Compte rendu de la sortie Bormes -les- mimosas des 27 28 29 Octobre 2023
Participants: Sylvain Dupuy ( organisateur ) Joëlle Dupuy Gilles et Jérôme Froment Hervé Lichtfouse Marion D'Olivera Eric Bernard Stéphane et Alexandre Simonet Geneviève Sansoni-Simonet Maryline Gueydon Didier Dravet Philippe Moya Frédéric Montageron Edgar, Florence et Thibaut Royon Pascal Meygret
Acompagnants: Isabelle Froment Odile Meygret Françoise Lichtfouse Soon Pierre-Alexandre Gueydon Maureen Véronique Orenga de Gaffory
Les images sous marines sont de Gilles Froment, les images terrestres de Gilles, Florence Royon et Isabelle Froment.
Ce compte rendu a été rédigé par Pascal Meygret.
Pour la première fois, cette année, l’Hôtel de la plage, avec son accueil, son confort et sa gastronomie, aura été la destination de deux sorties de l’ASSP, l’une en Avril et la seconde, traditionnelle, pour le dernier week-end d’ouverture de l’hôtel et la clôture de sa saison.
Le groupe Froment-Meygret était arrivé le jeudi après-midi ainsi que le trio Lichtfouse (avec notre petite mascotte Soon) comme pour vérifier que la mer était bien toujours là avec l’hôtel et que son niveau gastronomique n’avait pas diminué… tout était parfait.
Par covoiturages organisés les arrivées s’échelonnèrent et le vendredi en fin de matinée tout le groupe se retrouva pour prendre possession des chambres, déposer son matériel au club et prendre un premier repas en commun. Seuls manquait à l’appel Jérome qui arriva de Nice en Soirée après le repas et, surtout, deux électrons libres, notre nouveau président et madame qui étaient descendus en éclaireurs depuis quelques jours à St Raphaël pour garantir la météo et nous ont rejoint le samedi matin.
Tout était donc au mieux mais, s’il ne pleuvait pas et même qu’il faisait bon au soleil, la mer avait décidé de sortir ses blancs moutons au point d’interdire à l’Arsinoé du club de nous traverser jusqu’aux iles ! Résultat : pas de plongée réalisable le vendredi après-midi, et un peu d’inquiétude pour le lendemain matin.
D’aucun aurait pu penser que le président avait déchainé les éléments pour qu’on ne plonge pas sans lui… Mais « Hauts les Chœurs » l’après-midi fut mis à profit pour une ballade sur le port, ou une visite pédestre du Vieux Bormes ou encore l’ascension de Notre Dame de Constance.
En bref, pas de plongée mais de belles photos et de bons moments de partage entre nous tous.
Samedi matin, le vent annoncé mais ayant faibli, rendez-vous à 8 h au bateau et départ pour la traversée jusqu’à la pointe de la galère.
phare bien utile pour dénicher par exemple cette agelas orangée ou agelas oroïde, que l'on peut trouver jusqu'à - 50 m de profondeur. Cette éponge possède des cellules étudiées pour leur pouvoir anticancéreux...
..ou encore ce congre conger conger dont les plus gros spécimens atteigent 2 m de longueur. Chasseur nocturne, il va se reproduire entre 1000 et 4000 m de fond, 1 seule fois dans sa vie, puisqu'il meurt sitôt son devoir accompli.....La femelle avant de passer à trépas pond 8 millions d'oeufs tout de même.... repensez y la prochaine fois que vous en verrez un, cela signifie qu'il ne s'est pas encore reproduit.....
un peu loin, en pleine eau cette fois, voici qu'apparait un banc de sars à tête noire diplodus vulgaris, poissons très grégaires commençant leurs vies comme mâle puis terminant comme femelle...
Cette dernière n’a jamais si bien porté son nom… était-ce prémonitoire ? Le moteur babord de l’Arsinoé qui avait tourné comme une horloge toute la saison au dire du club, s’est mis à nous enfumer et à contraindre le pilote de finir sa traversée sur une seule hélice dans une petite ambiance d’incertitude plutôt désagréable.
devant lui une sarabande de bogues ou Boops boops. son nom signifie "bouche" et malgré sa petite taille sa dentition est très coupante ! les alevins possèdent les gonades mâles et femelles, et la nature décide lorsqu'ils atteignent la maturité...
la voici en prise de vue macro, encore merci à Gilles notre photographe pour passer autant de temps "à chercher la p'tite bête"...
