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19 mars 2024 2 19 /03 /mars /2024 19:22

                           La Douix de Châtillon, enfin, mais coléreuse en hiver

Plongée à la Douix de Châtillon le mardi 12 mars 2024

Stéphane Simonet, Pascal Dreux, Philippe Moya, Gilles Froment

 

toutes les images sont de Gilles Froment

la vasque, d'apparence tranquille et  trompeuse, de la Douix

la vasque, d'apparence tranquille et trompeuse, de la Douix

Le compte-rendu de la plongée du mois précédent avait montré notre valse-hésitation avant de nous rabattre sur un lac à cause des crues un peu partout autour des siphons que nous fréquentons.
Sitôt la plongée du 13 février à Challière expédiée se posait la question de la sortie suivante. Douix ou pas ? En en effet, la période est toujours hivernale avec des débits moyens de la Seine souvent encore assez élevés (La Seine est le cours d’eau de proximité et de référence pour estimer celui de la Douix).
 

Cela ferait la troisième fois que l’on solliciterait un arrêté d’autorisation de plongée de la part de la mairie et on craignait de commencer à se faire repérer si on annulait à chaque fois.
Mais, fortement motivés après être restés sur notre faim les fois précédentes, la décision est vite prise de tenter de nouveau le coup.
 

Dès obtenue la nouvelle autorisation, le jeu de piste avec le débit local de la Seine pouvait recommencer et la période qui suivit ne fut pas avare de sueurs à grosses gouttes, tellement le profil d’un nouveau lac fut présent pendant les 15 jours qui précédèrent la plongée.
Et quelle plongée ! Vécue différemment selon les uns ou les autres, en fonction de leur équipement et de leur expérience, les récits vont se compléter.
 

La Douix, 1er round

Les parisiens, pour lesquels Châtillon-sur-Seine est le terrain de jeu préféré, comme l’est Bourg-Saint-Andéol pour nous, nous avaient alertés sur le chiffre de référence du débit de la Seine à la station de Nods-sur-Seine au-delà duquel la plongée devient impossible, voire dangereuse, à cause du courant à l’entrée de la première étroiture : 5000 l/s, soit 5 m3/s. 

Une paille par rapport au débit moyen du Rhône à Lyon qui oscille entre 250 m3/s à l’étiage et parfois bien plus de 1400 m3/s en crue (1400 m3/s, c’est le débit maximum autorisé pour la descente du Rhône à la palme). 
Mais à Châtillon, la Seine n’est pas encore très loin de son origine et elle s’assèche même parfois en été. Sa source officielle prend naissance à une quarantaine de km à vol d’oiseau dans le Sud-Sud-Est de la Douix, sur la commune de Source-Seine, en Côte d’Or (https://fr.wikipedia.org/wiki/Sources_de_la_Seine).
 

La Douix, 1er round
La Douix, 1er round

A Châtillon, la Seine coule sagement comme une petite rivière de province lorsqu’elle est à 5m3/s. Et la résurgence parcours moins de 100m jusqu’à son embouchure dans la Seine.

                        Confluence de la Douix se jetant dans la Seine à Châtillon-sur-Seine

Confluence de la Douix se jetant dans la Seine à Châtillon-sur-Seine

Depuis le pic de crue du 24 février à 24 600 l/s, la Seine ne faisait que descendre lentement et la pente de la courbe laissait espérer un débit inférieur aux fatidiques 5000 l/s.

La Douix, 1er round

Hélas, un mini-pic suite à un petit épisode pluvieux le 10 mars, à J-2 pour notre plongée, fit légèrement remonter le débit et casser cette belle courbe descendante. De 5200 à 0h le 10,  on repassa à 5600 l/s à 14h. 

vu comme ça, on plonge sans problème !

vu comme ça, on plonge sans problème !

La Douix, 1er round

Devant tant d’incertitude, la décision de plonger la Douix ne serait prise qu’au dernier moment, le lundi 11 mars, en suivant le débit heure par heure.

La Douix, 1er round

A 4700 l/s le matin du 12 mars, nous pensions que cela passerait juste et effectivement, c’est passé juste, mais pas tout à fait de la même façon pour tout le monde.
Pourtant, nous avions bien prévu le coup :
-    Pas de recycleur car pas adapté pour des efforts,
-    Combinaison humide car vêtement étanche peu adapté pour les mêmes raisons,
-    Equipements donc assez minimalistes car nous sommes 4 pour tenir dans la Lodgy et la remorque de Stéphane,
-    Lever tôt et départ de bonne heure à 7h30 de Meyzieu pour absorber la distance de 290 km et les 3h30 pour les parcourir, pause comprise.
 

la source de la Douix se mérite.

la source de la Douix se mérite.

