Participants : Stéphane Simonet Alexandre Simonet Lara Meygret Pascal Meygret Gilles Froment Hervé Lichtfouse Didier Dravet Maryline Gueydon Edgar Royon Florence Royon Philippe Moya Patrick Clerc Jérôme Froment Thierry Mourice Arielle Cuzin
Accompagnants : Odile Meygret Françoise Lichtfouse Isabelle Froment Corinne Dravet
Sauf mention contraire, les images sont de Gilles Froment
Retour au camping des Rives de l’Agay pour la seconde fois, tant la dernière sortie avait séduit l’ASSP Plongée : un club sympa tout à côté, une navigation sur rivière au calme, des sites de plongées proches et colorés….Affrontant les vicissitudes administratives covidiennes, nous avons posé nos sacs dans la baie d’Agay, pour une pause appréciée au milieu de nos existences trépidantes. Bien sûr, il a fallu que la météo nous joue une mauvaise farce, mais on a l’habitude….D’autant qu’il y eu de belles surprises….
Sanction du réveil à 5h, englué dans un sommeil qui s’accroche un peu aux neurones… Mais bon décollage prévu à 6h avec Lara et Patrick. À l’heure dite le Scénic et sa remorque démarrent, il fait encore nuit et déjà la rocade se charge de véhicules divers… Plus loin sur l’autoroute un 38 tonnes me serre d’un peu trop près, s’épargnant un coup de frein au profit d’une petit montée d’adrénaline pour Patrick qui a cru un instant que ça passerait pas….
Pause café à Montélimar, avec récupération de notre Philippe sur l’aire d’autoroute. Et Dire que d’autres, arrivés la veille, profite déjà de la douceur du sud…
Bref vers 11h 30 tout le monde ou presque est là, les mobylhomes distribués et chacun se retrouve avec plaisir, sous le soleil… Repas vite avalé et aussitôt oublié, nous investissons Agaythonis en force avec 12 plongeurs. Distribution des blocs 12 ou 15 litres, dont 2 au nitrox 32 pour Maryline et Patrick qui plongeront suroxygénés tout les week end, attribution de stab et détendeur aux nécessiteux, briefing précis de Sandrine et Christine avec consignes de sécurité, emplacement du matériel de secours et enfin description du site : ce sera le cap Roux, dans la réserve Natura 2000.
Briefing sérieux et carré par Agathonis, avant la première plongée, l'ASSP est bon élève photo Isabelle Froment
Bonne nouvelle, parce qu’il fait beau et que c’est joli, le cap Roux. Et qu’on a intérêt d’en profiter, car demain la météo s’annonce capricieuse, ce qu’on a du mal à croire vu la tempête de ciel bleue qui règne à cet instant….
En navigant sur la rivière, il faut baisser l'échelle en passant sous le pont, le DP est à la manoeuvre...
On embarque tout le barda réglementaire à bord du semi-rigide, et après avoir fait chauffer le moteur sur l’Agay, on débouche dans la rade. Gaz ! et direction l’est sur la rose du compas, la mer est docile et même Arielle n’est pas malade, c’est pour vous dire…
On attrape la bouée qui balise le site, dernières recommandations du DP toujours inquiet (non Môssieur, vigilant !) et bloc sur le dos, relais de nitrox 70 en relais pour certains, c’est la bascule dans le bleu.
La tête de roche culmine à moins de 10 m, déjà quelques castagnoles tournent autour en sarabande, la roche plonge quasi verticale dans le bleu ou luisent en clair obscure des bancs d’athérines ou de sardines pas encore en boite. L’ordinateur accélère son décompte de profondeur pour s’arrêter vers – 28 m, terrain de chasse des dentis impatients, qui fondent comme des flèches vers les bancs de poissons, qui, s’ils ont échappé à la mise en conserve, finiront en partie dans l’estomac de ces prédateurs véloces.
le denti est un redoutable prédateur, son nom vient de "denté" = qui est pourvu de dents. il maraude de 0 à 200 m de profondeur. capture Paralenz
Le fond est envahi d’un réseau dense de Caulerpa Racemosa, qui a trouvé le moyen d’en chasser sa cousine la Taxifolia. Ça ne semble pas perturber les mérous qui lorgnent goguenard les dentis en maraude. Le cap Roux tient ses promesses, il y a des poissons partout, et nous évoluons le plus tranquillement du monde dans une eaux qui ne parvient pas à descendre sous la barre des 20°C.
notre photographe a rajouté sa bague macro pour tirer le portrait de cette hervia ou Cratena peregrina. Elle ne mesure que 3 cm et il faut prendre le temps de l'admirer car elle ne vit que 2 ou 3 mois. Elle se nourrit d'hydraires sans déclencher leurs cellules urticantes qu'elle stocke ensuite dans un cnidosac; elle se servira du venin pour se défendre en cas d'agression
Il n’en est que plus difficile de s’arracher des profondeurs, non sans un dernier regard à une belle murène posée sur un rocher, qui prend la fuite en dansant comme un serpent jusqu’à son repaire, caché sous le coralligène.
belle composition sur cette image, où se mêlent Phorbas tenacior bleue, peut être un Crambe orange et des Padina sp blanches.
