13 janvier 2018
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CR de la sortie à BSA, Goul du pont, du 5 janvier 2018
Participants : Gilles Froment, Stéphane Simonet et Murphy
Sauf mention contraire, les images sont de Gilles Froment
Pour bien commencer une nouvelle année, rien ne vaut une bonne plongée ! Cette là revient de loin, de très loin, même….D'avatar en contre-temps, d'impondérable en malchance on a bien failli rester au sec… Rassurez-vous, mouillé, on l'a bien été….
Une plongée sous la terre, en recycleur de surcroît, ça ne s'improvise pas...La préparation commence longtemps avant, souvent dans un garage transformé en réserve à matériel ou une pièce d'appartement réservée au stockage et à l'entretien de la précieuse machine… Dans ces temples quasi mystique où persiste l'odeur du néoprène, les compresseurs tournent parfois, les mélanges reposent, les ordinateurs buguent, les détendeurs s'égouttent, les cellules se calibrent et le plongeur spéléo technico recycleux psychotique se prépare….
Pendant que Gilles abandonnait l'idée de plonger en Joki, son afficheur de PPO2 revenu de réparation lui faisant des farces ( Murphy 1, Gilles 0 ) et préparait donc des flacons nécessaires à une immersion en ouvert ( soit Bi 12, relais air 6 litres, relais Nitrox 32 et 3 blocs d'oxy moribond à euthanasier pour l'occasion) je contemplais avec délice mon recycleur tout beau, tout monté, tout étanche, bien calibré et tout et tout… Ne restait plus qu'une dernière vérification des cellules ( neuves donc aucun risque ) et la machine irait rejoindre le reste de la panoplie de blocs dans la remorque…
Accomplissant donc ce qui ne devait être qu'une formalité, je pose la main sur le
robinet d'oxygène, ouvre, constate la montée en pression du manomètre à 120 bars,
et …...Rien ! Pas d'injection en continue d'oxygène dans le faux poumon…. Fermeture, purge, réouverture, injection forcée, attente, refermeture, repurge, ré ouverture et constat final :
l'orifice d'injection, coeur de la vanne Kiss est bouché…..
Un hurlement de bête traquée au fond de l'Alaska remplit alors le garage, se répand dans mon lotissement, roule dans tout le quartier. Les chiens errants s'arrêtent, les voisins se figent,
la pluie elle même stoppe sa chute vers le sol…..
Respiration ample et profonde, en forçant sur l'expiration, méditation en pleine conscience
« express » pour se retenir de mettre le feu au garage, et attitude de serpent froid devant cette nouvelle calamité ( Murphy 2 Stéphane 0).
J'ai décidé de plonger, je plongerai ! SMS à Gilles pour lui faire partager mon naufrage,
lui aussi se débat dans son matériel pas prêt…. Je décide donc de revoir mes ambitions à la baisse, je modifie la configuration pour plonger en latéral, version Saïd Moumoute, avec 4 blocs : 3 litres air pour le volume, 6 et 7 litres en latéral et une 10 litres air cernée de clésocel, ressemblant à la cartouchière de Pablo Escobar. Le compresseur hurle sa plainte, les clés de 13 volent, les flexibles se réorganisent et les bouchons MP, les lâches, filent se mettre à l'abri en roulant sous les meubles….
Mais je suis prêt ! Murphy, tu m'auras pas !!
Le lendemain, vers 10h, nous retrouvons Philippe qui en coup de vent nous dépose l'UV 26 acheté il y a déjà longtemps, et laissé sous sa garde. Il nous souhaite la bonne année, une
bonne plongée et file vers d'autres aventures, retrouver des gentils lutins sautillants dans son jardin….
Nous, déjà, nous fonçons à toute vitesse ( enfin la vitesse maximum autorisée par les lois
républicaines) vers BSA. En traversant le pont, une évidence, le Rhône déborde en se répand déjà sur les routes. Et les Gouls ? Ils sont réputés secs, mais avec notre scoumoune du moment…..
La Tannerie ne coule pas, pas plus que le Pont, toujours à – 5 m. La vasque est vide, la
surface s'aperçoit néanmoins, avec une promesse d'eau claire. Tout le matériel devra être
descendu à mi vasque…. Quand cette dernière était pleine, c'était les vacances, mais là…..