La Douix, 1er round

Arrivés en fin de matinée, le village se réveille doucement et nous sommes seuls sur le grand parking bordant le petit parc au pieds de la source. Parfait : C’est une bonne idée que la mairie n’autorise qu’un seul club à la fois, sinon il y aurait foule à la belle saison.
La vasque et le ressaut formant une petite cascade au niveau du parc sont superbes et du plus bel effet, comme sur les images ou vidéos trouvées sur Internet.
Chacun s’affaire rapidement pour installer son équipement sur les bancs et les tables du parc, rendant la mise en place très aisée.
 

effectivement, y'a pas foule sur le parking.

effectivement, y'a pas foule sur le parking.

Pascal prépare son matériel...

Pascal prépare son matériel...

Philippe est déjà prêt....

Philippe est déjà prêt....

Stéphane et Philippe, plus rapides, seront le premier binôme et serviront donc d’éclaireurs aux deux autres, plus prudents pour ajuster leur équipement en fonction des conditions d’entrée dans l’étroiture en bas du canyon, par -15m.

l'ASSP Plongée est dans la place !

l'ASSP Plongée est dans la place !

Et Stéphane termine l'enfilage délicat du néoprène tranché....

Et Stéphane termine l'enfilage délicat du néoprène tranché....

Et effectivement, le passage de ce rétrécissement qui accélère considérablement la vitesse de l’eau à cet endroit s’avère très sportif selon son équipement et son propre encombrement. Stéphane et Philippe réussirent à passer en se déhalant très fermement sur les 2 chaînes en inox indispensables installées à cet effet par les plongeurs locaux. 

image improbable de plongeurs sous les arbres....

image improbable de plongeurs sous les arbres....

A quoi pense un plongeur spéléo en se préparant....?

A quoi pense un plongeur spéléo en se préparant....?

le bi 7 est sur le dos, ça change du bi 20 habituel !

le bi 7 est sur le dos, ça change du bi 20 habituel !

Stéphane s'est déguisé en canari pour l'occasion

Stéphane s'est déguisé en canari pour l'occasion

Chacun racontera sa plongée mais, Philippe, sorti avant Stéphane, nous informa de la difficulté et de l’absence d’intérêt de s’encombrer des petits relais 4L que nous avions prévus pour économiser du gaz dans la courte partie du siphon précédent l’étroiture.

on avait quand même une protection, dans la niche...

on avait quand même une protection, dans la niche...

Profitons en pour laisser Philippe nous raconter sa plongée: 

Voici ma perception de ma plongée à la Douix.
 
Stéphane qui a effectué la plongée complête jusqu’à la trémie pourra en parler . Pour ma part, voici mon ressenti.

 

 
Début :
 
Nous arrivons à Châtillon, et après nous être garés, commence l’habituel déballage des affaires, monter les wings sur les bouteilles, les détendeurs, habillage, rien que de très classique.
 
Je dois plonger avec un bi 7 lourd, et un relais 6l.

 

Je suis prêt le premier, j’attends Stéphane qui doit plonger avec moi. Et j’y vais, le courant est fort, mais c’est gérable, un canyon m’accueille, et j’ai du mal à descendre malgré que j’ai bien purgé et vidé les poumons, çà commence… le courant va nous gêner…

J’arrive devant une première étroiture relativement grande, les graviers au sol dansent dans le courant ! ! ! normalement çà doit passer avec un bi 15,  mais là stop ! blocage complet devant, même en palmant fort…. Je comprends mieux pourquoi il y a deux chaînes, l’une sur la gauche, l’autre sur la droite, je m’en saisi et tire…. Ouai ! c’est chaud, je n’arrive pas à avancer beaucoup, je me mets en travers, c’est vraiment compliqué, je lâche les chaînes, et hop ! je me retrouve dans le canyon ! sympa la plongée !

la fameuse étroiture enchainée...

la fameuse étroiture enchainée...

Je remonte vers Stéphane, et je lui annonce que çà pousse très fort, que je ne passe pas, que j’y retourne sans le relais… Il comprend immédiatement, si je ne passe pas, c’est que c’est dur… il décide lui aussi de laisser son relais.

Stéphane à l'assaut de la Douix

Stéphane à l'assaut de la Douix

J’y retourne, et cette fois je passe, tout de suite après, l’avancée est à nouveau possible à la palme, mais bon, je cogite…. Un tel courant, c’est la certitude de se coincer au retour si l’on est pas parfaitement dans l’axe, je commence à me dire que ce n’est pas vraiment le bon jour pour faire la Douix. Que faire, c’est trop tard, je suis du mauvais côté de cette étroiture, moi qui pensais que seul l’œil du hibou était dur… et bien, allons y… çà risque d’être coton là encore, une diaclase, on remonte et voici l’œil, j’y vais doucement, prudemment, mais non, çà passe plutôt bien, il faut bien sûr se tracter à une autre chaîne, mais rien d’impossible….
 
