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21 février 2016 7 21 /02 /février /2016 12:47

Compte rendu de la sortie à BSA, Goul du pont, le 16 février 2016

Participants: Gilles Froment, Philippe Moya, Stéphane Simonet

Toutes les photos sont de Gilles Froment.

Sous le pont SNCF, nous voici à pied d'oeuvre pour une nouvelle plongée souterraine !

Sous le pont SNCF, nous voici à pied d'oeuvre pour une nouvelle plongée souterraine !

Retour sous notre pont préféré, afin de redécouvrir une partie profonde de la galerie, un palier horizontal de 25 m de long, bref répis vers – 79 m avant de replonger au-delà de l'hectomètre. Recycleurs et mélanges gazeux furent de la partie, afin d'assurer un beau voyage sous la terre....

Cette source est connue jusqu'à la profondeur vertigineuse de – 192 m: le 17 mai 2014, Xavier Méniscus rajoutait un peu de fil dans le laminoir terminal. Dire que c'est étroit est peu dire, voyez vous même : https://www.youtube.com/watch?v=hOvW_w1DeVQ il s'agit de la vidéo de la caméra embarquée de Xavier, durant son explo. Rappelez vous que lorsqu'il tire son dévidoir, il a quasiment une hauteur d'eau équivalente à la tour Incity au dessus du casque......

Comme si vous y étiez, par - 192 m de fond dans le laminoir !

Bon. Je n'irai jamais si loin, mais plus modestement, la profondeur visée pour cette plongée est de – 80 m. Pour cela, j'utilise un recycleur ventral, qui offre le double avantage de l'autonomie et de la pression partielle d'oxygène constante ( PPO2 constante ). Je respire ainsi des gaz chauds et toujours optimisés. Un bi dorsal de 2 x 7 litres gonflé au trimix 11/65 alimente le recycleur en "diluant" et m'offre une redondance en cas de défaillance de la machine.

la coupe du Goul du pont, issu du site plongeesout.

la coupe du Goul du pont, issu du site plongeesout.

Ce mélange contient donc 11 % d'oxygène, 65 % d'hélium et donc 24 % d'azote. Comme vous le savez, c'est ce gaz qui est responsable de la narcose en profondeur. À 80 m, sous 9 bars de pression absolue, ma pression partielle d'azote sera de 9 x 0,24 = 2,16 bars.

Si je respirais de l'air, je retrouverais cette PPN2 à 2,16 / 0,8 = 2,7 b soit une profondeur de 17 m.... Grâce à l'hélium, j'ai l'esprit clair au fond, les neurones, vifs, ne sont plus englués par les molécules d'azote.

Autre avantage, la faible densité du gaz: l'hélium, très léger ( il fait s'envoler les ballons de baudruche ) offre une masse volumique de 0,1786 gramme par litre, alors que l'air avoue 1,293 gr/ litre sur la balance.... Lorsque les bars s'accumulent en profondeur, le nombre de molécules contenues dans une inspiration augmente et l'air devient plus dense, "lourd" à respirer. L'essoufflement guette...... Pour ne plus respirer de la colle, l'hélium, gaz poid plume est la solution, surtout dans un recycleur, dépourvu de piston, ressort ou membrane pour vous faciliter le boulot: ce sont vos muscles respiratoires qui bossent, tous seuls !

Revers de la médaille: les fines molécules d'hélium se répandent en moins grande quantité dans le corps que celles d'azote, mais elles diffusent plus vite...et désaturent aussi plus vite: ce gaz impose donc une vitesse de remontée lente de l'ordre de 10 m / min et des paliers plus profonds. Autre détail, sa conductibilité thermique de 0,15 w/m/k, beaucoup plus importante que l'air ( 0,02 ). Très bon conducteur thermique, il augmente les déperditions caloriques tant au niveau respiratoire que cutané.

Avantage du recycleur : la chaux en piégeant le CO2 dégage de la chaleur et limite cet effet "kiss cool". Par contre, pas question d'envoyer du mélange riche en hélium dans le vêtement étanche. C'est pourquoi une bouteille de 3 litres d'air trouve sa place sur mon scaphandre dorsal, pour me permettre d'envoyer de l'air dans le vêtement.

voici l'emplacement des blocs de sécurité, déposés par Gilles et Philippe.

voici l'emplacement des blocs de sécurité, déposés par Gilles et Philippe.

