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22 avril 2018 7 22 /04 /avril /2018 15:40

Compte rendu de la sortie souterraine au Goul de la Tannerie BSA, 27 mars 2018

Participants : Gilles Froment Philippe Moya Stéphane Simonet

 

toutes les images sont, pour une fois, de Stéphane Simonet

la tannerie coule, promesse d'une plongée confortable

la tannerie coule, promesse d'une plongée confortable

Cette plongée  n’était pas gagnée : annulée le 27 février puis le 6 mars pour cause de crue ingérable, elle fut reprogrammée le 24 à l’issue des initiations souterraines, annulées elle aussi du fait de « l’envahissement » des sources du Vallon du Tourne par le club local… Le sort s’acharne, le néoprène sèche, les piles des ordis faiblissent (j’y reviendrai…), le moral chute et les boussoles s’affolent….Aussi quand une fenêtre de tir d’immersion s’ouvre in extremis, pas question de la laisser passer !

Gravé dans la pierre, le nom d'un grand explorateur de la source: Bertrand Léger

Gravé dans la pierre, le nom d'un grand explorateur de la source: Bertrand Léger

Donc dans la précipitation, quand même, le matériel fut préparé pour un aller-retour au puits de la Tannerie, pour enfin tester comme il se doit l’UV 26 du club. Notre attention étant axée essentiellement sur nos recycleurs, Triton et Joki, nous fûmes un peu moins pointus sur d’autres pièces de l’équipement…..

J’en vois déjà sourire, ils savent…..

Et au milieu coule une rivière....

Et au milieu coule une rivière....

Soyez patient, les gags ne vont pas tarder….

Philippe, impassible, attend les farces

Philippe, impassible, attend les farces

RDV donc vers 10h 30 (plutôt 11h en fait) pour retrouver Philippe, déjà en discussion avec un sympathique plongeur recycleur sur Mégalodon qui s’apprête à descendre sous les eaux du Goul du pont. Nous papotons, parlons matériel quand Gilles m’annonce dans le calme que le CR sera sans doute peu illustré…. Il a oublié son appareil photo….. Seul le caisson trône fièrement sur la plage arrière du Lodgy, vide….. Il me semble bien avoir lâché une vanne à ce moment-là…. J’en serai puni…..

Ceux qui souriaient précédemment commencent à se gondoler….. Ils ont raison…

Bref, nous attaquons la mise en place du matériel, comme d’habitude nous voyageons léger :

  • Bi 20 pour Philippe, et un électrophone (oui, vous avez bien lu)

  • Pour Gilles, Bi dorsal 2 x 8.5 litres avec une 3 litres d’air pour le vêtement étanche, recycleur latéral Joki, bouteille de 20 litres en relais, UV 26

  • Pour moi, recycleur ventral Triton, complété par 3 blocs air (6, 7 et 10 litres), un bloc de 10 litres de nitrox 32, un bloc de 3 litres destiné au vêtement sec et le propulseur Bonex sur lequel sont fixées les DEUX caméras (perso et celle du club).

les blocs et propulseurs nous attendent

les blocs et propulseurs nous attendent

A l’exception du bi 20, du Triton et du Bi de Gilles, tout ce barda est installé dans la vasque, longé sur la main courante, en attente pendant la pause déjeuner (et la récupération de l’électrophone de Philippe qui décida de se promener un peu dans la rivière entre la vasque et le lavoir…l’électrophone, pas Philippe)

Bref, vers 14h et quelques poussières, nous sommes enfin dans les vêtements, prêts pour plonger. Encore un effort pour décoincer un flexible là, ouvrir un mousqueton récalcitrant ici ou un robinet rebelle, et nous voilà dans l’eau.

encore un dernier pas avant d'être dans l'eau

encore un dernier pas avant d'être dans l'eau

Philippe, vite prêt, part devant pour déterminer l’endroit qui lui donnera la meilleure acoustique pour écouter sa musique, pendant que Gilles et moi finissons l’équipement des relais. Je m’en colle 2 de chaque côté, ça fonctionne plutôt pas mal, je suis content de ma configuration. J’attrape donc le loco, et désireux de faire quelques plans vidéo de Gilles dans la vasque, je vérifie le positionnement des caméras. Celle du club dans le caisson IQ 150 m est ok, je m’occupe alors de la mienne, installée au bout d’une perche télescopique pour chercher de nouveaux angles. Un truc bizarre m’interpelle, il est bizarre, ce caisson, avec ces 2 ouvertures sur l’arrière…. Mes neurones font brutalement connaissance entre eux, quand les synapses s’électrisent enfin : j’ai pris le caisson TERRESTRE, pas étanche pour un rond, et ça fait plus d’une heure que la Gopro trempe dans la vasque !!!!

