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22 mars 2020 7 22 /03 /mars /2020 17:32

Désobstruction au Petit Goul – Samedi 29 février 2020

sauf mention contraire les images sont de l'auteur.

Sous l’égide du comité départemental Drôme/Ardèche de la FFESSM et de sa commission plongée souterraine, le club de plongée du Val de Tourne, du nom des résurgences de Bourg-Saint-Andéol, organisait cette année sur un week end une opération de sécurisation et d’entretien (notamment de désobstruction) des zones étroites et encombrées de galets dans ces deux sources :

  • Près de l’entrée, à -12m pour le Goul du pont,

  • A 120 m de l’entrée, à -10m, pour le Goul de la Tannerie.

Travaux d'Hercule à la Tannerie

Ces deux résurgences sont devenues des sites de référence pour la formation des plongeurs souterrains de la région avec de très nombreux stages, indépendamment des pointes de niveau mondial qui se pratiquent dans ces sources dont l’exploration continue, chacune dépassant largement le km de longueur à plus de 200m de profondeur, sans pour l’instant se rejoindre.

un peu de matériel pour préparer cette plongée

un peu de matériel pour préparer cette plongée

C’est en mai 2002 que Xavier Meniscus avec l’aide de sa société de travaux sous-marins O’Can et de l’association Les Fils d’Ariane débutèrent la désobstruction du Grand Goul.

le chantier général

le chantier général

Le relais fut par la suite pris par des membres de la commission régionale de plongée souterraine en regroupant les bonnes volontés pour participer à des chantiers quasi annuels destinés à encore améliorer la sécurité et la praticabilité de ces deux résurgences.

D’après mes tablettes (carnets de plongée et comptes rendus de sortie) nous y avons participé 8 fois dont la moitié avec le comité RABA :

Travaux d'Hercule à la Tannerie

Les gouls sont le lieu de mon initiation à la plongée souterraine par Henri Benedittini, fin 1983. Le baptême se fit au petit goul le 14 décembre 1983, car le grand était considérablement obstrué et demandait beaucoup de temps de préparation pour déblayer un passage et pouvoir passer….en décapelé.

C’est ce que nous avons pu faire le 1er octobre 1984, profitant de l’agrandissement momentané de l’étroiture probablement dû à une crue et découvrir émerveillés cette source, jusqu’à -60m (à l’époque, les progressions étaient rapides…).

Nous y sommes retournés 1 mois ½ après pour tenter d’agrandir le passage en vue d’une plongée plus profonde avec plus d’équipements, mais le trou s’était trop rebouché et on n’a pas pu passer. De même que l’année suivante en 1985 où 2 plongées de près d’une heure chacune ne suffirent pas à repousser dans la galerie une quantité suffisante pour arriver à se faufiler entre la roche et le talus pentu de galets.

la vidéo du chantier

Il faudra attendre 2002, soit 17 ans plus tard, pour pouvoir y retourner, une fois que l’équipe des Fils d’Ariane ait fait le passage, ce qui me permit le 29 juillet de faire ma première -100 (-101).

Les opérations successives annuelles contribuèrent à faire de cette résurgence l’une des plus prisées de France, ainsi qu’un terrain de formation et d’initiation de mieux en mieux sécurisé. En témoigne celle que nous avons organisée pour l’ASSP le 7 juin l’an dernier sous l’autorité de Philippe.

http://asspplongee.over-blog.com/2019/06/sous-terre.html

 

 

Mais cette fois-ci, nos efforts se sont portés sur le Petit Goul.

Le Grand Goul avait fait l’objet d’un aménagement avec une potence pour sortir les cailloux et il y avait suffisamment de monde pour les rotations.

Potence Grand Goul avec Michel Comte et Daniel Meynol

Potence Grand Goul avec Michel Comte et Daniel Meynol

C’est donc avec Olivier Brugière, jeune plongeur spéléo de Ternay et coéquipier pour la circonstance que nous partons nous immerger jusqu’au canyon du petit goul pour agrandir le passage étroit horizontal qui existe à cet endroit au milieu de cailloux,plus petits que dans l’étroiture de la source voisine.