L'idée de descendre l'UV pour l'essayer nous passe à l'esprit, rebondit sur les quelques
neurones qui nous restent avant de se dissiper : avec 11 blocs, y'en a déjà assez…..
Tout cet acier, moins un relais 10 litres qu'on laissera finalement dans le coffre, arrive
au bord de l'eau, puis dedans, sécurisé par une corde. Rapide collation, on s'équipe, on sue,
vite dans l'eau !
Gilles y saute le premier, fait un peu de ménage, et endosse le bi 12 comme il peut. A mon tour, je bondis dans la vasque. Ouf, enfin un peu de fraîcheur, je vais pouvoir m'équiper
tranquillement….à propos de fraîcheur, j'en sens une étrange me couler le long de la cuisse…. Je secoue un peu l'inflateur que j'ai rajouté sur la cuisse du vêtement sec, pour remplir plus
facilement le volume quand j'ai le Triton sur le ventre….Et la fraîcheur s'intensifie… Mon
étanche ne l'est plus…. ( Murphy 3 Stéphane 0).
Le hurlement bestial de la veille me reste coincé au fond de la gorge, j'informe Gilles que c'est cuit pour moi. Prudent, avant de gober un détendeur, il me lance un « pas veinard » laconique et compatissant…. Puis dans un gargouillis de bulles, il termine son équipement. Je suis dans
l'eau depuis à peine 5 minutes et déjà j'ai presque froid…. J'envisage plusieurs options, tout
revendre et me mettre à la couture ou au ping pong, sombrer en dépression sévère et rester
chez moi sous la couette du Tranxène © plein la bouche…..
Mais la plongée souterraine est un sport d'optimisme indécrotable. Mouillé pour mouillé, je
plonge et j'envoie Mr Murphy se faire voir ! J'irai au puits pour un simple aller-retour, avec 2
blocs, sans les caméras, juste pour l'ambiance. Gilles me lance un « bon j'y vais », je réponds
tel un flegmatique Churchill subaquatique « moi aussi, je vais jusqu'au puits et je rentre ! »,
sans promettre toutefois le sang, la sueur et les larmes….
Moins de 10 minutes plus tard, un bloc sur chaque flanc, je passe l'étroiture à – 7 m ( pour
ceux qui suivent, d'habitude c'est – 12) L'eau est touilleuse, la visibilité exécrable (Murphy …?) mais au bout de quelques mètres ça s'arrange…. Je rejoints Gilles au bord du puits, et je
laisse descendre dans la galerie verticale. Vu de dessus, avec tous ces éclairages, c'est
somptueux…. Allez, les blocs sont pleins, un petit plouf…. Je descends ainsi jusqu'à – 30 m,
profitant de la caverne. Mon vêtement étanche à douche intégrée se rempli toujours, mais mon sous vêtement Halo 3D me garde relativement au chaud ( allez un peu de pub, c'est du bon
matériel). Je remonte sur la margelle, explore les 2 diverticules et attend Gilles qui remonte
peu après du fond….. Contact, tout va bien, je lui explique que je me gèle et que je rentre, lui à encore 15 minutes de paliers à faire.
Retour sans difficulté, si ce n'est celle de marcher avec un vêtement plein d'eau jusqu'aux
chevilles...Flic, floc…..Je trouve une âme charitable pour ouvrir mon vêtement, m'extirpe du
volume, essore mes oripeaux trempés, enfile des vêtements secs et attend Gilles qui ressort,
tout sourire….
Mieux vaut une petite plongée que pas de plongée du tout...La première de 2018 est faite…..
Bon y'a du matos à réparer, je retourne au Temple prier St Triton et le dieu Poseïdon….
Epilogue :
L 'orifice d'injection bouché du début, vous vous souvenez ? Hé bien après analyse
introspective auprès de mon psychanalyste préféré, le docteur Ribouldingue, il s'avère qu'une
fausse manip à faire rentrer de l'eau de mer lors de la dernière plongée dans la ligne
d'injection. La corrosion a fait son œuvre, et Murphy ricanait dans son coin. Mais comme on y croit encore, on change, et ça repart….
« l 'échec est le fondement de la réussite » Lao Tseu.