Je commence à avoir froid aux mains, je n’ai pas pris de gants, (je n’ai jamais froid normalement), je ne crains pas le froid aux doigts, mais là… c’est quand même froid.

 

après l'étroiture

après l'étroiture

Et commence une petite musique dans ma tête… je n’y crois plus, je me dis : fais demi tour, c’est pas le bon jour… tu n’y es pas… tu reviendras plus tard… je reviens, et là je rencontre Stéphane qui lui, avance sereinement, cool, il observe à droite , à gauche, en haut… bon, je me dis : allez, on y retourne… et je repars vers le fond…. Mais encore une fois le cœur n’y est pas ; je ne suis pas dedans.
 
Je me dis que c’est exactement ce que j’apprends à mes stagiaires, ne pas plonger pour faire plaisir aux copains, mais pour soi… et là, je ne prends pas de plaisir… alors cette fois, c’est demi-tour… je le dis à Stéphane, qui lui me fait signe qu’il veut aller voir…
 

 

sculture sur roche

sculture sur roche

Je retourne, œil du hibou, facile, descente, et je me prépare au passage de la fameuse étroiture d’entrée, vidage de la wing, je me mets bien au fond, contre les graviers. Je me mets bien dans l’axe, une chaîne dans chaque main, et allons y doucement….

progression vers la trémie

progression vers la trémie

Et plop ! comme un bouchon de champagne je me fais expulser…. Pas de frottement, ouf ! c’est plus facile que je ne me l’imaginais.
 
Remontée, sortie, et retour à la voiture…. Je me déshabille, démonte ma wing, et tout à coup, un de mes détendeurs se met en débit alternatif, comme un petit train à vapeur, pff ! pff ! pff ! pff ! je ferme la bouteille, et la réouvre : pff ! pff ! pff ! bref… à quelques minutes près çà aurait pu arriver sous l’eau.

 

Je sais, c’est idiot, mais je remercie Mady qui j’en suis sûr, de là où elle est m’a fait faire demi-tour…. Le détendeur est remisé, il servira de pièces détachées.
 
J’en ai commandé un neuf à Pierre Eric Deseigne de plongequilibre, qui m’annonce que nous ne pourrons pas plonger à Tonnerre (qui était un autre de nos objectifs parisiens), le maire n’autorise plus personne à y aller…..

 

ha la fosse Dionne à Tonerre ! Mythique, ça valait bien une vidéo....

ha la fosse Dionne à Tonerre ! Mythique, ça valait bien une vidéo....

il est peu probable que l'on puisse la plonger un jour.... mais en attendant, voici les images de Pierre Eric Deseigne....

Merci Philippe pour cette disgression qui nous aura permis de visionner des images de la Fosse Dionne. Laissons Gilles reprendre son récit.

...Stéphane est équipé en petites bouteilles latérales, le rendant assez agile et fluide et Philippe en petites bouteilles dorsales (Bi 7/300b lourd). Ce faible encombrement de leur équipement a dû les aider à passer juste.

Pascal sous le porche d'entrée

Pascal sous le porche d'entrée

Pascal est en bi 12 avec moi en bi 10 et nous décidons d’aller voir ce qu’il en est.
L’affaire est vite pliée.
 

Plus expérimenté que Pascal, je préfère passer en premier pour mesurer le degré d’effort à réaliser sur cette très courte distance de 1 à 2m pendant laquelle cet effet Venturi s’en donne à cœur joie en faisant vibrer flexibles et casque, voire mettre le détendeur de secours en débit continu s’il se tourne en présentant la gamelle face au courant. C’est comme si quelqu’un vous appuyait sur le bouton de surpression du 2ième étage. Les détendeurs avec 2ième étage latéral, comme les Poséidon sont très adaptés à ce type de difficulté, comme lorsque l’on avance avec un propulseur musclé. A méditer…

Dans la diaclase d'entrée

Dans la diaclase d'entrée

Après avoir vu tous ces petits galets tapissant la sortie de l’étroiture joyeusement virevolter dans les volutes de courant, je vois bien que cela pousse un peu. 

La technique consiste à bien se plaquer sur le fond, car l’étroiture pince un peu dans sa partie haute et à se tirer avec les deux bras sur ces magnifiques chaînes brillantes, sans palmer pour ne pas se mettre très vite en essoufflement.

quand ça passe pas, ça passe pas !

quand ça passe pas, ça passe pas !

Le haut de mon bi tape un peu sur la roche me rappelant que je ne suis pas assez à plat dans le passage, ce qui n’est pas aisé en se tractant fortement et, après m’être engagé de 30 ou 40cm dans ce passage qui ne paraît pourtant pas si étroit en visuel et sur les photos, je décide de renoncer à tenter le drop en pensant à mon coéquipier derrière moi, plus grand que moi et avec un bi encore plus long.

