Compte rendu de la sortie à BSA le 26 juin 2018
Participants : Gilles Froment & Stéphane Simonet
Toutes les photos sont de Gilles Froment
L’assemblée générale derrière, et les vacances en ligne de mire, il ne nous restait qu’une fenêtre que nous espérions ouverte sur une source du Gard, la Marnade. Plein d’espoir et de matériel, nous avalions le ruban d’asphalte quand une alerte lumbago nous obligea à revoir la copie…. Qu’importe, l’immersion fut belle et la plongée sauvée….
La station de Montélimar sud est presque devenue un second chez nous, tant les pauses cafés y sont nombreuses, intermède souvent salutaire sur le chemin des plongées. Ce 26 juin, elle devait être le dernier arrêt avant l’exploration de la Marnade (voir http://www.plongeesout.com/sites/roussilon-pyrenees/gard/Marnade%20coupe.JPG ). Tractés derrière les propulseurs, bardés de blocs, nous rêvions de franchir le S1, le S2 et pourquoi pas d’aller tremper nos palmes dans la naissance du siphon 3.
Mais……
Reposant son café dans une grimace, Gilles m’informe de la douleur sournoise qui pointe dans ses vertèbres…. Pas encore le lumbago fatal, mais la menace est sérieuse…. Encore 100 km de voiture, un portage long et fatiguant sous le soleil du plomb, des contorsions douteuses pour se mettre à l’eau…..Allons-nous revivre cette plongée au Ressel, où avec 150 kg de matériel dans l’eau du Célé, il fallut renoncer, plié en deux par la douleur ?
Il n’est pas trop tard pour….. Renoncer ? Non ! S’adapter….. Barre à tribord toute en quittant l’aire d’autoroute cap sur BSA, tout proche et son Goul du pont à la mise à l’eau facile et au portage quasi inexistant…..
Bien nous en a pris. Sur Place, nous tombons sur Xavier Méniscus qui venait plonger avec sa compagne et l’initier aux délices du recycleur…. Discussion, échange et Xavier et Mireille se mettent à l’eau. Le lendemain, Xavier partait au Goul de la Tannerie franchir la barre des – 200 m et découvrir une nouvelle galerie entre – 206 et – 214 m…. Un autre monde !
la vidéo de la plongée
Quant à nous, hé bien la moitié du matériel resta dans la remorque et c’est en mode « light » que la plongée se déroula :
Joki et bi 8,5 + 2x 3 litres (50 bon kg sur la balance quand même) avec une 20 litres pour faire bonne mesure, pour Gilles
Triton avec 2x 3 litres et relais 6 et 7 litres pour moi.
Plonger léger d’accord mais avec un minimum quand même……
L’eau limpide de la vasque vira à l’émeraude dans la galerie, chargée en particules, mais fort appréciable néanmoins : en jouant sur les positions des phares, une ambiance de film d’aventure nous enveloppa…..
Moins 18 m nous voilà au bord du puits, attendant le début de la chute en apesanteur. Après une hésitation prétextée par quelque réajustement d’un flexible, nous nous élançons dans le tube minéral, ô combien plus beau que la faïence des Vagues.
Moins 30 m, la lumière danse sur le calcaire blanc, et dans le silence des recycleurs nous nous laissons happer par le fond. La corde servant de fil d’Ariane sonde vers le fond, la pression nous écrase gentiment, nous sommes bien….
Moins 45 m, la margelle n’est plus loin, Gilles y abandonne sa 20 litres, et un peu plus loin je dépose la caméra en la laissant tourner, on verra ce qu’elle captera….
Moins 50 m. Toujours le sourire. L’esprit est vif, pas encore englué par les molécules d’azote… Nous sommes à l’aise, et on s’autorise donc une petite glissade au-delà des pressions recommandées pour un diluant air….Attentifs et concentrés, nous stoppons la chute, et prenons le temps de contempler la roche pure, les reflets des lampes, dans le souffle ténu du Triton ou du Joki. Les minutes filent et s’étirent, et doucement nos neurones ralentissent, les synapses se verrouillent, la narcose bien dissimulée sort du bois….Cette sensation bien connue nous arrache un sourire, cela revient à danser au bord du vide, à flirter avec le Diable…..Encore une ou deux respirations, à sonder les ténèbres sous nos palmes, puis il faut faire le plus difficile, s’arracher au sortilège ou au rêve, on ne sait plus trop bien…..
Un peu d’hélium pour revenir, oui c’est ça……
L’eau devient dure sous les palmes, l’ordinateur décompte la profondeur à rebours, et les paliers dans l’autre sens. Les boucles, les wings et les vêtements se purgent, libérant des bulles qui grondent en filant vers une surface qu’elles ne trouveront jamais.
Nous si.
En haut du puits, le fil d’Ariane nous guide sans hésitation vers le soleil. L’étroiture franchie, il reste un dernier verrou à ouvrir, un dernier palier vers – 6 m pour purger le corps du gaz reçu en cadeau des profondeurs. Le froid s’annonce, qu’importe, dans quelques minutes l’écran affichera « deco clear », signal pour émerger doucement dans la vasque du Goul du Pont.
L’enchantement est terminé, déjà nous ressentons la chaleur, la pesanteur des blocs, le bruit du monde terrestre. Cette plongée était douce…….Et les prochaines seront salées, dans le bleu immense de la Mare Nostrum…..