Trève de blabla, nous voici donc au bord de la vasque, avec Gilles et Philippe, mes plongeurs de soutien pour la journée. Les flacons s'accumulent, le bi 20 se monte, le lumbago aussi....Fort heureusement, Gilles gère au mieux ce tracas dorsal et parvient à se mettre à l'eau sans douleur....Je passe, bien sur, l'épisode de la purge pipi oubliée.... Philippe part donc en premier avec 2 blocs de 15 litres, un de nitrox 50 qu'il posera à – 21 m, l'autre de trimix 24/40 qu'il portera à – 60 m. En cas de défaillance du recycleur, ces bouteilles seront mes jokers pour assurer ma décompression en circuit ouvert et ressortir.

les bouteilles de sécurité, tant pour le "pointeur" que pour les plongeurs de soutien sont prêtes

les bouteilles de sécurité, tant pour le "pointeur" que pour les plongeurs de soutien sont prêtes

dernière inspection, avant de s'équiper et de lancer la plongée.

dernière inspection, avant de s'équiper et de lancer la plongée.

Philippe prépare son bi 20 au bord de la vasque.

Philippe prépare son bi 20 au bord de la vasque.

j'aide Phil à s'équiper du bi 20, dans la vasque.

j'aide Phil à s'équiper du bi 20, dans la vasque.

Equipé, Gilles s'engage à son tour et m'attend à – 12 m pour m'aider à passer l'étroiture. Je termine mon équipement seul, enfile le dorsal, clampe le recycleur, attrape mon relais de trimix fond supplémentaire, et je me laisse couler dans la vasque.

- 6m: je passe devant les blocs d'oxy posés sur le fil, pour moi en secours et pour la déco des plongeurs d'assistance.

- 12 m: le relais de trimix est envoyé derrière l'étroiture, que je passe ( optimiste ! ) sur le dos, Triton sur le ventre. Heureusement que Gilles est là pour m'aider... Il s'éloigne ensuite se positionner pour les photos, pendant que je remets l'équipement d'équerre et le relais en place.

- 15 m: je croise Philippe qui revient du fond: mes jokers sont en place, tout va bien. Je laisse Phil partir faire sa déco et je palme serein vers le puits.

- 18 m: je retrouve Gilles, échange de signe et je plonge dans le puits. La chute est verticale jusqu'à – 33 m où la galerie se redresse un peu.

- 40 m: je descends lentement et prends le temps de poser un peu d'éclairage au passage, pour le photographe. Pendant ma descente, Gilles pourra mitrailler....

la célèbre étroiture d'entrée à - 12 m, que Gilles m'aidera à négocier....

la célèbre étroiture d'entrée à - 12 m, que Gilles m'aidera à négocier....

départ du voyage vers le fond, dans la lumière des phares posés sur la roche

départ du voyage vers le fond, dans la lumière des phares posés sur la roche

- 60 m: je passe la restriction ( que vous appercevez dans la vidéo "Tempus fugit" de l'article précédent ), remarque la Tx 24/40 posée par Phil et poursuit jusqu'à – 73 m où la galerie s'enroule pour m'égarer....Mais c'est peine perdue, Hélios est avec moi....

- 79 m: je me présente devant la galerie qui s'étire jusqu'au prochain puits.Presque 4 ans que je n'étais pas revenu ici, devant ce seuil minéral. Le carnet de plongée est précis, 22 mai 2012. J'évoquai la fuite du temps, 5 lignes plus haut.... L'ordinateur m'indique déjà 18 minutes de décompression.

la descente dans le puits, avant de disparaitre (momentanément ! )  vers le fond....

la descente dans le puits, avant de disparaitre (momentanément ! ) vers le fond....

une courte vidéo pour l'ambiance....

Je m'engage dans le corridor, toutes lumières allumées pour profiter du spectacle de la roche immaculée. Sous mes palmes, un départ de galerie s'amorce. Il me faut 3 minutes, en prenant mon temps pour attendre le puits qui m'emménerait à – 110 m. J'observe les lames déchiquetées, la galerie qu'explora Xavier en juillet 2002, remarque le baba plombé posé par Gilles une plongée précédente pour assurer le fil qui s'accroche, précaire, sur un rognon rocheux... 30 minutes de décompression. Je vérifie ma PPO2 dans la boucle: 1,2 c'est parfait. Je reparts tranquillement en savourant mon parcours au sein de la terre.

un monde minéral, fantomatique....

un monde minéral, fantomatique....