Olivier en Bi 12

Olivier en Bi 12

J’ai prévu la fameuse caisse de 100L, mon bi 9 dorsal et deux 18 L pour durer à -10m et faire les gonflages du sac de 100L. Deux seaux, une pelle US, des mousquetons et un petit bidon vide de chaux de 5L pour équilibrer la caisse avec son petit matériel dedans complètent le tout.

organisation et rigueur pour gérer tout ça !

organisation et rigueur pour gérer tout ça !

le matériel au départ

le matériel au départ

Le voyage dans la zone assez basse de plafond jusqu’au canyon s’avéra assez lente et laborieuse, notamment à cause d’un faible courant que nous avons cependant bien mesuré sur le retour, pour ne plus avoir à lutter contre.

Il y a de la place pour travailler devant l,’étroiture et le chantier se mit rapidement en place. Olivier et moi remplissions chacun de notre côté la caisse avec nos seaux, en essayant d’en puiser le maximum dans la zone de passage étroite.

la caisse dans la zone étroite de la chicane

la caisse dans la zone étroite de la chicane

dans la chicane

dans la chicane

Une fois la caisse pleine à ras bord, il restait à gonfler le sac de 100L qui, par d’heureuses circonstances, s’avère être juste de la bonne capacité une fois complètement plein pour décoller la caisse. Il suffisait d’ajuster le remplissage de la caisse pour rendre l’ensemble neutre et ainsi facilement le déplacer à la palme 4 ou 5 m plus loin vers l’entrée du canyon, en direction de la sortie.

l'étroiture avant le déblai

l'étroiture avant le déblai

la caisse en haut du canyon

la caisse en haut du canyon

Une purge rapide du sac redéposait la caisse au sol et survenait ensuite phase la plus physique pour arriver, à deux, à renverser la caisse sur la côté et la vider. Un sac de 100 L plein signifie 100Kg de poids apparent, ce qui n’est pas rien à manipuler dans l’eau sans beaucoup d’appuis stables. Heureusement, la relative étroitesse du canyon à l’endroit du déversement (1,5 à 2 m de large) permettait de prendre appui avec une palme sur une paroi et de pousser comme un sourd pour soulever un côté, puis retourner le colis. Cela consomme un peu d’air, mais on y arrive et je me suis félicité après coup, avant d’y avoir auparavant sérieusement songé pour gagner en autonomie, de ne pas avoir pris mon recycleur, appareil peu adapté pour les efforts violents.

entrée du canyon - zone de dépose des cailloux transportés

entrée du canyon - zone de dépose des cailloux transportés

Le canyon se prolonge sur la gauche de l'étroiture (en avançant)

Le canyon se prolonge sur la gauche de l'étroiture (en avançant)

Très bien coordonné avec mon collègue, notre activisme subaquatique nous permit en 2 heures de faire 6 rotations et ainsi trimbaler près d’une tonne de galets et de sable, si on considère une densité d’environ 1,5 pour des cailloux en calcaire.

Fond du canyon avec seconde étroiture en pleine roche sans galets

Fond du canyon avec seconde étroiture en pleine roche sans galets

l'étroiture est assez large - 3m -

l'étroiture est assez large - 3m -

A mi-plongée, nous avons été rejoints par un collègue du Vaucluse (Jean Lapeyrere, président du Comité départemental de plongée spéleo FFESSM du Vaucluse) qui encadre beaucoup de stages dans ces deux sources et était très concerné par l’amélioration du passage de cette étroiture, car elle représente un frein sérieux pour emmener au-delà des plongeurs en perfectionnement et peu aguerris à ce type de difficulté.