à l'assaut d'une poche d'air inconnue...

à l'assaut d'une poche d'air inconnue...

Avec des objectifs plutôt de ballades touristiques dans nos plongées spéléo, pas la peine de se mettre dans le rouge et de garder de mauvais souvenirs.

Pendant que je m’esquivais dans un renfoncement protégé du courant, j’ai pu observer Pascal qui faisait aussi son expérience du courant dans l’entrée du passage. Même avis que moi : ce sera pour une autre fois.

Plongée ratée ? Point du tout car, d’une part, on se doutait un peu du résultat compte tenu du débit très proche de la limite admise par les plongeurs qui connaissent la source et, d’autre part, cette plongée a permis de faire une belle reconnaissance dans la haute diaclase qui surplombe l’étroiture, avec pas mal de sujets photographiques intéressants. 40 mn de plongée quand même !

le sourire, on garde le sourire !

le sourire, on garde le sourire !

L’arrivée au loin de Stéphane dans la source, juste avant de repasser l’étroiture offrait également un visuel insolite, bien que difficile à photographier en essayant de stabiliser l’appareil photo d’une main dans les volutes de courant (l’autre cramponnée à la chaîne). 

de l'autre côté du venturi...

de l'autre côté du venturi...

Puisqu'il s'agit d'un CR à 3 claviers, et bien à moi !

Devant la mine déconfite de Philippe, qui me crache un "P...! ça pousse fort, je passe pas..." en régurgitant un détendeur, je me dis que ça va être sport, il est costaud dans les restrictions, le Phil.....

Il dépose son 6 litres et repart, et je termine d'agencer ma config dans la vasque. En humide avec 2 pauvres blocs en side mount, je me sens presque...nu !

J'engage le Canyon et me laisse couler au fond du canyon qui trépanne la galerie, jusque là, suivant la formule consacrée, ça va... je m'approche et commence à distinguer les petits galets blancs qui tressautent sur le fond, comme si l'eau se mettait à bouillir...

2 secondes après, je prends le mur d'eau en pleine figure !! Bouée purgée, aplati comme une limande, je rampe vers l'étroiture en m'aggripant aux blocs livides, certains bougent sous mes mains... Des souvenirs de donner à passer dans le Rhône me reviennent, un sourire s'esquisse sur mes lèvres manquant de me faire boire une tasse, le bon vieux temps.....

puisqu'on a pas réussi à faire des images j'emprunte donc celles ci sur un célèbre canal de diffusion, pour que vous puissiez vous rendre compte....

Mode nostalgie off.

ç'est vrai que ça pousse...FORT ! Je me saisis des chaines, une dans chaque main, et je tracte. Une traction, on s'arrête, on se repositionne, on vérifie la ventilation, et on recommence. Je n'ai vraiment pas envie de m'essouffler ici, d'autant que si j'arrive à franchir l'obstacle avec 50 bars restant dans les blocs, ça n'aura servi à rien.

Finalement ça passe, et le venturi derrière, la progression s'avère aisée. Même l'oeil du hibou se franchit sans réelle difficulté. je rejoins Philippe qui me fait signe qu'il s'arrête là, je comprends mal ce qu'il me dit, j'ai l'impression qu'il renonce face au courant trop fort... Je lui dis OK je vais juste jeter un oeil.....

Parce que c'est joli ! la galerie est large, très découpée, promesse d'un sacré réseau. Hélas, mon scaphandre 2 fois 7 litres se consumme trop vite, mes aiguilles de manomètres s'inclinent dangereusement vers les tiers, alors que j'arrive à la trémie.....

Un capharnaum de tubes , pieux, sangles l'encombre, témoins des tentatives de désobstruction précédentes. Je sais que le courant va me ramener très rapidement vers la sortie, mais je joue, comme d'habitude la carte de la prudence: j'explorerai cette trémie une autre fois, en recycleur et en vêtement étanche, et surtout un débit plus ...raisonnable !

Retour sans palmer en planant dans la source, coup d'oeil dans les cheminées, passage du hibou qui n'en reste pas moins très chouette ( difficile de la rater celle là) et expulsion tel un suppositoire de l'étroiture à moins 17 m !

J'y retrouve Gilles et Pascal qui jouent à pousse cailloux......

Bon Gilles, justement je te rends le clavier.

En régime hydraulique plus clément, cette résurgence présente un potentiel photographique élevé avec une belle roche claire et propre.

Déjà, le plan de la prochaine plongée à la période qui va bien est désormais dans les cartons. Sans doute en vêtement étanche car l’eau à 11°, plus fraîche qu’en Ardèche, rend les plongées en humide un peu courtes, sinon pénibles.

La Douix va faire partie de nos terrains de jeux. Il fallait juste prendre le temps de l’apprivoiser.

La Douix, 1er round
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