27 minutes après mon départ de la surface, je suis de retour au puits principal. J'amorce ma remontée jusqu'à la bouteille de trimix posée par Philippe. L'ordinateur annonce alors 44 minutes de palier. Elle est lourde, cette 15 litres... Prudent, je sur-gonfle la wing, manipule avec prudence le bloc pour ne pas risquer l'essoufflement et fini par l'accrocher sur la corde avec la poignée jumard prévue pour ça. Je progresse le long de cette corde avec ma charge et je m'aperçois à – 50 m que mon ordinateur est paramétré sur un set point à 1,4 b au lieu de 1 bar....J'ai oublié de le changer pendant la descente. Pas trop grave vu la PPO2 maintenue à 1,2 et les marges de sécu prises sur la déco, mais je le redescend néanmoins à 1 bar.

le fil d'Ariane, dans le puits, est doublé d'une corde statique, pratique pour accrocher les bouteilles relais.

le fil d'Ariane, dans le puits, est doublé d'une corde statique, pratique pour accrocher les bouteilles relais.

la décompression réalisée. en insert à gauche, les tables de secours prévues en recycleur et circuit ouvert en cas de panne de l'ordinateur.

la décompression réalisée. en insert à gauche, les tables de secours prévues en recycleur et circuit ouvert en cas de panne de l'ordinateur.

la roche est très découpée dans le puits....

la roche est très découpée dans le puits....

en haut du puits, une galerie perfore la roche....

en haut du puits, une galerie perfore la roche....

- 36 m: j'arrive à mon premier palier, formalité d'une petite minute. Une centaine de mètres de galerie et 74 minutes de décompression d'après l'ordinateur, qui a ré évalué les données avec le nouveau set point, me sépare de la sortie.

- 21 m : les paliers, de plus en plus long, se sont égrénés et je retrouve Gilles et le nitrox 50. Me voila désormais encombré de 3 relais ( trimix fond, trimix déco et nitrox ) dont Gilles me soulage en récupérant les trimix. Il me reste 68 minutes de décompression à observer. Une partie se fera sans y penser sur le chemin du retour...

- 12 m: me voilà devant l'étroiture, avec 58 minutes de palier au compteur. La serrure se passe Triton décaplé cette fois. J'observe 10 minutes de palier à 9 m avant de m'installer à – 6 m pour la dernière étape de la décompression.

- 18 m, au palier. chargé comme un mulet...heureusement les plongeurs d'assistance sont là.

- 18 m, au palier. chargé comme un mulet...heureusement les plongeurs d'assistance sont là.

un niphargus, petite bestiole que l'on observe au palier. ça fait passer le temps....

un niphargus, petite bestiole que l'on observe au palier. ça fait passer le temps....

émersion dans la vasque, après 2 heures de plongée

émersion dans la vasque, après 2 heures de plongée

mon sourire se passe de commentaire.....

mon sourire se passe de commentaire.....

en pleine forme à la sortie, prêt à recommencer !

en pleine forme à la sortie, prêt à recommencer !

le profil de la plongée ( ordinateur Shearwater Petrel )

le profil de la plongée ( ordinateur Shearwater Petrel )

- 6 m: dans la faible lueur perceptible de la lumière du jour, je monte le pourcentage d'oxygène dans la boucle jusqu'à une PPO2 d'1,4 b, ce qui fait passer la durée de mon palier de 43 à 26 minutes. J'attends, je rêve, je collecte des galets qui finiront dans mon jardin.....

Surface.

115 minutes après avoir quitté le jour, je suis de retour sous le soleil. Avec un sourire jusqu'aux oreilles ! Magnifique plongée, savourée minute après minute.... Un grand merci à Gilles et Philippe, soutiens indispensables pour cette plongée profonde, et ce voyage au bout de l'obscurité.....

merci à Gilles & Philippe, mes plongeurs d'assistance. Sans eux, la porte des profondeurs restait fermée...

merci à Gilles & Philippe, mes plongeurs d'assistance. Sans eux, la porte des profondeurs restait fermée...

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