une des zones de dépose des galets oar l'aquipe du Vaucluse, après l'étroituree

une des zones de dépose des galets oar l'aquipe du Vaucluse, après l'étroituree

galets repoussés après l'étroiture par l'équipe du Vaucluse

galets repoussés après l'étroiture par l'équipe du Vaucluse

Il avait prévu de compléter notre action par un travail symétrique en déblayant des cailloux en direction du fond de la résurgence et en les déposant avec un seau une dizaine de mètres plus loin derrière un ressaut rocheux qui devrait pouvoir les bloquer lors des futures grosses crues.

vue d'ensemble du passage après la désob du samedi

vue d'ensemble du passage après la désob du samedi

passage de l'étroiture au retour en bi 12 par Olivier

passage de l'étroiture au retour en bi 12 par Olivier

Au bout de nos 6 voyages, les 18 L étaient sèches, mon bi 9 bien entamé et quelques crampes de déshydratation commençant à se pointer derrière les cuisses et dans les mains, il fallut rentrer prestement sans avoir le temps de tout ranger, puis de tout ramener par la zone sinueuse et basse de plafond jusqu’à la sortie. Cela nous vaudra un bonus l’après-midi pour rechercher tout le matériel avec une plongée de 36mn, après nous être faits regonfler les blocs par le compresseur de la commission, servi par son président lui-même (Daniel Meynol).

l'étroiture après le déblai du samedi

l'étroiture après le déblai du samedi

le matériel à remonter l'après midi

le matériel à remonter l'après midi

le retour

le retour

Renforcé par qui fut également déblayé le lendemain par l’équipe du Vaucluse, de l’avis de chacun le samedi, la physionomie de l’étroiture avait déjà singulièrement évolué, la rendant plus sympathique, même pour des scaphandres importants. Olivier la passa très facilement avec son bi 12.

fin de plongée

fin de plongée

l'étroiture dimanche avec de l'eau plus claire

l'étroiture dimanche avec de l'eau plus claire

Un bon repas le soir à l’hôtel-restaurant « Au Robinson », base arrière des stages à Bourg-Saint-Andéol, avec tous les collègues qui restaient également le lendemain, permis de sceller le bon travail réalisé sur les 2 résurgences dans la journée et renforcer de fructueux contacts entre les uns et les autres.

l'équipe duu vaucluse le lendemain dimanche

l'équipe duu vaucluse le lendemain dimanche

Rentré tard à Lyon, matos humide étalé sur le balcon encore plus tard et dodo vers 2 heures du matin, le physique légèrement entamé, mais le moral au beau fixe.

Rappel à l’ordre des douleurs aux épaules le lendemain, mais on n’a rien sans rien !

Stéphane d’astreinte ce WE s’étant sacrifié pour sauver la veuve et l’orphelin jura à qui voulait l’entendre qu’il serait présent pour la prochaine édition.

tas de caillous extrait du goul du Pont  photo Michel Comte

tas de caillous extrait du goul du Pont photo Michel Comte

J’ai même vendu aux gentils organisateurs (Miche Conte and Co) cette hypothèse en promettant d’encore améliorer « la manœuvre de la caisse » avec 3 plongeurs et un peu de nitrox, afin qu’un jour cette étroiture finisse par ne plus être, pour les jeunes plongeurs, qu’une vieille histoire que se raconteront les anciens.

profil OSTC: chaque pic = un voyage

profil OSTC: chaque pic = un voyage

Pour les archivistes, les CR des désob’ précédentes, toutes pour le Grand Goul, sont la plupart sur le blog, aux dates suivantes :

  • 26 novembre 2004 (le blog n’existait pas encore et Internet commençait juste à se développer en France),

  • 10 mars 2009

  • 17 mars 2012   http://asspplongee.over-blog.com/article-operation-grand-goul-102035754.html

  • 3 mars 2013   http://asspplongee.over-blog.com/article-les-pousseurs-de-cailloux-115973447.html

Gilles

Travaux d'Hercule à la Tannerie
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