Phorbas : du grec [Phorbās] = nom de divers personnages de la mythologie grecque (un Phorbas fut un petit fils d'un roi d'Argos, un autre Phorbas délivra les Rhodiens d'un dragon qui ravageait leur île.
Bilan des manos et des ordinateurs, on va trainer un peu dans la zone de paliers avant de sortir. Les castagnoles n’ont pas bougé, enrichies de quelques sars, girelles paons ou serrans tachés de bleu. En cherchant bien, on débusque même quelques nudibranches….
Émersion.
Décompression terminée pour Pascal, qui perce la surface avec le massif de l'Estérel en arrière plan
Les paramètres sont rapidement notés par notre pilote (toujours chantante, c’est appréciable) et nous rentrons au club. Matériel rincé et suspendu, nous regagnons les mobylhomes pour prendre la douche pendant que Christine et Sandrine regonflent les blocs. Je me demande ce que nous pourront faire demain, la météo incertaine annonçant un méchant coup de vent venu d’Italie. On verra bien.
Pour l’heure, en bon GO organisé, je rassemble ma troupe pour aller diner à l’auberge de la Rade, repas quasi les pieds dans le sable, face à la mer. Les planches de charcuteries arrivent, ce qui attire sans doute Jérôme qui nous rejoint à ce moment là. J’entends fuser des rires, réponses à des blagues où il est question de 6ème vertèbre, mais je suis trop loin pour en comprendre toutes les subtilités…
Pendant ce temps là, Alexandre arrive enfin à la gare de St Raphael Valescure, où un Uber de luxe, en voiture de sport allemande l’attend… il m’en parle encore !
Vers 22h30 nous rencontrons enfin nos oreillers respectifs, après une longue journée débutée aux aurores. Au large, la surface de la mer s’agite…
7h 30.
Il faut avaler rapidement son croissant et/ou sa tartine arrosé de café, car le club nous attend à 8h pour partir plonger ! Pas moyen de négocier un horaire plus précoce, les attardés du réveil devront faire un effort…
En mastiquant mon croissant je regarde le ciel déjà plombé et les branches qui se balancent, cette plongée matinale s’annonce sportive, si toutefois elle a lieu… Les patronnes me confirment que le temps s’est bien levé, et comme s’exprimerait un chevalier bien connu d’une série TV désormais culte « on en a gros !! »
Mais bon, on tente le coup quand même : ce sera l’Arche, au bout de l’île du Dramont. Consignes sont données à tous, pas de palier, retour impératif à la bouée et temps de plongée limité à 45 minutes. Arielle, un peu tendue, regrette déjà son jus d’orange…
À la sortie de la rade ça brasse un peu, le semi rigide cogne dans les vagues mais on a connu pire. Heureusement qu’en moins de 10 minutes nous sommes sur zone, on prend le mouillage et sous un ciel couleur d’ardoise on s’équipe… Non sans peine, car le bateau commence à ressembler un peu à un manège de Luna Park. Oublier son lestage et devoir reposer son bloc vire au calvaire, la bagarre face à une sangle récalcitrante se gagne de justesse… Je décide donc d’oublier volontairement mon relais de nitrox 70 pour aujourd’hui, vu la faible profondeur prévue et la sortie rock’n’roll possible si le vent venait à forcir…
On bascule, très rapidement on croise une palanquée de plongeurs « Iron Man » en combinaison rouge et or, sans doute des SAL sapeurs-pompiers en recyclage. On fait le tour de la première pyramide avant de revenir passer l’Arche, joliment décorée d’éponges. Peu de faune, je piste les bestioles sur le plateau de coralligène, Alex y débusque un tuba égaré et nous décidons le temps de plongée écoulé, de regagner la surface : au palier dit de principe, je vois la surface qui ondule….
Lara et Patrick n'ont pas volé leur PE 40 m, ici Lara en exercice de vidage de masque sous la supervision de son papa
un serran écriture ou Serranus scriba, qui doit son nom aux dessins sur se tête qui rappellent l'écriture arabe
les sphères vertes sur cette image sont des vésicules remplies d'air appartenant à une algue, Valonia aegagropyla
Ma cagoule perce le miroir liquide : du calme subaquatique je passe à l’agitation terrienne. Ça remue pas mal, un bateau de plongée attend la place pour larguer d’autres hominidés palmés, et tout autour les vecteurs nautiques se marchent presque dessus…Le gris d’ardoise du ciel s’est obscurci, le ventilateur est passé à la vitesse supérieure. Tout le monde regagne le bord, on attache les scaphandres avec soin, et c’est parti ! La houle déroule, les vagues divaguent, l’hélice cavite de temps en temps et le vent ventile les embruns jusqu’à nos faces cagoulées et masquées. Pas un temps à mettre un plongeur dehors, mais il faut bien rentrer, face au courant d’air qui fonce vers St Tropez.
