Compte rendu de la sortie à la source du Groin du 19 mai 2020
les photos signées GF sont de Gilles Froment.
les photos signées S²i sont de Stéphane Simonet.
les photos signées P. sont extraites des vidéos de la Paralenz
Participants: Gilles Froment & Stéphane Simonet
ça n'a pas pu vous échapper, une pandémie a causé le confinement de toute la planète. Venu de l'empire du milieu, soit disant transmis par des chiroptères, symboles du héros masqué de Bob Kane puis par un pangolin, pauvres bestioles accusées de tous les maux, ce virus Covid affublé du n°19 a mis le monde à l'arrêt, activités subaquatiques comprises. Il a fallu attendre, retranché derrière nos écrans la levée du tour d'écrou. Sitôt le 11 mai affiché sur l'éphéméride, une première date de plongée fut prise, aussitôt annulée pour cause de météo capricieuse. Enfin, ce 19 mai, l'ASSP rechaussait les palmes....
Liberté !
Oui, enfin à 100 km à vol de chauve-souris évoquée plus haut, lacs et rivières exclus pour le moment. Liberté surveillée donc, mais qui nous a permis d'aller retrouver la Source du Groin, que l'on n'avait plus fréquentée depuis le 18 septembre 2017 !
http://asspplongee.over-blog.com/2017/10/sous-les-eaux-mouvantes.html
Matériel hyper préparé et immersion super planifiée vous vous en doutez, nous arrivons vers 10h du matin dans le hameau buccolique de Don, pensant trouver la source quasi à l'étiage, comme le site Hydroreel http://www.rdbrmc.com/hydroreel2/station.php?codestation=869 surveillant le cours d'eau pouvait le laisser penser....
Et bien, non ! En jeune fille capricieuse, la source s'étalait à moitié du déversoir, promesse de 3 bons bars de pression absolue au point bas.... on avait prévu des cordes, des luges, des poulies pour entrependre quelques mouflages dignes du GRIMP, tout ce matériel restera dans la remorque, ce sera plus facile que prévu...
On en profite quand même pour planter un spit judicieusement placé pour hisser nos charges la prochaine fois, quand la source jouera les timides quelques mètres plus bas.
Ensuite ça va relativement vite, les recycleurs et les relais arrivent au sommet du déversoir ou dans l'eau:
- pour Gilles, recycleur Joki, avec 1 relais de 9 litres, un de 12 litres, et la plaque dorsale supportant 2 blocs de 3 litres, air et oxygène
- pour moi, bi dorsal 7,5 litres, relais nitrox 32 de 10 litres et bien évidemment le Triton.
Collation rapide, saut dans les étanches et vite à l'eau parce qu'il commence à faire chaud. L'eau est à 10° C, elle permet de s'équiper sans rotir dans les combinaisons.
une courte vidéo du début de la plongée, malgré la faible visibilité
Equipement relativement simple, pour une fois toute roule sans trop de difficultés...
Je pars le premier pour filmer Gilles pendant sa descente, l'eau est verte comme une menthe à l'eau, de la couleur des yeux de la pin up ayant inspirée Mr Eddy. La lumière faiblit un peu, je me pose sur un lit de galets vers – 12 m. Devant moi le soleil se dilue dans l'émeraude, je cherche mon binôme qui ne vient pas....Si le voilà suivant la roche à main droite, le laser de la Graal Marine le précédant. On s'engage sous le porche, le vert disparait, et c'est la roche noire qui prend le relai, ça y est les ténèbres ont gagné, nous avons un plafond au-dessus de nos têtes.
Je savoure l'instant, tant attendu: calé dans le volume, respirant doucement dans la boucle, sous terre...
Vers -15 m, le fil d'Ariane s'est un peu détendu et Gilles remet un peu d'ordre dans la pelote, et nous repartons pour gagner la profondeur de – 20 m que nous ne quitterons plus. La visibilité est tout sauf bonne, environ 1 m 50 et la roche sombre recouverte de sédiments se dérobe au regard. Le Groin est un grand labyrinthe digne de celui du Minautore, nous progressons attentif à la cablette blanche posée par la CRPS, notre ticket pour le retour.
Vers 200 m nous négocions l'étroiture, je dois pousser le Triton devant moi, mon dorsal raclant la roche. Gilles m'attend de l'autre côté et nous atteignons la bifurcation où 2 galeries se séparent pour se rejoindre ensuite à 350 m. C'est intime, sombre et froid...Surtout pour mon binôme dont le vêtement soit disant étanche se remplit doucement. Vers 250 m, il abdique, d'autant qu'une des cellules du Revodream diverge de plus en plus. Il repart vers la sortie, tandis que je pousse encore de quelques coups de palmes, qui me mèneront un peu après 400 m.
Je m'arrête donc là, l'ordinateur indique 40 minutes de plongée, et zéro déco. Le recycleur fait parfaitement son boulot, c'est la reprise, je m'arrête là. Demi tour et retour zen sur la pointe des palmes pour profiter des scultures minérales que l'eau chargée me laisse entrevoir.
Après 1h 15 d'immersion je retrouve Gilles dans la vasque, émersion sous le soleil devant des randonneurs un peu surpris.
le profil de la plongée en bleu la température, en plan le profil, en vert la PPO2, en marron la PPN2. à l'air, soit une heure à - 20 m ou presque, les tables imposeraient 15 minutes de décompression. merci le recycleur !
On va revenir, cette source proche de la maison, à moins de 100 km, mérite qu'on y attarde pour aller un peu loin ou explorer tous ses mystères dans la zone du canyon...
En attendant bon déconfinement et reprise prudente de la plongée à tous !