Bon, ça y est, vous êtes mort de rire.

Si je n’avais pas été sous l’eau, cagoulé, masqué, casqué je me serais probablement giflé….Pas exclu que je ne le fasse pas d’ailleurs en sortant….. Bien entendu, dans l’embout du recycleur, tous les noms d’oiseaux y passent, mais comme le chantait Brassens, en évoquant l’évasion d’un primate hors de sa cage, rigoureusement ma mère m’interdit de les dire ici.

De toute façon le mal est fait, je ne vais pas me déséquiper maintenant pour ressortir, Amen.

Philippe installe tranquillement son vinyl....

Philippe installe tranquillement son vinyl....

Gilles est prêt, nous plongeons dans la gueule du Goul avec un certain plaisir.

Si avec un simple ventral et des relais bien disposés, je passe sans difficulté le corridor étroit de l’entrée, Gilles rame un peu plus avec son scaphandre dorsal et un UV puissant mais non réglable comme le petit Bonex. J’arrive donc un peu en avance au sommet du canyon où Philippe, mélomane averti (qui en vaut 2, donc) s’apprête à savourer son morceau musical préféré. Trouvant la situation plutôt cocasse, je filme ce plongeur spéléo qui, au fond d’une rivière, pose un vieux vinyle sur un antique « tourne disque » avant de se trémousser en cadence et en rythme sur un air subaquatique…

Pendant que je tourne le plan, une question me taraude, où a-t-il trouvé une prise pour brancher l’électrophone… ? Car de fil, il n’y a ici que celui d’Ariane……

et le voilà mélomane des galeries !

et le voilà mélomane des galeries !

Laissant notre musicophile à sa béatitude auditive, nous coulons au fond du canyon, passons l’ultime étroiture et toutes hélices dehors fonçons vers le puits, notre course ponctuée de temps en temps par un « schlong » sonore quand une protection de robinet rencontre de façon impromptue une lame rocheuse.

Moins d’une heure après avoir quitté la surface, nous sommes posés au sommet du puits. Nous garons les locos sur la béquille devant le bar du coin, posons les relais pour descendre plus à l’aise. Je vérifie ma pression d’oxygène, 50 bars…… Pas prudent de descendre davantage. D’autant que, un bonheur n’arrivant jamais seul, mon ordinateur a décidé de prendre des vacances, il ne s’est pas allumé dans la vasque…. J’ai parlé des piles en introduction, souvenez-vous. Et bien celle laissé dans l’appareil, trop faible, m’a mis l’ordinateur en vrac…. Il me reste 2 profondimètres et une table, rassurez-vous. Mais je décide d’arrêter là et de rentrer tranquillement : je souhaite terminer ma plongée sur le recycleur, sans devoir bilouter, pardon, passer sur mes blocs de secours.

Gilles disparait dans le puits

Gilles disparait dans le puits

J’explique tout ça à Gilles dans notre dialecte de sourd muet, qui m’indique que pour lui tout va bien et qu’il va se faire le puits, y’a pas de raison.

Le voici donc qui vous raconte sa plongée :

la descente

la descente

Elle fut bonne ! Parfois, elles ne le sont pas toujours, assez rarement, cependant, mais celle-ci sera parmi les bonnes. Celles dont on se souvient plus longtemps que les autres.

Parce qu’elle n’était pas garantie quelques jours auparavant, toujours pour les mêmes raisons : Emploi du temps over quota, comme la boîte mail, préparation du matériel terminée à l’arrache, comme à chaque fois, vers 23 h la veille au soir, une météo un peu incertaine avec une clarté de l’eau hypothétique et un courant à découvrir en arrivant en fonction de la hauteur d’eau sur le déversoir.

Et puis, en se levant à 6h, en arrivant chez Stéphane à Meyzieu à 8h30 au lieu de 8h grâce aux embouteillages du matin sur le périph, nous voilà quand même partis, avec nos ambitions : Plongée d’entrainement pour tester le transport de relais nombreux ou volumineux avec les 2 locos, chacun un, dont le petit dernier à essayer (UV 26 de 35 kg !) en vue de prochaines plongées plus profondes aux mélanges.

Avec un plongeur de pointe, qui pointe et l’autre qui l’assiste en traînant les relais et en chouchoutant le pointeur. Et la fois d’après, on inverse les rôles.

Steph avec son recycleur ventral (Triton) emmène ses 4 blocs désormais habituels, tiré par notre propulseur Bonex et moi je teste le transport d’une 20L en relais entre les jambes, attachée au niveau de la ceinture. Je suis en bi 8,5 L avec une 3 L d’oxygène et en recycleur latéral Joki, le tout tiré par l’UV26.

Eh bien tout a bien marché !

