enfuit à toute vitesse devant la montée inexorable de l'astre solaire...

l'ombre s'enfuit à toute vitesse devant la montée inexorable de l'astre solaire...

la luge va remonter...

la luge va remonter...

12h ! tout est en place !

12h ! tout est en place !

« Rien que » l’installation de cette main courante en hautes cuissardes, avec plusieurs allers-retours préalables pour descendre tout le matériel avait pris un peu de temps à Stéphane et Pascal, sans entamer leur moral, mais juste un peu leur résistance physique.

13h10, en avant vers la vasque !

13h10, en avant vers la vasque !

grâce à cette main courante, l'équipement est plus aisé

grâce à cette main courante, l'équipement est plus aisé

Parallèlement, Pascal avait aussi installé une luge plus performante que celle recyclée de nos enfants que nous utilisions les fois précédentes, ce qui avait déjà représenté un gros progrès par rapport à la claie de portage en se déhalant sur une corde posée au sol. Dans une pente de sable à 20 ou 25%, c’est un pas en avant et deux en arrière par dérapage, avec un effort cardiaque digne de notre jeunesse !

un peu de concentration, tout doit trouver sa place...

un peu de concentration, tout doit trouver sa place...

méthode rigueur et discipline, on y arrive !

méthode rigueur et discipline, on y arrive !

C’est donc avec un système de mouflage bien plus élaboré que notre simple manœuvre de pendule que nous avions mis au point avec Stéphane (une poulie en haut de la pente et un pékin qui tire la corde en descendant le talus pour faire remonter la luge avec le matériel lourd), que Pascal améliora le dispositif de transport des charges, tant à la descente qu’à la remontée.

pendant cette phase de préparation, chaque plongeur commence déjà sa plongée

pendant cette phase de préparation, chaque plongeur commence déjà sa plongée

Plus besoin de faire des allers-retours. Un en haut qui retient la corde à la descente ou la tire à la remontée et un autre en bas qui réceptionne la luge ou la charge avant la remontée.

Du bon boulot à la chaîne qui laisse envisager des plongées plus engagées nécessitant plus de relais en redondance et surtout plus gros et plus lourds.

prêt !

prêt !

derniers échanges verbaux avant l'immersion

derniers échanges verbaux avant l'immersion

ensuite ce sera échanges de signes, et mouvements de lumière....

ensuite ce sera échanges de signes, et mouvements de lumière....

Il est cependant apparu que l’opérateur qui tire sur le mouflage démultiplié en haut du talus doit avoir de bons bras et une condition physique optimale, car ce n’est quand même pas de la tarte ! Pascal, à la manœuvre, ne me contredira probablement pas.

Stéphane et Pascal sont partis, Gilles termine sa préparation et prend une dernière photo aérienne

Stéphane et Pascal sont partis, Gilles termine sa préparation et prend une dernière photo aérienne

Un treuil à étudier ? J’ai l’impression que l’idée est en train de murir et, décidément, Pascal s’avère un coéquipier précieux pour la logistique.

Ça y est : Tout est en place et il est aux alentours de midi, après 2 heures de mise en place. L’heure de casser une petite croûte, de se réhydrater fermement car on a déjà perdu pas mal d’eau puis, sans trop perdre de temps car après la plongée il faudra tout remonter avant qu’il ne fasse nuit, commencer à s’équiper leeeeentement, le plus à l’ombre possible afin de ne pas perdre 3L dans l’opération, avant de rejoindre son scaphandre soigneusement positionné pour pouvoir être capelé aisément, engoncé dans un vêtement étanche emprisonnant de nombreux et épais sous-vêtements ou gilets chauffants.

voilo grosso modo ce qui nous attendait dans le siphon..... décevant, avez vous dit ?

voilo grosso modo ce qui nous attendait dans le siphon..... décevant, avez vous dit ?

Bref, un petit parcours du combattant avant, enfin, de se retrouver dans cette délicieuse vasque aussi fraîche que marron.

9°, c’est le tarif du Groin en été.

heureusement que le photographe à du talent et de bons éclairages déportés pour échapper aux particules....

heureusement que le photographe à du talent et de bons éclairages déportés pour échapper aux particules....

sinon impossible de faire ressortir cette lame rocheuse

sinon impossible de faire ressortir cette lame rocheuse

Ça y est, nous sommes tous les trois dans l’eau, chacun se préparant selon son rituel et son ordre préférentiel d’harnachement.

une marmitte creusée par les galets....

une marmitte creusée par les galets....

des cornes ( celles du Diable) émergent du brouillard subaquatique

des cornes ( celles du Diable) émergent du brouillard subaquatique

Stéphane et Pascal sont donc partis ensemble à 13h36 selon l’horodatage des photos. La turbidité de l’eau rendant l’usage des phares de tête inutiles à cause du halo créé par la réflexion de la lumière sur les particules et la relative étroitesse des lieux sur certains passages, Stéphane décida sagement d’écourter la progression par mesure de sécurité pour une première immersion dans une résurgence inconnue pour Pascal. 20mn de plongée après un tel travail de mise en place, cela se nomme une frustration. La lucarne, trop éloignée ,  sera pour une prochaine fois.

nous n'avons même âs vu l'étiquette des 100 m....

nous n'avons même âs vu l'étiquette des 100 m....

bizarrerie de la nature qui sculte des museaux dans la roche...

bizarrerie de la nature qui sculte des museaux dans la roche...