À bord on se crispe un peu, on essaie d’anticiper la prochaine bosse liquide, et Arielle s’accroche, comme Susan, désespérément à la console, point pivot du pneumatique où ça bouge le moins…. Heureusement que nous ne sommes pas bien loin !
Arrivé au quai, on décharge notre barda, et les filles m’annoncent que le vent devant encore se renforcer, pas de plongée cette après-midi ! Et d’ailleurs le groupe qui devait prendre notre place à bord pour aller plonger restera au sec…
puisqu'on a du temps devant nous, on en profite pour faire la photo traditionnelle prise de vue Agathonis
Du coup on prend notre temps, douche réparatrice, repas qui baigne lui aussi dans la sauce, et sieste pour tout le monde ! Didier qui vient d’arriver, dernier acteur du week end, est déçu et je le comprends, il ne fera qu’une plongée, demain matin si la météo est d’accord…
Randonnée dans le massif, ballade en bord de mer, shopping, natation, lecture : chacun trouve le moyen de faire défiler le temps de cette après midi où finalement le vent tombera plus tôt que prévu… Sacré Eole, toujours prêt à nous jouer une bonne farce !
Les pâtes aux rougets du soir comblent les estomacs vidés par l’effort de l’après-midi (ou pas, selon l’activité entreprise) et l’ambiance reste au beau fixe, à l’inverse du baromètre. Demain matin grasse matinée car les filles nous donnent RDV à 10h…. Du coup on traine un peu au restaurant…
Et le lendemain, nous sommes tous en avance, à attendre le retour de l’autre club, parti avant nous à 8 h00. Ils arrivent enfin, et prennent un peu leur temps pour vider le bateau de leurs affaires…Certains, qui pourraient tenir le rôle d’Agecanonix dans la BD de l’irréductible petit gaulois, sont à la peine pour passer du semi-rigide au quai, le bloc en travers et la ceinture de plomb pendante… J’ai une réminiscence du bon vieux temps où, moniteur de jour à l’INPP ( Institut Nationale de Plongée Professionnelle ), j’aurais fait accélérer la cadence à mes ouailles d’une voix de ténor en pleine Traviata, en leur expliquant que la douche est remplacée par un coup de sifflet bref, et qu’ils ont intérêt de se sortir les doigts d’un endroit que la décence m’interdit absolument d’évoquer ici…
Mais bon, je me calme, ce ne sont pas pompiers en stage, ils sont comme nous, en vacances….Restons Zen….
On finit par tous s’entasser sur le bateau où tout finit par trouver sa place… Comme quoi…
une Axinella polypoïde, dotée d'un véritable pouvoir de régénération grâce à des cellules dissociées capables de donner un nouvel individu.. Accrochée derrière, une comatule
un oursin Sphaerechinus granularis ou oursin émoussé...avez vous remarqué le coquillage, peut être un Cerithium scabridum qui s'y promène dessus ?
Un reste de houle nous accueille mais le trajet jusqu’au Sec des suisses est rapide et sans encombre. La roche principale culmine à – 3 m et dégringole jusque vers – 28 m. une fois on là on peut aller chercher une autre roche remontant à – 10 m : nous en ferons le tour paroi à main gauche, ce qui nous amènera dans la zone des 40 m. Une troisième pointe culminant à – 30 apparait alors, mais Patrick qui guide la palanquée décide avec sagesse de ne pas s’aventurer plus loin, anticipant le retour. C’est alors qu’il me fait un grand signe, m’indiquant qu’un truc se passe dans mon dos : j’ai juste le temps de me retourner pour voir passer un trait d’argent, un thon énorme filant dans le bleu.
Sur le film de la Paralenz, on devine une forme effilée mais rien d’autre…. De toute façon, ma carte SD a « bugué » comme on dit, mes images seront inexploitables…… Boire et déboires de la vie de vidéaste sous-marin….
Mais heureusement tout le monde ou presque a pu voir ce thon qui j’espère ne finira pas chez « Petit navire » ou Saupiquet… La décompression s’effectuera au milieu des castagnoles, sous nitrox 32 ou 70 pour certains.
cet autre sorte de sars, un Diplodus sargus semble en apesanteur, figé par la photo. au dessus une girelle paon
coup de maitre du photographe pour immortaliser cette girelle, dont le nom signifie virevolter en provençal
Et ça en est déjà fini de notre pause subaquatique, il faut penser au retour, faire les sacs, et reprendre la route pour 400 km….. Évidemment certains que je ne nommerai pas mais qui se reconnaitront pousseront encore le bouchon un peu plus loin, nous narguant devant un verre de rosé sur le port de Cassis…
Merci à tous pour cet excellent Week-end, amputé certes d’une plongée, mais qui nous a réuni pour partager notre passion commune. Merci à Sandrine et Christine pour l’accueil et l’organisation, nous reviendrons c’est certain, n’en doutons pas…