Mais comme cette plongée fut belle ! Bonne visibilité, faune encroûtante multicolore et poissons en abondance ; bateau au corps mort et plan d’eau calme à l’abri du vent, idéal pour une première (surtout en perspective avec l’état de la mer de la veille !)
sous leurs palmes, se cache cet apogon ou apogon imberbis que l'on peut retrouver jusqu'à 200 m de profondeur. Une particularité, les oeufs incubent dans la bouche du mâle qui jeune pendant 1 semaine.
juste à côté un serran écriture ou serranus scriba, qui doit son nom aux dessins sur sa tête. encore une fois, merci au photographe ! et il est hermaphrodite synchrone, à la fois mâle et femelle... ( le poisson, pas le photographe..)
et pour vous montrer la différence voici un serran chèvre serranus cabrilla, sans dessin.... et lui figure comme ingrédient de choix dans la bouillabaisse....
voici une anémone aiptasie verte ou aipatasia mutabilis, avec ses tentacules en forme de flamme. elle expulse des aconties ou filaments gluants et urticants en cas de menace...
pas très loin de notre anémone, une ircinie variable ou ircinia variabilis, éponge présentant la particularité de concentrer tous les éléments radio actifs provenant des explosions nucléaires... heureusement, à Port Cros, on est assez tranquille côté champignon atomique...
Le retour fut un peu laborieux et déjà la projection pour la plongée de l’après-midi se réduisait à l’ilot de la Fourmigue.
les ferrailles englouties ou fortune de mer attirent toujours les plongeurs. Un parfum d'aventure s'en dégage, la faune y est souvent au RDV, et s'aventurer dans les carcasses abandonnées engendre à chaque fois un petit frisson sur la nuque...
en cherchant bien, on peut trouver du faux corail ou myriapa truncata: malgré un exosquelete calcaire comme le corail rouge, son embranchement est différent; c'est un bryozoaire, pas un cnidaire ( oui je sais, là on est dans la discussion de salon pour frimer un peu..)
Mais au diable ! Cette plongée archi connue est tout de même réputée pour son épave du Spahis, un petit vapeur d’une cinquantaine de mètres lancé à La Seine en 1864 et qui vint par une nuit de fort orage s’échouer et finir sa vie contre l’ilot de La Fourmigue en octobre 1887 (l’histoire raconte que la grande majorité de sa centaine d’occupants fut secourue sur l’ilot par les pêcheurs du Lavandou au lendemain matin). Toujours cahin caha notre Arsinoé boiteux et son équipage vaillant nous mena réaliser encore une très belle plongée sur cette épave éparpillée qui a permis encore de superbes photos et films sur un belle proue et son bout d’étrave et ses chaudières bien habitées.
posé sur la roche et confiant dans son camouflage, un chapon ou Scorpaena scrofa, à la piqure redoutable nous attend....
cette étrange oreille est une algue la peyssonnelia squamania. enfin j'espère car il existe 15 espèces différentes, pas toujours évidentes à reconnaitre
en croisant parfois un plasticus degouticulus, déchet humain jeté par un gros D.......... qui mettra plus de 20 ans à se dégrader, en finissant dans l'estomac des poissons....
La soirée fut bien chargée : discussions après plongées ; apéros et plaisir de retrouvailles entre nous et nos famille et amis venus se joindre au groupe ; une petite réunion de bureau ; mais surtout projection par Stéphane du montage vidéo de la sortie de L’Estartit (SP) du mois dernier avec Bonus sur la « féria des pirates et des corsaires » et projection du film de notre première expérience à l’Estartit l’an dernier qui nous a permis d’apprécier encore plus l’amélioration de la qualité de l’eau et le choix judicieux d’y être retournés en Septembre ; et la finale de la coupe du monde du rugby pour les amateurs dans le salon de l’hôtel.
A quoi rêve t on après une journée de plongée ? peut être à l'éclat furtif d'un bécune à tête jaune ( sphyraena virdensis)
Dimanche matin, météo toujours clémente mais avenir sombre sur notre plongée… le club craignant vraiment la panne ou l’insécurité trop importante avec son Arsinoé malade ( le semi rigide habituel « plan B » ayant un boudin à plat en attente de réparation) proposait à notre DP une nouvelle sortie à la Fourmigue ou au cap Bénat… d’aucuns tordirent le nez, ce dernier site notamment ne présentant à leurs yeux que vraiment peu d’intérêt. Au chargement sur le bateau, la destination du cap Bénat s’étant précisée un de nos binômes décida de renoncer et de retourner à quai.
ceux qui plongèrent purent observer cette éponge pierre ou petrosia ficiformis. les taches blanches visibles sont le résultat des attaques d'un doris dalmatien qui récupère au passage le polyacétylène toxique recouvrant l'éponge pour le garder comme arme chimique en cas d'agression...
cette éponge encroutante bleue phorbas phorbas héberge une ascidie marron, un aplidium café au lait ou aplidium fuscum
dernière touche de couleur chez les éponges avec cette éponge jaune des balanes ou protosuberite denhartogi...Et il ya un poisson sur cette image..... cherchez bien.
enfin celle ci, que je ne parviens pas à identifier...... on roule avec des rovers sur Mars, mais quid de cette éponge ? il reste encore des choses à décourvir sous la mer....