Et il restait à remonter les 150 à 200kg de matériel le long de ce fichu tas de sable !

le fil d'Ariane, vers 180 m de l'entrée..... précieux.

le fil d'Ariane, vers 180 m de l'entrée..... précieux.

Quant à moi, l’objectif de fureter dans une galerie parallèle à 350m de l’entrée a été revu à la baisse à cause de la mauvaise visibilité rendant le projet peu intéressant, mais aussi à cause du froid.

Dès la mise à l’eau, l’agréable rafraîchissement de l’eau froide lors du réglage de l’équipement, à genoux face au tas de sable a été rapidement remplacé par de petits frissons, sans doute favorisés par l’humidité de la transpiration préalable.

la roche sombre est recouverte d'un léger limon

la roche sombre est recouverte d'un léger limon

C’est l’inconvénient de ce nouveau vêtement étanche Procéan en toile qui présente par ailleurs pas mal d’avantages autres (pas de variation de pesée à la descente car pas d’écrasement de l’enveloppe, contrairement au néoprène, faible encombrement lors du rangement, séchage intérieur plus facile, habillage-déshabillage seul plus facile…lorsqu’on a pigé le coup) : Il n’y a aucune isothermie assurée par la toile !

vers la lucarne, 11m de profondeur, à côté de l'ordinateur la commande à distance du gilet chauffant

vers la lucarne, 11m de profondeur, à côté de l'ordinateur la commande à distance du gilet chauffant

Il faut donc compenser par des sous-vêtements de qualité, suffisamment nombreux et épais et même rajouter un gilet chauffant pour les frileux comme moi. Chauffage mis en route sur niveau 1 dès le début donc, puis rapidement sur niveau 3 le reste de la plongée.

14h 37, Gilles fait demi tour, la main sur le Fil.....

14h 37, Gilles fait demi tour, la main sur le Fil.....

Plutôt que la faible visibilité qui limitait les photos d’ambiance, mais autorisait quelques clichés rapprochés avec un éclairage latéral pour shunter les particules, c’est le froid qui me fit rentrer après avoir passé la fameuse lucarne des 200m.

encore une forme étrange....

encore une forme étrange....

Cela faisait 6 ans que je ne l’avais pas passée et j’avais à cœur à me la remettre en tête avec mon assez volumineux recycleur dorsal (Base Dolphin semi-fermé transformé en circuit fermé) et 2 relais (9 et 8,5L), afin de restituer de bonnes informations pour Pascal et le rassurer sur la faisabilité du passage avec son équipement. La trop faible visibilité ne m’a hélas pas permis de capter l’ouverture avec le recul suffisant pour la voir en entier et cela ne donne pas grand-chose sur les photos. A refaire !

Emersion !

Emersion !

Au bout d’1h21 de plongée quand même, je ressors assez satisfait d’une plongée plutôt technique à faible visibilité dans une cavité qui ne m’est pas inconnue, puisque c’est ma 19ème visite depuis la première, il y a pile 30 ans (10 août 1993). J’étais allé en 150m en bi 12 et mon ancienne combinaison humide CKL, mais n’était resté que 39mn pour 13m de profondeur, contre 15 cette fois. Le niveau de l’eau était 2 m plus bas.

Stéphane vient aux nouvelles avec la luge

Stéphane vient aux nouvelles avec la luge

et ça remonte !

et ça remonte !

Mon enthousiasme de fin de plongée fut vite tempéré en observant la tête de mes deux compères en train de commencer à remonter le matériel. Le visage marqué et un peu fermé par l’effort de certains, je me dis qu’il ne me faut pas traîner pour aller leur donner un coup de main. Douce utopie, car le temps de me déséquiper et de tout accrocher à cette merveilleuse main courante en travers de la vasque, puis de remonter le talus avec l’appareil photo pour ne pas perdre une miette de l’évènement, ensuite de remonter à la voiture me déséquiper solo, ils avaient quasiment terminé pour leur matériel. Restait le mien, qui n’était pas des moindre.

pas rapide mais mieux qu'à la main !

pas rapide mais mieux qu'à la main !

Pascal, maitre cordes & mouflages

Pascal, maitre cordes & mouflages

Ce fut fait après encore au moins 3 voyages de luge, jusque vers 16h, puis vint le bouquet final consistant à tout remonter de la plate-forme de déchargement en haut du talus de sable jusqu’à la voiture, en empruntant le petit chemin caillouteux.

15h 45, comme sur la photo la vue se brouille...

15h 45, comme sur la photo la vue se brouille...

Le temps de tout ranger et de nettoyer les sables restés collés aux basques ou sur quelques matériels dans l’astucieux et opportun bac à eau prévu par Stéphane et nous voilà vers 17h sur le retour, légèrement fourbus pour la plupart d’entre nous.

oui il fait chaud....

oui il fait chaud....

Meyzieu pour poser Stéphane, Caluire pour moi et c’est la nuit bien installée que Pascal termina ce joyeux périple très formateur.

ce maudit Panzer pesant 10 tonnes est enfin sorti !!

ce maudit Panzer pesant 10 tonnes est enfin sorti !!

Qu’on se le dise, la plongée spéléo à l’étiage, l’été, en bordure de canicule, est à réserver à une population entrainée et très motivée, de préférence jeune. Pas sûr qu’on la refasse rapidement dans ces conditions, mais le Groin reste une magnifique et exigeante résurgence, auprès de laquelle on reviendra un jour.

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