  • L’UV 26 est un gros tracteur un peu encombrant dans les 700 premiers mètres de galeries, parfois basses de plafond, pour aller au puits, mais se pilote sans trop de difficulté, pour une première fois,

  • Le Joki, tout frais réparé et avec une électronique modernisée a bien fonctionné sans prendre l’eau pendant mes 3h17 de plongée,

  • Le sous-vêtement Halo 3D, spécial eaux fraiches, s’est révélé à la hauteur de sa réputation. On ne sent rien, même le vêtement vide plaqué contre la face avant du corps. A peine quelques frissons en fin de plongée, plutôt statique sans dépense énergétique de palmage grâce aux locos,

  • Bonne forme au fond jusqu’à -53 m, en nettoyant de vieux fils en bas du 1er puits, vers -47, puis en admirant pendant toute la remontée dans le puits ces curieuses incrustations noires dans la roche qui émergent jusqu’à pratiquement tomber, suite à la lente érosion de la roche. De belles futures photos à faire car, voir explications en début de narration (préparatifs de dernière minute…), j’avais oublié l’appareil photo à la maison (mais pas le caisson, ce qui n’a rien changé).

Mais en 3 heures, on a le temps de faire plus qu’une plongée profonde. La Tannerie regorge de petites galeries latérales, plus ou moins étroites, dont celle qui relie la galerie principale de 400m jusqu’au puits à 700m, par -24m. Stéphane l’avait faite intégralement la dernière fois et je rêvais d’y jeter un œil également.

Ce fut le cas en remontant à -24 m par le puits annexe, très joli, puis en continuant sur 40 ou 50m dans la petite galerie, à 4 ou 5 m de profondeur, comme la galerie principale. Retour vers le puits principal avec des passages devenus assez touilleux, malgré le recycleur, pour revenir dans la galerie horizontale principale par laquelle on était venus.

Après un retour tranquille, je n’ai pas pu résister à revisiter d’autres petites galerie étroites qui démarrent en rive droite à 150 m de la sortie, par -18m.

Cela faisait bien longtemps que je n’étais pas revenu dans ce secteur étroit, bien intéressant sur le plan technique. 18 ans exactement, comme la zone des 53-54m au fond, juste avant de descendre sur la galerie profonde qui démarre vers -65m. C’était en 2000.

Belle reprise de contact, donc, avec cette cavité complexe et technique à de nombreux égards ; avec une pointe de nostalgie aussi car c’est là que se déroula ma première plongée spéléo avec celui qui m’initia, un certain Henri Benedittini. C’était le 14 décembre 1983.

C’est aussi dans ce trou que je fis ma plus longue plongée (5h18), avec des collègues d’Ardèche venus plonger avec et qui trouvèrent le temps bien long. Un peu comme Stéphane sorti 1 heure avant moi…

Après farfouille dans les archives, je n’ai trouvé que seulement 17 plongées au petit Goul qui en mériterait beaucoup plus, car on a souvent privilégié la source voisine (Goul du pont), plus facile d’accès et beaucoup plus rapidement profonde.

en route vers le fond...

en route vers le fond...

Calamity dive
sur le retour, l'étiquette indique 300 m jusqu'à la sortie

sur le retour, l'étiquette indique 300 m jusqu'à la sortie

Mais comme nous venons de redécouvrir la splendeur et le potentiel de la tannerie, alias le Petit Goul, je crois que nous allons y retourner bientôt, maintenant que nous avons 2 propulseurs puissants pour transporter de nombreux relais.

Gilles

un selfie dans la galerie

un selfie dans la galerie

Retour zen et sans histoire de mon côté, je prendrais même le temps de faire quelques images et un peu d’explo dans la zone du canyon, délesté du loco et de 2 relais.

Philippe déjà sorti m’aidera à sortir mon matériel, et Gilles émergera une heure plus tard, ravi de la plongée. Nous aurons plié et rangé tout notre bazar vers 19h, retour pas vraiment de bonne heure sur Lyon en évitant les bouchons de justesse.

Bonne journée malgré la casse et les bugs. On reviendra !!

une portion de la galerie

une portion de la galerie

la sortie

la sortie

retour vers le soleil

retour vers le soleil

Epilogue :

Suivant le conseil de Philippe, la Gopro moribonde fut plongée dans de l’alcool à 90° pour tenter de chasser l’eau et éviter la corrosion. Comme il me manquait de l’alcool, j’ai complété à l’eau de vie de poire, c’est ce que j’avais de plus fort (arrêtez de rire, maintenant ça devient vexant !)

La caméra repose désormais dans mon salon pour bien sécher, dans quelques jours je tenterai une réanimation….. Suite au prochain épisode….

de l'autre côté du miroir....

de l'autre côté du miroir....

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