La suite donne à réfléchir :
Nous partîmes donc (avec trois ou quatre autres plongeurs du coins, expérimentés) en remettant notre avenir entre les mains de l’équipage qui a vraiment été au top et tout fait pour nous. Après avoir tenté une approche à La Fourmigue mais renoncé pour cause de sécurité (récupération des palanquées en pleine eau sur un navire très mal manœuvrant et risquant la panne pendant le plongée) notre trajet s’allongea en se détournant ver le Cap Bénat, en louvoyant dans une houle de face
derrière ces anémones encroutantes jaunes parazoanthus axinellae, se cache un axinelle plate ou axinella damicornis.
puisque nous sommes dans la couleur, voici une magnifique Hervia ou cratena peragrina qui elle aussi ne nourrit d'hydraires pour en récupérer les cellules urticantes et s'en servir de défense...
A coup de ralentis et d’arrêts dès que le compte-tour du moteur survivant passait sa limite de sécurité, nous arrivâmes au milieu de la baie, au bout de dizaines de minutes longues, certains d’entre nous concentrés sur leur comportement gastrique. Enfin nous sentîmes notre trajectoire s’incurver vers les iles et sans information de l’équipage qui restait concentré sur sa navigation dans son poste de pilotage et ne voulait annoncer de fausses promesses, la pointe de la galère se rapprocha lentement.
Terre ! Hourra !! Nous étions arrivés sur le plan d’au calme de la veille, amarrés au corps mort. Et, bien tranquilles pour nous remettre de nos émotions en se préparant, nous avons pu réaliser une plongée superbe . Différente de la veille comme toujours quand on plonge à nouveau sur un même site, ne serait-ce que par la modification des palanquées et par la merveilleuse incertitude de la présence des poissons au gré de la plongée. Audaces fortuna juvat ! (la chance sourit aux audacieux).
voici du cladocore en touffe ou cladocoria clavata, observable jusqu'à 50 m de fond. depuis 2015 il est classé "en danger" par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature ( UICN)
une ascidie rouge, halocynthia papillosa, animal discret qui fuit la lumière. il filtre des particules jusqu'à 70 microns pour se nourrir. Sa tunique contient un "antifooling" naturel, la tunicine, pour empêcher les autres organismes de s'y fixer
Passons sur le retour qui fut à peine plus rapide que l’aller si bien que celles qui nous avaient espérés de retour et nous attendaient sur le quai ont patienté une bonne heure sur un horaire déjà imaginé tardif. Heureusement nos hôteliers sont d’une patience et d’une adaptabilité hors du commun, cela aussi fait partie de la classe de la sortie Bormes-les-Mimosas. Avec la direction et l’équipage du club nous ne les remercierons jamais assez … si ! En revenant l’an prochain, deux fois à nouveau.
dans le bleu, voilà qu'émerge une gorgone pourpre paramuricéa clavata. on la retrouve jusqu'à 1 hectomètre sous la mer. pour l'anecdote, on y retrouve du diméthyltryptamine, un puissant psychotrope....une explication à la narcose ?
Après la douche (encore merci pour la conservation de chambres..) un dernier repas toujours hors normes (voir les clichés de Florence qui se spécialise dans la photo gastronomique) puis la traditionnelle récupération des combinaisons et autres accessoires au club, les au-revoir… et le retour vers nos chez-nous, souvent pluvieux, avec du bonheur plein la tête.
et c'est fini, l'azote fuit vers la surface, le bleu se dilue, il faut reprendre notre parenthèse terrestre.... avant de revenir !
Un grand merci à tous, avec mention spéciale à Frédéric, nouvellement arrivé et qui nous a fait déguster un excellent Fleurie de sa production, à Eric pour son rhum arrangé maison aussi et bien sûr à Sylvain pour l’organisation ce séjour réussi malgré le stress des aléas qu’il lui a fallu supporter.