Compte rendu de sortie en plongée souterraine, 11 avril 2011 : retour au Peyraou
Participants : Philippe Moya, Stéphane Simonet
l'entrée du Peyraou, en bas de l'éboulis de galets.
Toutes les photos sont de Philippe Moya.
Souvenez-vous :
11 novembre 2010, Peyraou de Chadouillet
« Gilles et moi sommes équipés « à l’anglaise », c'est-à-dire avec les blocs sur les flancs, afin d’être le moins volumineux possible pour passer les étroitures. Sylvain opte lui pour une configuration plus classique : bi 9 en dorsal, et s’engage donc le premier dans la galerie.
C’est très joli, mais aussi très bas de plafond et rapidement ça bloque. Sylvain s’apprête à décapeler pour pousser ses blocs devant lui mais la touille se lève, et nous sommes 3 à progresser dans ce conduit : cela ne nous paraît pas être le bon chemin et nous faisons demi-tour…. »
Notre sortie ce jour là se terminera dans la branche profonde, par une immersion à – 40 m dans des méandres bleutés et des paliers dans une mare de café noir, suspendus à la course du chronomètre.
Mais pourtant derrière le verrou minéral du premier siphon de la branche dite Bertrand Léger, se cache parait il merveilles et trésors souterrains….Qu’il nous fallait bien découvrir !
Derrière les passages étroits se cachent une beauté minérale
C’est donc accompagné par un plongeur spéléo initié aux reptations douteuses dans les laminoirs noyés ( Philippe ) que je reviens au hameau de Chadouillet. Sylvain et Gilles étant indisponibles pour cette sortie, je me devais donc de rapporter récit, photos et film de cette explo.
Phare 100 w et APN en plus du reste du matériel
Ainsi donc, après une collation légère ( faut rester mince pour passer les étroitures ) et le portage du matériel, nous revêtons les néoprènes sous un soleil ardéchois ardent.
L’éboulis de galets est toujours là et prudents nous établissons une corde qui servira de main courante pour remonter ce « tapis déroulant ».
L’eau est un peu plus haute que la dernière fois, et nous arrivons vite au départ de la branche « BL ».
En théorie c'est facile, il suffit de suivre le fil....
Nous avons opté tous les 2 pour une configuration latérale des bouteilles ( dite à l’anglaise ou « Sidemount » pour briller en société ) pour évoluer plus facilement dans cet environnement bas de plafond. Mais d’après Philippe, ça passe en bi 2x 10 litres en dorsal, à condition de passer au bon endroit…
Le portage "à l'anglaise" simplifie l'évolution dans les galeries étroites
En effet, le fil d’Ariane en place s’accroche là ou il peut dans ce laminoir, et ne passe pas forcément au plus large. Il aurait même tendance à se complaire au plus étroit, histoire de rendre la progression plus intéressante…
Cette lame rocheuse permet d'amarrer le fil.
Philippe, appareil photo en main, ouvre la voie : bien calibrés dans nos harnais à l’anglaise nous passons l’étroiture du siphon 1 sans soucis particulier par rapport à la première fois. Le S1 s’ouvre à nous, les flashs crépitent et mon appareil en mode vidéo ronronne…..
Une roche claire et de l'eau transparente, paradis du plongeur spéléo
Et c’est beau.
le phare de 100 w en pleine action.
L’eau est très claire, la visibilité excellente et la roche très découpée offre des paysages variés et somptueux. Après 80 m de palmage, une surface se reflète sur le sol : nous émergeons du siphon…
Une surface se devine, tel un miroir improbable....
Pour replonger aussitôt dans le S2, plus torturé, un peu plus spacieux et un peu plus profond aussi puisque la profondeur vertigineuse de – 4 m s’affichera sur mes instruments.
En route vers l'inconnu, en plongée sur un fil....
Ombre et lumière, lames rocheuses et traces d’érosion se succèderont encore sur un peu moins de 100 m avant d’émerger à nouveau à l’air libre.
Une lame minérale en travers du siphon
Je suis sur mes quarts et nous décidons de rentrer tranquillement, en profitant du spectacle. Le sable soulevé à l’aller s’est vite redéposé, et la visibilité bien qu’altérée n’en reste pas moins très correcte.
Changement de détendeur, pour répartir la consommation sur chaque bloc.
Devant nous, les ténèbres...
C’est une galerie intime mais paisible, ou l’œil s’accroche partout à un spectacle imprévu, une lame de roche effilée, une paroi transpercée d’un hublot improbable, une règle de quartz au sol, un profil chaotique sublimé par la lumière du 100 watts.
Un vrai décor de film d'aventure !
Mystère de l'érosion
Ombres et lumière au Peyraou
Il faudra revenir les mains vides pour profiter du spectacle, sans film ni images à rapporter…. Une prochaine plongée d’égoïste…..
Emersion dans une partie aérienne.
Et puis nous repassons l’étroiture du début, non sans frotter un peu, juste pour le jeu.
Piscine minérale.
Entre 2 siphons..
Retour à l’entrée de la source au bas de l’éboulis, pour retrouver le soleil et un joli ciel tout bleu.
Clair obscure sous la terre.
Une belle plongée toute tranquille dans une artériole karstique, oû on réalise que le plaisir ne se prend pas forcément à des profondeurs abyssales….
Proche de la sortie...
Et pour vous faire partager un peu notre ballade, voici quelques moments volés au siphon:
"On peut avoir des préférences, et il existe mille et une manière de partir à l'aventure; Mais il n'y a qu'une grande aventure qui, quand elle vous tient, vous emmène partout avec la même fascination"
Jean-Loup Chrétien, premier français dans l'espace.